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Le [collectif] balai citoyen : demander la dissolution du RSP « est une mauvaise appréciation et une courte vue de l’esprit ».

mercredi 8 juillet 2015


La fraction du balai citoyen qui se fait appeler [Collectif] balai citoyen a donné sa lecture sur la situation nationale au cours d’une conférence de presse le mardi 7 juillet 2015 à Bobo-Dioulasso. Ci-dessous l’intégralité de la déclaration livrée à la presse.

Sœurs et frères cibal(e)s du Collectif Balai Citoyen de Bobo-Dioulasso
Mesdames et messieurs les journalistes,
Merci une fois de plus de répondre présent à notre invitation.

La situation nationale qui nous réunit aujourd’hui est des plus inquiétantes. Et nous nous sommes imposés le devoir d’interpeller, en donnant nos positions et en faisant des propositions en tant organisation de la société civile.
Le Collectif Balai Citoyen (avec siège national à Bobo-Dioulasso) comme vous le savez, depuis son union manquée avec son Mouvement frère Le Balai Citoyen (dont le siège est à Ouaga) après l’insurrection, s’est restructurée et comporte aujourd’hui plus d’une trentaine d’organisations associatives reparties dans tout le grand ouest du Burkina (Dédougou, Diébougou, Banfora, Gaoua, Orodara, ..) et est en cours d’extension en vue d’un maillage de tout le territoire national.

Fort de la confiance placée en nous par les populations, et fort également de notre capital de force citoyenne majeure qui a été aux avant-gardes de la lutte contre le régime monachisant de Blaise Compaoré, nous ne pouvons garder le silence face à ce que nous qualifions de « socio-comédie transitionnelle » dont les acteurs semblent avoir oubliés les raisons profondes de notre lutte et les attentes légitimes des populations qui se résument en deux mots clés : Justice et reformes.

Le grand enthousiasme manifesté par notre peuple au lendemain de l’insurrection populaire se fondait sur l’espoir suscité par un processus de transition vers un renouveau national : le Burkina nouveau post 2010 avec une vraie démocratie, une bonne gouvernance et les fils et filles réconciliés pour un meilleur vivre ensemble au Faso.

Huit mois après, où en sommes-nous ? Nul besoin de relever que les résultats à mi-parcours de ce processus porteur de tant d’espoir, sont en deçà de nos attentes.
Notre déception est d’autant plus forte qu’il s’agissait véritablement sous la transition de réparer le Burkina, notre Faso, Pays des hommes intègres.

Les déclarations populistes des débuts, nous ont naïvement accrochés à des faux espoirs.
Et par la suite,
Des promesses faites à tout va, nous attendons toujours la concrétisation.
Des sillons envisagés pour l’avenir, nous ne voyons aucune trace.
Du « plus rien ne sera comme avant », on en est plutôt dans « tout est pire qu’avant ».

Mesdames et messieurs les journalistes,

Tout de l’agissement dans la transition nous rappelle le système Blaise Compaoré sans Blaise Compaoré. A croire que nous avons mené tout se combat, et que nos sœurs et nos frères soient abattus le 30 octobre, pour que rien ne bouge. Pour étayernos propos, nous vous livrons les observations suivantes :

Au plan judiciaire

Là même où nous attendions beaucoup de la transition, c’est la trahison pour ne pas dire la catastrophe. Les personnes suspectées de crimes de sang, ou de crimes économiques, … ne sont pas inquiétées. Ceux qui le sont, s’en sorte avec des acquittements, des sursis. Les assises criminelles qui viennent de prendre fin sont la preuve que la justice attendue de la transition n’est pas au RDV.

