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15 octobre 2016 : une seconde commémoration sans les restes de Thomas Sankara

dimanche 16 octobre 2016


A l’occasion de la commémoration du 29e anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses compagnons le 15 octobre 1987, le Collectif des partis et formations politiques, des Organisations de la société civile (OSC) et des Sympathisants du mouvement sankariste ont organisé une cérémonie de recueillement le samedi 15 octobre 2016 à l’entrée du cimetière de Dagnöen. Les organisateurs ont appelé à une mobilisation en vue d’une réhabilitation pleine et entière, d’un hommage national et d’une organisation de funérailles nationales pour Thomas Sankara et ses compagnons tombés le15 octobre 1987.

Thomas Sankara. 29 ans après sa mort, le nom de ce président qui a dirigé le Burkina Faso durant quatre années soit de 1983 à 1987, raisonne toujours dans le cœur de nombreux panafricanistes. Et 29 ans après son assassinat, ses héritiers gardent toujours l’espoir que justice sera rendue comme l’a confirmé le représentant du collectif des organisateurs de la cérémonie de commémoration, Alphonse Marie Ouédraogo. Ils sont une cinquantaine à avoir fait le déplacement au cimetière de Dagnöen pour rendre un hommage à leur héros le président Thomas Sakara. Si depuis le 2 octobre 2016, un projet de réalisation d’un mémorial Thomas Sankara a été lancé officiellement, et pour lequel l’État burkinabè à travers le ministère de la Culture, semble marquer un intérêt particulier selon les mots du représentant ; « l’arbre du mémorial ne doit pas cacher la forêt de la justice non encore rendue » a-t-il rappelé. En organisant la présente cérémonie, les organisateurs se projettent déjà sur 2017 si on en croit Alphonse Marie Ouédraogo qui a déclaré vouloir baptiser ladite année « année Thomas Sankara ». Elle sera l’année de l’espoir pour voir enfin réaliser les principales aspirations des sankaristes à savoir : d’abord la justice rendue à Thomas Sankara et ses camarades, ensuite la reconnaissance et les hommages de la nation rendus au père de la révolution lors d’une sépulture digne du héros de la nation, enfin la réconciliation de tous les fils et filles du Burkina Faso et avec l’histoire pour la paix et le bonheur.

Hommage au héros de la nation

Thomas Sankara n’est plus ; cependant il est toujours vivant dans le cœur de ses héritiers. Et depuis son assassinat, ces derniers n’ont jamais cessé de lutter pour que justice lui soit rendue. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’ils se sont retrouvés devant le cimetière de Dagnöen pour lui rendre un énième hommage. Alphonse Marie Ouédraogo estime à cet effet que la cérémonie du 15 octobre 2016, se veut être le point de départ d’une quête, d’un mouvement, d’une mobilisation en vue d’une réhabilitation pleine et entière, d’un hommage national et pour l’organisation de funérailles nationales pour le charismatique président et ses compagnons. Il déclare à cet effet : « Notre engagement, notre mobilisation à compter de ce jour doivent tendre vers la réalisation de ces aspirations qui sont désormais pour tous les dignes héritiers du président Thomas Sankara des objectifs majeurs ».

Une commémoration pas comme les autres

Si les années précédentes, la commémoration a été faite à l’intérieur du cimetière où une gerbe a toujours été déposée sur la tombe de celui qui est considéré comme un héros national, la commémoration de ce 29e anniversaire a été différente. En effet, c’est devant le cimetière que la cérémonie s’est déroulée. La raison est tout simple, la tombe du président Thomas Sankara et celles de ses camarades d’infortune ont été ouvertes le 25 mai 2015 et leurs restes emportés pour les besoins de l’enquête a relevé le représentant du collectif. Étant donné que lesdites tombes de ces héros sont vides, les organisateurs ont préféré commémorer ce 15 octobre 2016 devant le cimetière et non devant des tombes vides. Mais en attendant que la justice se prononce sur la suite à donner au dossier, des interrogations demeurent du côté des héritiers. « Les restes des héros nationaux doivent-ils revenir dans ce cimetière ou pas ? », « La tombe du président Thomas Sankara doit-elle être reconstruite ici ou ailleurs ? », « Faut-il alors conclure qu’aucun agenda d’un éventuel retour des restes dans ce cimetière n’est envisagé ? » ce sont autant d’interrogations qui sont restées sans réponse.

En outre, les organisateurs regrettent que la protection et la surveillance dont le cimetière a fait l’objet les jours précédent l’exhumation ne sont plus de mise aujourd’hui. Pire, les emplacements des tombes ouvertes ne semblent pas avoir fait l’objet de scellés ou de toute autre de mesure de sauvegarde en prévision d’un éventuel retour des restes.

Thierry KABORE
TOUTE INFO, Quotidien burkinabè en ligne