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POLITIQUE : les cinq plus grandes dictatures africaines tombées en cinq (05) ans

mardi 30 avril 2019


L’Afrique et les Africains semblent désormais hostiles aux régimes de dictature. En tout cas, après le printemps arabe qui a rasé les despotes du Maghreb, l’Afrique Subsaharienne s’est montré aussi farouche à ses dirigeants les plus intraitables. Avec presque le même mode opératoire (musèlement ou massacre d’opposants ou de population, gabegie financière …), comme un feu de paille ou une épidémie les cinq dirigeants africains, vomis par leur peuple ces cinq dernières années sont Blaise Compaoré du Burkina Faso, Yahya Jahmmeh de la Gambie, Joseph Kabila de RDC, Abdel Aziz Bouteflika de l’Algérie et Omar El Bechir du Soudan.

Blaise Compaoré (1987-2014)

Arrivé au pouvoir après le coup d’Etat de 1987, il chipe avec violence les commandes à son meilleur ami Thomas Sankara. Blaise Compaoré a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans sans partage, voire d’une main de fer. Son régime ne laissant aucun champ d’expression digne de ce nom à son peuple dès lors que cette expression touchait aux fondamentaux de son pouvoir auquel il tenait tant. C’est sous son magistère que le journaliste d’investigation le plus populaire Norbert Zongo sera assassiné et cramé en 1998 avec trois de ses compagnons d’infortune. Aussi la mort de l’étudiant Dabo Boukary, alors en 7e année de médecine est parfois adossé à son unité d’élites, le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) .
Mais malgré les intimidations, les menaces et autres stratégies de l’homme fort du Congrès Pour la Démocratie et le Progrès (CDP), son parti, tout va accélérer sur le régime en 2014. Alors qu’il s’apprêtait à modifier la constitution en son article 37 pour rester au pouvoir, Blaise Compaoré et son camp ne résisteront pas à une insurrection populaire inédite les 30 et 31 octobre 2014 .Exilé en terre ivoirienne, plusieurs dossiers l’attendent pour jugements.

Yahya Jahmmeh (1994-2016)

Président de la Gambie depuis 1994 après un coup d’Etat, Yahya Jammeh a d’abord fait carrière dans la gendarmerie où, il a vite gravit des échelons. Il a notamment commandé la police militaire à deux reprises. Après 22 ans de règne tyrannique et sans partage, le dictateur sera bouté par son peuple.
En effet, à l’élection présidentielle de 2016, il perd le pouvoir face à son adversaire. A la surprise générale, Yahya Jahmmeh perd les élections face à son rival Adama Barrow par un score sans appel (36,%-45,5%). Et après avoir reconnu une première fois sa défaite, il revient sur sa décision et rejette les résultats. La communauté internationale monte au créneau et la CDEAO se déploie, contraignant l’homme fort de Banjul à l’exil en Guinée Equatoriale. De graves révélations et accusations pèsent sur son dos.

Joseph Kabila (2001-2019)

Né en 1971 et arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père Laurent Désiré Kabila alors président du pays, le nom de Joseph Kabila faisait trembler plus d’une personne, surtout ses détracteurs et opposants. Alors que la République Démocratique du Congo est le bassin le plus riche au monde en ressources naturelles, l’économie du pays ne profitait en grande partie qu’à un seul camp, celui de la famille et des proches du président.
Sur le plan politique et après maintes tentatives de rester sur le trône au mépris de la constitution, Kabila et sa famille politique ne pourront guère résister à la mobilisation populaire farouchement soutenue par l’église catholique. L’homme fort de Kinshasa finit par renoncer à briguer la magistrature suprême et intronise un de ses fidèles qui sera battu à l’élection présidentielle.

Abdel Aziz Bouteflika (1999-2019)

Le printemps arabe de 2011 avait semblé épargné et ignoré le « vieux » mais a fini par le rattraper le 02 avril dernier. Diminué par la maladie depuis 2013, Boutef comme on l’appelle ne dirigeait véritablement pas l’Algérie.
La jeunesse désemparée du système ne se reconnaissait plus dans sa politique âprement restreints aux hommes dits de la libération nationale. Et la goutte d’eau qui va faire déborder le vase, c’est l’annonce par ses proches de sa candidature à l’élection présidentielle pour la cinquième fois. 20 ans de règne chaotique, c’est « le trop , c’est trop pour les Algériens ». Bouteflika finit par capituler mais la tension est encore vive pour la succession.

Omar El Bechir (1989-2019)

Qui l’eût cru ! D’un mouvement spontanée, le général n’a jamais cru se faire renverser aussi facilement, lui qui a fait l’expérience de toutes les turbulences. Âgé de 75 ans et 30 ans de pouvoir à son actif, le mythe Bechir n’effrayait plus. La masse eut raison de lui, mais dans ses méninges devraient tarauder de lourdes accusations notamment des poursuites judiciaires de la Cour Pénale Internationale(CPI) sur des crimes de génocide qu’il aurait commis au Darfour.

En cinq ans, les dirigeants les plus injouables de leur époque ont donc été déboulonnés grâce à une force et une mobilisation sans précédent des populations au prix d’innombrables vies. Les autres dictateurs vont-ils entendre raison gardée ? A suivre ….

Alain Yaméogo