Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 2

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 4

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 6

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 8

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 10

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 12

Warning: Undefined array key "page" in /home/touteik/www/spip.php on line 14
Toute Info : Le journal populaire
Accueil > Menu 2 > Politique > Les confidences de Amina Bila : vers une prolongation de la transition au (...)

Les confidences de Amina Bila : vers une prolongation de la transition au Burkina ?

lundi 29 juin 2015


En début juin, la ministre déléguée chargée du budget a été interpellée sur certains sujets brulants de la transition lors d’une rencontre des cadres musulmans à laquelle elle était invitée par le Cercle d’étude, de recherche et de formation islamique (CERFI). Droite dans ses bottes, Amina Bila a défendu l’action des autorités de la transition, faisant parfois des révélations sur la situation économique difficile dans laquelle la transition est plongée et l’équation de la présidentielle du 11 octobre 2015.

La rencontre des cadres musulmans le 7 juin 2015 a donné l’occasion à la ministre déléguée chargée du budget d’aborder plusieurs questions d’intérêt public. Le débat politique s’y est également invité. Jusque là, le gouvernement de transition n’a pas fait les réformes attendues pour répondre aux aspirations des insurgés. S’est inquiété un participant qui a demandé les raisons de ce manque véritable de réformes. En réponse, Amina Bila a d’abord confié qu’il y avait « un trou dans le trésor de 230 milliards » que la transition a hérité. Dans ces 230 milliards, explique-t-elle, il y avait le paiement de la dette intérieure pour permettre aux opérateurs économiques de reprendre leur travail. En plus, poursuit-elle, toute l’administration était au ralenti depuis juillet 2014. Ce qui a causé des difficultés pour trouver de l’argent afin de répondre à la demande sociale. Ce qui fait dire à la ministre déléguée en charge du budget qu’au fond, on demande véritablement aux autorités de la transition de résoudre des problèmes structurels en une seule année : « on ne peut pas faire plus que ce qu’on est entrain de faire. » Avoue-t-elle, en assurant que le gouvernement entreprendra dans les prochains jours des réformes sur la gestion des finances publiques. Selon elle en effet, si les tenants de l’ancien régime ne rendaient pas compte de leur gestion, le gouvernement de transition, lui, a déjà internalisé un code de transparence dont la mise en œuvre reste à faire et une approche axée sur les résultats servira à demander des comptes à ceux qui auront à gérer des deniers publics à l’heure du bilan. Cela permettra à l’en croire à assainir la gestion de la chose publique. A ce sujet, une réforme est attendue à la table du Conseil national de la transition (CNT) dans moins d’un mois selon Amina Bila (avant le 7 juillet : ndlr).

Présidentielle 2015 : il est normal que ceux qui ont ôté la vie ne puissent pas être candidats

Amina Bila a défendu le code électoral qui prévoit que ceux qui ont soutenu la modification de l’article 37 de la constitution jusqu’à l’insurrection sont inéligibles. Pour rejeter le caractère exclusif du code électoral, elle a pris son propre cas : en tant que ministre de la transition, « je ne suis pas présidentiable. Mais quel crime ai-je commis ? Est-ce que cela vous choque que je ne sois pas présidentiable ? » A demandé Amina Bila à un participant qui a soulevé la problématique des élections qui se profilent avec la polémique sur le code électoral. Pour elle, s’il n’est pas choquant de dire que les membres du gouvernement ne sont pas candidats aux prochaines élections, il ne devrait surtout pas être choquant d’exclure des gens qui ont engendré la colère du peuple : « en quoi ça va nous choquer que ceux qui ont été à la base de l’insurrection qui a ôté la vie à nos enfants, à nos parents ne puissent pas être candidats ? » A conclu Amina Bila, visiblement remontée.

Des ingrédients pour une prolongation de la transition

Jusque là, le Conseil national de la transition (CNT) n’a pas posé le débat d’une probable amnistie qui pourrait être accordée aux membres de la transition pour parer à toute éventualité. Encore moins le gouvernement, principal intéressé. Cette inquiétude a été partagée par un autre participant qui a pris l’exemple sur plusieurs pays où le régime politique a été bouleversé. Ce dernier explique que l’absence de loi protégeant les membres du gouvernement comme garantie de sécurité après la transition peut être source de tentative de jouer les prolongations malgré les promesses de respecter l’échéance du 11 octobre 2015, date des élections présidentielles et législatives. Ce que Amina Bila n’a pas forcément nié.

Au contraire, s’appuyant sur le raisonnement d’un participant, elle est allée plus loin pour analyser deux scénarios qui adviendraient à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015. Dans la première hypothèse, le (la) futur (e) président (e) du Faso peut être élu (e) au premier tour. Dans la seconde hypothèse, il (elle) ne peut être élu (e) qu’au second tour. Sur ces deux situations, la ministre déléguée au budget a d’emblée révélé qu’au niveau du gouvernement, « la moyenne des ministres souhaiterait que ce soit au premier tour que le président du Faso est élu ». Mais, s’est-elle empressée d’ajouter, mais « ce scénario ne marchera pas. On n’aura pas un président au premier tour. » La raison ? Selon Amina Bila, tous les moyens sont mis en place pour qu’il y ait équité, égalité des candidats pour que les deniers publics ne soient pas utilisés au profit d’un parti X ou Y.

Dans le cas effectivement où le président du Faso n’est pas élu au premier tour, la transition n’échappera pas à une éventuelle prolongation. Cette situation pourrait s’aggraver en cas de contestation des résultats, ne serait-ce que par voie judiciaire, qui impliquerait que le conseil constitutionnel statue sur les plaintes.

Amina Bila a aussi évoqué des problèmes sécuritaires dont elle souffrirait et qui font croire que certains ministres sont dans le cas d’espèce. Elle ferait l’objet de menace à cause de certaines décisions qu’elle a prises dans le cadre de l’assainissement de la gestion publique : « on nous demande beaucoup de choses sans nous garantir du minimum de sécurité. Aujourd’hui venez chez moi, vous ne saurez pas où je suis. Je n’ai pas de domicile fixe et je ne suis pas fière de cela. Combien de gens m’ont fait savoir au lendemain de certaines décisions : dans six (06) mois, on te verra, on t’aura. » Faut-il entendre par là des menaces de mort ? La ministre déléguée ne l’affirme pas. Mais tout porte à y croire.

Toutes ces inquiétudes pourraient donc nourrir des velléités de violation de la charte de la transition qui stipule à son article 20 que « la durée de la transition ne peut excéder douze (12) mois à dater de l’investiture du Président de la transition ». Selon donc cette disposition, la transition prend fin le 19 novembre 2015, le président Michel Kafando ayant été investi par le conseil constitutionnel après sa prestation de serment le 19 novembre 2014.

Parlant des avantages dont bénéficient les membres du gouvernement, Amina Bila a révélé qu’en termes de rémunération, elle reçoit le 15ème de ce qu’elle percevait avant la transition (sans possibilité de compensation).

Quoi qu’il advienne, la ministre déléguée assure qu’elle ira tout droit, jusqu’au bout car « un travailleur qui meurt dans l’exercice de ses fonctions est un martyr également », dit-elle en se référant à la doctrine islamique.

Des partis politiques invités étaient à la rencontre des cadres musulmans du CERFI. L’Union pour le progrès et le changement (UPC) représentée par son secrétaire général Adama Sosso, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) par son secrétaire adjoint chargé de la recherche scientifique Laya Sawadogo et le Parti pour la démocratie et la jeunesse (PDJ) représenté par son président Halidou Ouédraogo.

Amidou Kabré