Ce faisant, les dossiers Sankara et Norbert zongo, Dabo Boukary, Juge Nébié, etc, contrairement à ce qu’on nous laisse croire, sont loin de voir leursépilogues. Il en est de même pour nos récents martyrs dont les douleurs sont encore assez fraiches pour que les auteurs de ces crimes soient connus. Nous assistons à une sorte de justice sélective non équitable qui consiste à arrêter certaines personnes et à laisser d’autres, autant ou plus coupables, en libertés. Le cas des maires Salia Sanou et Seydou Sanon en sont des exemples. Il faut soit rendre une justice pour tous et rendre la liberté à chacun.
Ceci dit, quid des étatsgénéraux de la justice tenus à coup de millions et qui nous promettaient le renouveau de notre justice ?

Au plan de la cohésion sociale pour le meilleur vivre ensemble

Nous espérons de cette transition, qu’elle mette en branle la machine judiciaire que tous ceux qui ont commis des crimes de quelques natures rendent des comptes au peuple.

La soif de justice de notre peuple a été le ferment principal du soulèvement populaire contre un régime qui avait fini par s’ériger en champion de l’injustice par la prise en otage de notre appareil judiciaire. Malheureusement pour assouvir cette soif de justice du peuple, le gouvernement est passé par la mauvaise manière. En initiant ce projet de loi électorale voté par le CNT et promulgué par le PF, les autorités de la transition n’ont fait que fragiliser davantage la cohésion sociale suffisamment éprouvée. Si nous avons accueilli avec soupir cette nouvelle loi électorale, aveuglé comme nous l’étions par notre soif de justice, aujourd’hui nous réalisons la complexité de son application voire sa dangerosité. Ce nouveau code électoral ne peut prospérer parce qu’il porte en lui les germes de la division et pourrait même entrainer le report des élections par le conseil constitutionnel de plein droit si toute fois il arrivait que les contentieux sur les candidatures le nécessite. En plus, ce code électoral est contraire à l’esprit d’inclusion de la transition, et ne rendra justice que partiellement parce que, il ne pourra servir à écarter que ceux qui sont intéressé par les élections. Donc non seulement, il ne rendra pas justice souhaitée mais aussi, il met dos à dos les composantes du peuple sans apporter de solution véritable.

Qui dit cohésion sociale dit justice ; et qui dit justice dit vérité. Sortir de cette transition sans vérité, justice et réconciliation serait un le plus échec de la transition. Le code électoral n’a pas vocation à rendre cette justice-là. Seul l’appareil judiciaire est apte à rendre justice et à frapper d’indignité politique les personnes jugées coupables.

Au plan institutionnel avec les remous au RSP

L’histoire du RSP prend sa source depuis la révolution (CNEC). A travers ce centre, le pays a voulu doter le pays d’un corps d’Elite à titre de forces spéciales comme il en existe dans tout pays. Chemin faisant après la révolution, ce corps a connu une évolution et a été mué en garde prétorienne au service du président du Faso. L’association du nom du RSP aux crimes les plus odieux est le fait de l’instrumentalisation de certains de ces agents (bien connus pour les principaux) par le Président Blaise Compaoré et ses proches pour de basses besognes. En la matière, il existe une justice militaire qui avec l’autorisation du ministre de la défense, peut être mis en branle pour juger et faire rendre des comptes aux personnes suspectes. Nous nous sommes insurgés contre ce corps lorsqu’il a mis en mal le fonctionnement institutionnel par la prise en otage du CM. Et nous défendrons toujours les institutions de la république contre toute attaque intérieure ou extérieure. Mais chaque corps au Burkina, civils (éducation, santé, medias,…) ou de sécurité (police, militaire, gendarmerie, …) a ses brebis galeuses. A cause de quelque individu, on ne peut pas jeter l’opprobre sur tout le corps. C’était le cas lorsque le CSC avait sanctionné tous les medias à causes de quelques-uns qui étaient fautifs. Nous avons combattu et obtenu la levée de cette sanction. Lorsque des « brebis galeuses » avaient été nommées à la tête de certains ministères, nous avons demandé leurs démissions plutôt que de demander la dissolution des dits ministères. Aujourd’hui si nous sommes face à des brebis galeuses dans le RSP, il faut demander leur arrestations afin qu’elles soient traduites devant la justice militaire et condamner à la hauteur de leur forfait. Quant au corps en lui-même, il subira nécessairement une évolution dans son organisation, ses attributions au gré de la volonté de la république. Demander sa dissolution est une mauvaise appréciation et une courte vue de l’esprit. Le RSP, loin d’être dissout doit être réaménagé et renforcé dans le cadre d’une reforme générale de l’armée burkinabè qui a aussi besoin d’un renouveau après plus d’un demi-siècle d’existence. Dans le même ordre d’idée, les aboyeurs contre le RSP devrait aussi exiger la dissolution de Kosyam parce que beaucoup d’intrigues et de mauvaise gouvernance y ont été menées. Rappelons-nous que le projet de modification de l’article 37 est parti de Kossyam pour être exécuté à l’assemblée nationale.

