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Monsieur le Président, il est temps d’avoir peur

mardi 10 septembre 2019


Alors numéro deux du régime déchu de Blaise Compaoré, on l’appelait « Roch le Consensus ». Le Monsieur qui rassemblait sans grand bruit, sans qu’on ne sache réellement de quelle manière. Pendant que le pays accumule de nombreux échecs au double plan social et politique depuis son accession à la magistrature suprême en novembre 2015, il se dit encore dans des cercles que le Chef de l’Etat est un homme bien. Le président « Roch n’a pas de problème », « ce sont ses conseillers », « ils ne lui disent pas la vérité », (...). Il faut s’en méfier.

Quatre ans après l’accession au pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés, plusieurs équivoques sur la nature du régime, le prototype de pouvoir qui conduit la destinée du Burkina Faso peuvent être levées avec une bonne marge de conviction.
Au constat, la gouvernance a maintenu les anciennes tares qui ont fait le lit de la gabegie et de la corruption dans le cercle du pouvoir. Les institutions, notamment les ministères et toute leur organisation sont basées sur un circuit de nomination qui s’opère dans le cercle fermé des connaissances ; non pas sur le plan du mérite, mais de la camaraderie, de l’amitié, de la fraternité et même de la confrérie. Dans le système partisan comme la gestion politique, cela semble normal. Mais au fond, c’est ce qui crée et entretient encore le protectionnisme auquel on a assisté sous les deux derniers régimes : la transition du tandem Michel Kafando / Yacouba Isaac Zida, le régime de Blaise Compaoré jusqu’à l’insurrection du 31 octobre 2014. Pour mémoire, nous citons le cas de l’éphémère ministre la culture et du tourisme Adama Sagnon qui a dû céder à la contestation de la rue le 25 novembre 2014. Ancien procureur du Faso, ce monsieur bien connu pour sa gestion calamiteuse du dossier Norbert Zongo avait pourtant eu la confiance des autorités de la transition. Sous le régime Compaoré, il se disait haut et fort :« un ministre, ce n’est pas n’importe qui. Nous avons des juges acquis … ». Tellement, certains se sentaient sous le protectorat des puissants du moment, ils pouvaient s’autoriser les arrogances les plus inciviques.
Aujourd’hui, le ministère des mines dirigé par Oumarou Idani, la société minière canadienne Essakane IAMGOLD et la société française Bolloré sont soupçonnés dans une chaîne de blanchiment de capitaux et de trafic illicite d’or dite « affaire charbon fin », longtemps dénoncée par notre confrère Yacouba Ladji Bama. Le 6 août 2019, le procureur général près de la Cour d’appel, Laurent Poda a édifié l’opinion en indiquant que « douze (12) personnes appartenant à la société ESSAKANE SA, Bolloré, le BUMIGEB et du ministère des Mines sont poursuivies pour usage de faux en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, d’exploitation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce ». La valeur monétaire du scandale se chiffre à 350 milliards de francs CFA (au moins), sans qu’aucune autorité au plus haut sommet n’exprime le courage ou la volonté de dire sur le plan administratif qui a fait quoi.

Il ne faut pas douter de l’évidence

Nous avons encore affaire aux mêmes tares qui ont fait qu’à un moment donné il s’était développé un argumentaire pour dire : « le président est bon, mais c’est son derrière qui est mauvais ». Le derrière du président, étant ses conseillers, les ministres et toute l’armada qui gravite autour du pouvoir. Finalement, ce n’était pas du tout exact. Et il n’était même pas approprié de se préoccuper d’un quelconque classement de telles responsabilités. Ce qui importe, ce sont les problèmes posés et les offres de réponses du pouvoir.

L’ actuel régime du président Kaboré laisse entrevoir quelques questions fondamentales qui peuvent donner de savoir ce qu’il est permis d’espérer ou de craindre. 1) Les crimes économiques et les crimes de sang sont-ils d’actualité ? 2) Avons-nous des intouchables dans l’impunité ? 3) Comment les ressources du pays sont gérées ? 4) Quelle initiative populaire permet d’unir l’autorité et le citoyen au nom d’un certain intérêt général ? 5) Qu’est-ce qui donne à espérer au Burkina Faso ?
Tout système a un chef. Il l’est ou il ne l’est pas. On ne peut pas continuer d’accuser des seconds couteaux. C’est au président de se rendre à l’évidence qu’à défaut de résoudre les problèmes que lui posent ses compatriotes, il est temps pour lui de montrer une piste. Il ne devra pas attendre des moments plus délétères qui le conduiront à agir pour colmater des brèches. Surtout pas à un moment où le ras-le-bol des mouvements de protestation inquiétera de plus près son pouvoir. C’est maintenant qu’il faut bien s’en inquiéter. Sérieusement !

TOUTE INFO, Editorial N°00 du mardi 10 septembre 2019