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Christine Paré : Pour plus de Liberté et de Justice pour le peuple Burkinabé, le Régiment soi-disant de « sécurité présidentielle » doit être démantelé le plus tôt possible

mercredi 8 juillet 2015


Je voudrais d’abord rappeler (pour celles et ceux qui ne le savent peut-être pas) que je ne suis pas une pro Zida, car dès le début, je m’étais prononcée en faveur d’un gouvernement civil (cf. mes écrits de novembre 2014). Cependant, au-delà de la personne de Zida, je suis pour des institutions fortes qui ne subiront aucun chantage fut-il venant d’un groupe de gens lourdement armés et payés avec les deniers publics burkinabé.

En ce qui concerne la nomination du gouvernement de transition, pour la paix sociale et l’aboutissement de la transition, les gens ont fini par accepter ce gouvernement consensuel qui, rappelons-le, n’a pas rempli toutes les attentes. Toutefois, reconnaissons aussi que les dossiers pendants comme celui de Thomas Sankara ont connu des avancées. La question que toute / tout patriote burkinabé devrait se poser c’est de savoir : à qui profite la déstabilisation des institutions fragiles post-insurrectionnelles ? Et la réponse est bien entendu, à Blaise Compaoré, à son CDP et acolytes. La preuve : les militants à la solde du CDP et autres annonçaient le dimanche 5 juillet 2015 sur Facebook la démission de Zida, ce qui s’est avéré être une fausse information.

Pour rappel : par la force des armes, de la peur, de la ruse et du mensonge, Gilbert Diendéré et ses miliciens du RSP avaient réussi à imposer un des leurs, Zida Isaac Yacouba comme chef de l’État au lendemain de l’insurrection victorieuse de notre peuple alors qu’ils avaient protégé pendant 27 ans le dictateur sanguinaire déchu, Blaise Compaoré et sa bande de voleurs et d’assassins. Ils ont tiré sur le peuple insurgé les 30, 31 octobre 2014 et 1er novembre 2014. Suite aux pressions et devant la détermination du peuple Burkinabé, ils ont été obligés de céder la présidence, mais par les armes et la distillation de la peur, ils ont imposé le même Zida comme Premier Ministre avec pour seul objectif, la défense de leurs intérêts égoïstes et en toile de fond l’impunité garantie à leurs chefs, Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré, Boureima Kéré et autres impliqués dans des assassinats et tortures. Zida n’étant plus en phase avec les aspirations sordides de ses anciens camarades du RSP, ils demandent alors sa démission. Ils rêvent ainsi de faire revenir triomphalement leur « champion » et géniteur Blaise Compaoré et son CDP.

Avec les évènements qui viennent de se passer en fin juin 2015 et qui marquent le 3ème coup de force déstabilisateur du RSP, les miliciens de cette troupe viennent de démontrer une fois de plus qu’ils sont dangereux pour la paix sociale et notre peuple ne pourra vivre en liberté et en paix tant que cette milice existera et restera basée à la présidence. Ce sera toujours une épée de Damoclès qui planera sur la tête du président fut-il démocratiquement élu. 1 300 hommes armés peuvent-ils imposer leur volonté à tout un peuple ?

Leur revendication officielle qui est la démission de Zida et des autres membres militaires du gouvernement cache en réalité leur désir de déstabilisation des institutions ayant pour objectif la perpétuité de l’impunité. S’ils l’obtiennent, leur prochaine revendication sera le retrait de la loi dite Sheriff, et pourquoi pas la mise à la poubelle de la Charte.

Le Président Thomas Sankara nous a appris que des soldats sans conscience politique n’étaient que des criminels en uniforme. Ce constat s’applique entièrement à ces gens du RSP qui passent le temps à faire peur à la population. Pour preuve, leur irruption dans certains organes de presse avec des menaces à peine voilée. Tel que le rapporte Newton Ahmed Barry sur sa page Facebook du 1er juillet 2015, la Ministre Déléguée du Budget a pris la fuite à Kosyam le jour du Conseil des Ministres. Certainement, elle craignait pour sa vie. Il est inadmissible que des individus se pavanant avec des armes achetées avec les fonds publics sèment ainsi la terreur au sein du gouvernement et de la population. Mais comment ces gens peuvent-ils se permettre de tels abus ? Pourquoi nous laissons-nous faire de cette façon ? Le RSP nous rappelle aussi qu’ils sont les milices et le bras armé de Blaise Compaoré, de son CDP et de ses partis affiliés.