Au plan des réformes institutionnelles

Les réformettes entamées par des lois votées souvent au profit de quelques-uns (loi pour la nomination de généraux) ne sont pas ceux attendus par le peuple et ne sauront prospérer. Il serait plus opportun sous la transition en cours de procéder à l’élaboration d’une nouvelle constitution véritablement d’origine citoyenne qui devra être adoptée par un referendum et non par le CNT. A trois mois de la fin de la transition, il est urgent à cette fin, d’organiser une conférence sociale et politique qui réunira les différentes composantes de la société en vue de trouver un consensus sur une feuille de route d’adoption d’une nouvelle constitution qui consacrera le passage a la 5eme république. Cet avènement constituera un symbole fort de notre insurrection.

Au plan social, économiques et des affaires générales,

Comment apprécier et évaluer toutes ces actions menées à tout vent, si elles ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une stratégie globale et planifiée. La transition a péché à ses début en ne s’étant pas doté e d’une feuille de route traçant les grandes de son action. Résultats : nous disposons de peu de lisibilibilité et ne pouvons évaluer que négativement toutes ces actions qui s’exécutent dans un flou totale.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Chers sœurs et frères ciblas,

Nous manquerons à notre devoir si nous terminons cette déclaration sans traduire notre amertume qui est aussi celle du peuple. Elle est grande. Notre déception n’a d’équivalent que le sacrifice consenti par le peuple insurgé au prix de la vie de nombres de nos camarades tombés pour la patrie et qui attendent toujours justice.

A trois mois de la fin d’une période qui nous offrait une opportunité historique pour oser réinventer le Faso, nous voilà dans une crise militaro-militaire qui grippe notre transition. Pendant ce temps, les partis politiques sont en campagne en vue d’élections incertaines. Certains OSC devenues partisanes sont en pleine récolte pour garantir leur lendemain qui s’annonce incertain après la transition. Blaise Compaoré parti, l’union sacrée du peuple debout pour la patrie a foutu le camp. Nous nous retrouvons seuls parmi les rares organisations de la société civile qui restent non partisanes et fidèle à leur credo de départ : l’intérêt national, défendre l’intérêt du peuple.
La raison fondamentale et l’objectif de l’insurrection était de réhabiliter la justice, la réalisation des profondes aspirations à la liberté et à l’équité sociale par des réformes audacieuses.
Hélas ! Que pouvons-nous encore attendre de cette « transition mirage », si ce n’est souhaiter qu’elle prenne vite fin avec les élections annoncées pour le 11 octobre 2015 en espérant le miracle d’un sursaut gouvernementale pour rattraper un tant soit peu ses échecs.

Restons debout CiBals ! La lutte doit continuer même après la transition

Non à l’exclusion par le code électoral mais par la justice
Oui au maintien du RSP avec une poursuite judiciaire des brebis galeuses de ce corps
Oui à une 5èmerépublique
En avant pour des élections transparentes, inclusives et crédibles

Notre Nombre est notre force !
La patrie ou la mort, nous vaincrons !
Vive le peuple burkinabè !
Vive le Collectif Balai Citoyen !

Fait à Bobo-Dioulasso, le 07 juillet 2015

La Coordination nationale