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MARCHE-MEETING DU MBDHP : Alerte rouge (acte1) au régime Roch Marc Christian Kaboré

lundi 6 novembre 2017


Trois ans après l’insurrection d’octobre 2014, Ouagadougou a connu sa première mobilisation d’envergure populaire le samedi 4 novembre 2017. Au travers d’une marche-meeting qui aura tenu toutes ses promesses, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), soutenu par plusieurs autres organisations de jeunesse et de la société civile, a exprimé son indignation en dressant un tableau sombre du pouvoir post insurrection porté par le président Roch Marc Christian Kaboré.

Des milliers d’hommes et de femmes en colère dans les rues de Ouagadougou ce samedi 4 novembre 2017. Le décor rappelle à souhait le souvenir pré-insurrection qui avait marqué le Burkina en 2014 lorsque la quasi-totalité des forces se mobilisaient contre la modification de l’article 37 de la constitution qui allait permettre au président Blaise Compaoré de représenter à sa propre succession.
En choisissant de prendre d’assaut la rue, le MBDHP et ses alliés de lutte avec en première ligne les Comité de défense des acquis de l’insurrection populaire (CADIP), ont dénoncé plusieurs maux que trainent le « l’ancien nouveau pouvoir » du président Roch Kaboré. Partis de la Place de Nation peu avant 10 heures, les manifestants acquis à la cause du mouvement des droits humains ont scandé des slogans hostiles au gouvernement, jusqu’à la devanture de l’ex. Assemblée nationale incendiée lors de l’insurrection populaire le 30 octobre 2014. Dans la foule immense, on reconnait les grands noms des luttes estudiantines de ces dernières décennies : Ali Sanou, Bertand Méda, Patrice Zoéhinga, Mamadou Fayama, Moumouni Derra, etc. qui étaient aux côtés de leurs jeunes camarades de lutte, militants encore actifs de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB). Sur le long du circuit de la marche, on pouvait lire entre autres sur les banderoles : « vérité et justice pour les martyrs de l’insurrection populaire et de tous les crimes impunis. Vive l’Assemblée constituante. PCRV. Non à l’impunité. Le peuple réclame toujours le recouvrement des biens mal acquis durant les 27 ans de règne des Compaoré. »

L’ex. Assemblée nationale, choix symbolique pour mettre en garde les nouvelles autorités

Le point culminant de la marche-meeting a été l’ex. Assemblée nationale où les manifestants ont reçu le premier message de la journée livré par le président du MBDHP Chrisogone Zougmoré. Dans son adresse, il lance cette phrase sous le cri révoltant des marcheurs : « Comment ne pas s’indigner que trois années après (l’insurrection ndlr), nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient à ce jour incapables de nous dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur nos dignes filles et fils ? » Afin que le sacrifice des martyrs de l’insurrection populaire de 2014 et de la résistance au putsch de 2015 ne soit pas vain, le président Zougmoré estime que tous les patriotes ont l’impérieux devoir d’honorer leur mémoire à travers la préservation et la consolidation des acquis notamment « la consécration de la liberté d’organisation d’opinion et de manifestation, du droit à la contestation populaire organisée devoir de rendre compte de la gestion de la chose publique, mais aussi du droit d’interpellation de toute autorité politique ou militaire face à des situations dommageables à la bonne marche de notre cité. » Objectif ultime, maintenir le cap pour atteindre « un changement qualitatif et profond », a-t-il précisé.

Croisade contre l’impunité des crimes économiques et de sang

De retour à la place de la Nation où s’est tenu le meeting, les intervenants qui se sont succédé à la tribune ont dénoncer l’impunité dans laquelle baignent plusieurs dossiers de crimes économiques et de sang : les dossiers Thomas Sankara et compagnons, Norbert Zongo et compagnons, juge Nébié, l’élève Flavien Nébié, les martyrs de l’insurrection et du coup d’État manqué, le rapatriement des biens mal acquis des dignitaires de la 4è République, etc.

Le premier à s’exprimer fut le représentant des associations des victimes de l’insurrection et du coup d’Etat, Issouf Nacanabo, lui-même souffrant d’une infirmité au bras. Il a indiqué que le peuple et toutes les personnes éprises de justice, de vérité, de paix en vue de la réconciliation veulent savoir où est cette justice qui dispose des textes pour libérer les présumés assassins mais en manque pour rendre justice à ceux qui ont été tués. « Mais justice, où es-tu ? Magistrats corrompus, où êtes-vous ? Juges vendus où êtes-vous ? Vous, vous avez les textes pour dire qu’il faut donner des libertés provisoires. Ils ont tiré sur nous, ils nous ont frappés (…) devant les yeux du monde entier. Aucun texte dans vos livres ne vous permet de juger ces méchants (…) parce qu’ils sont malades. Ils ne sont pas plus malades que nous. » A déclaré le représentant des victimes à la tribune.

Sur le dossier Norbert Zongo, Issouf Nacanabo a lancé un appel à la France et à son président l’extradition de François Compaoré, arrêté et mis en liberté à Paris, pour qu’il puisse répondre de ses actes devant les juridictions burkinabè.

Se succédant à la même tribune, le secrétaire général adjoint de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), Macel Yigo, le secrétaire général de Confédération générale du travail du Burkina (CGTB), Basolma Bazié ont également enfoncé le clou. « Il est impérieux pour la jeunesse populaire de continuer à dénoncer l’impunité et exiger le traitement judiciaire des dossiers pendants de crimes de sang et de crimes économiques et de lutter pour un mieux-être ». A souligné le premier cité. Sous les acclamations bien nourries du public, le second a promis aux victimes que le mouvement syndical et l’ensemble des forces progressistes tiendront le flambeau jusqu’à ce que justice soit rendue.

Dans la foulée des discours, le président du MBDHP a annoncé la tenue d’une journée anti-impérialiste le 25 novembre prochain à Ouagadougou. Un rendez-vous qui fera parler également de lui, puisque c’est en ce mois de novembre que le président de français Emmanuel Macron compte fouler le sol burkinabè. Comme ses prédécesseurs de l’ex. puissance coloniale, Macron vient en Afrique pour s’adresser à la jeunesse du continent où il estime qu’il y a l’avenir.

Le mouvement social qui semble reprendre de service avec sortie populaire du MBDHP nous dira si Emmanuel Macron est le bienvenu dans ce pays post insurrection.

Amidou Kabré

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