Pour ceux et celles qui sont contre le démantèlement du RSP, il faut se rappeler que d’autres régiments qu’on disait être des corps d’élite ont été démantelés par Blaise Compaoré et personne ne s’était plaint à l’époque. À titre d’exemple, souvenons-nous que le BIA de Koudougou était considéré comme un corps d’élite. Mais Blaise Compaoré avait fait assassiner cruellement des officiers de ce régiment. Dans le cas présent, personne ne demande à ce que les éléments du RSP soient assassinés, ni qu’ils perdent leur emploi. On demande seulement que le RSP quitte la présidence, car aucune présidence d’État démocratique au monde n’héberge un camp militaire. Les militaires du RSP peuvent être réaffectés dans d’autres régiments. Un autre corps d’élite peut être constitué sur une base saine et qui sera au service du pays et non des individus. Le peuple Burkinabè au prix de son sang, a chassé le despote et sanguinaire Blaise Compaoré, la milice à son service doit aussi disparaitre.

Ce fut grosse erreur de confier à Gilbert Diendéré le dossier de réflexion sur le RSP. C’était comme si on demandait à un voleur d’enquêter sur le vol qu’il a commis, d’arrêter le coupable et de proposer la sanction qui devrait lui être infligée. Ce n’est donc pas une surprise si les conclusions de ce rapport ont recommandé le maintien du RSP.

À ceux et celles qui défendent l’inclusion, sachez que les martyrs(res) avant et durant l’insurrection ont été exclus(es) à vie, ils et elles ne pourront ni donner leur avis, encore moins voter ou se faire élire. S’allier avec le CDP et consorts en vue de prendre le pouvoir, c’est souiller la mémoire de nos martyrs(res) et trahir l’esprit de l’insurrection populaire. Ce sera une honte et l’histoire retiendra de vous que vous êtes devenus(es ) des traitres(ses).

Aucune justice ne peut être rendue dans les dossiers pendants tels ceux de Thomas Sankara de Norbert Zongo, de Dabo Boukary, de Oumarou Clément Ouédraogo, de Guillaume Séssouma et autres, tant que le RSP ne sera pas démantelé et tant que Gilbert Diendéré ne sera pas mis hors d’état de nuire.

Aucune justice ne sera rendue à nos martyrs(res) tant que le RSP existera, car les donneurs d’ordre et les assassins responsables de leur élimination se trouvent cachés en son sein.

Sans être un oiseau de mauvais augure, aucune élection libre et consensuelle avec des résultats acceptés par tous et toutes ne pourra avoir lieu au Burkina Faso tant que les miliciens du RSP sont à la présidence dictant leur volonté.

La lutte actuelle est pour la sauvegarde des acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et contre le retour de Blaise Compaoré et des forces rétrogrades qui ont toujours spolié le vaillant peuple du Faso.

Au peuple Burkinabé qui s’est mobilisé pour chasser le dictateur (certes notre lutte a été volée et détournée par les miliciens du RSP) je dis : il faut un sursaut national ; il faut nous mobiliser à nouveau afin de mettre fin aux velléités des « chiens méchants[1] » du RSP, et n’ayons pas crainte de nous faire « mordre par la chèvre du voisin[2] ». Les chiens enragés sont plus dangereux, car pouvant causer la mort.

Mes chers compatriotes, nous avons déjà consenti beaucoup de sacrifices et vu se répandre tant de sang de nos frères, de nos sœurs, parents et ami(e)s pour faire marche arrière à présent. Le recul est devenu impossible ; l’arrêt est devenu impossible. En avant, et toujours en avant jusqu’à la victoire finale !

Mobilisons-nous pour que les magistrats corrompus soient extirpés de la magistrature et afin que les délinquants à col blanc comme les Guiro ne puissent plus se pavaner et narguer le peuple.

Mobilisons-nous pour que Justice soit faite à nos martyr(e)s afin que les commanditaires et assassins soient sévèrement punis et que nous tournions définitivement la page de l’impunité.

Mobilisions-nous pour la liberté d’expression et une presse libre et indépendante afin qu’aucun groupe de Burkinabé fut-il armé, n’entrave cette liberté fondamentale du droit à la parole et à l’information de notre peuple.

Naan Lara, An Sara.

Toutes et tous unis(es)et déterminés(es), nous vaincrons.

Christine Paré