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CRISE MALIENNE : ‘‘Le CNSP reconnaît et respecte les lois et accords déjà signés’’ ; dixit le Sociologue Malien Ali Thigoua Traoré

mercredi 2 septembre 2020


Après plusieurs longues heures de détention, le président Malien Boubacar Kéïta est
contraint à annoncer sa démission pour, dit-il, préserver la cohésion sociale. Plus d’une
semaine après cette démission forcée, le Mali est toujours dans la tourmente. Pour l’heure,
en dépit des négociations entreprises avec la CEDEAO, aucune feuille de route concrète de
sortie de crise n’est encore à l’ordre du jour. Dans cette interview, le Sociologue Malien Ali
Thigoua Traoré nous donne sa lecture de la situation qui prévaut au Mali.

Toute Info : Pour commencer dites-nous, avec une observation sociologique, le coup d’Etat était-il prévisible au Mali selon vous ? L’avez-vous senti venir ?

Ali Thigoua Traoré : A mon avis le putsch était bien prévisible puisque le M5-RFP a profité de la faiblesse de l’appareil de l’Etat pour crédibiliser sa lutte aux yeux de la société civile et des groupes de grévistes comme les enseignants et les élèves. Ainsi, le mouvement M5 qui est à la base de la chute d’IBK est un mouvement "politico-religieux" à vrai dire. Le mouvement a également profité de la popularité de l’Imam Mahmoud Dicko (Ndlr : un religieux très influent au Mali qui est aussi l’un des fidèles amis du grand Cherif de Nior o du Sahel Bouyé Haïdara) qui est très influent sur la scène religieuse et politique. Ces hommes (Dicko, et Bouyé Haïdara) ont battu campagne dans les mosquées pour IBK en 2013 pour qu’il soit élu.
L’objectif est atteint, mais le président déchu n’aurait pas respecté les consignes données. Ce qui a abouti à une mésentente entre eux. Soudain, le courant ne passait plus entre IBK et ses "amis". Ils deviennent ennemis en 2018. Car, ils ( étant de fervent religieux) ont mobilisé des musulmans à voter contre IBK. Malgré tout, il a été réélu en "fraudant". Parce qu’au Mali, les trois pouvoirs sont "interdépendants”. Ils ne sont pas séparés comme le demande la loi.

Toute Info : La communauté internationale [Ndlr : notamment l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Nations Unies] a condamné de façon unanime le coup de force perpétré par l’armée malienne. Pourquoi la junte militaire balaie-t-elle du revers de la main toute cette batterie de condamnations ?

Ali Thigoua Traoré : La junte militaire malienne rejette les condamnations de la communauté internationale pour trois raisons fondamentales. D’abord elle considère que cette communauté internationale est un organe mis pour défendre les présidents. Ensuite, les recommandations de la communauté internationale ne correspondent pas aux réalités actuelles du Mali. Car, constitutionnellement, après le décès, la démission ou l’indisponibilité du président de la
République, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assure la transition. Or, celui-ci est aussi haï par un grand nombre de Maliens. Puisque ironiquement, la Cour constitutionnelle l’a "nommé" comme député. Et IBK (l’ex-président) l’a imposé au parti présidentiel (RPM) pour qu’il soit le président de l’Assemblée nationale. Par conséquent, si la junte accepte ces recommandations, ce sera comme bonnet-blanc et blanc-bonnet. La troisième raison est que les putschistes maîtrisent le nord et le centre (zones rouges). En étant aux commandes du pays, ils pourraient facilement neutraliser les terroristes sans attendre l’aval de la France ou de
qui que ce soit...

Toute Info : Interrogé sur France 24, le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole de la junte militaire, parle d’ingérence dans les affaires maliennes et affirme que la solution finale de sortie de crise viendra des Maliens eux-mêmes. Est-ce à dire qu’aucune médiation n’est envisageable ? Ou encore, les négociations avec la CEDEAO sont-elles au point mort ?

Ali Thigoua Traoré : Les négociations avec la CEDEAO ne sont pas au point mort. En effet, la junte militaire est toujours ouverte au dialogue avec les émissaires de l’organisation sous régionale. Les discussions sont suspendues pour le moment au niveau du pilotage et de la durée de la transition. Concrètement la junte veut qu’elle soit dirigée par un militaire pendant au moins deux (02) ans ; tandis que la CEDEAO veut un civil ou un militaire admis à la retraite à la tête de la transition.
Parlant de solution à la Malienne, le CNSP fait référence aux discussions avec la société civile représentée essentiellement par le Mouvement du 5 juin et le Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). En revanche, ce mouvement s’est senti délaissé par la junte alors qu’il a contribué à la chute du président IBK. Le M5-RFP a donc montré son mécontentement avant d’être reçu par les militaires à Kati le Samedi 30 Août dernier où il était représenté par des personnalités influentes telles Issa Kaou Djim, Mountaga Tall, Choguel Kokala Maïga...
A l’issue de cette rencontre, le M5 propose une transition de 18 à 24 mois avec des organes transitoires dirigés par des civils ; notamment la Présidence, l’Assemblée et le Gouvernement. La junte militaire prendra du temps pour évaluer ces recommandations consignées dans un document que le M5-RFP a remis au CNSP au terme des échanges.

Toute Info : Actuellement de lourdes sanctions internationales pèsent sur le Mali. A l’allure où vont les choses, n’est-il pas plus sage pour l’armée de revoir sa copie et considérer le protocole d’accord proposé par la CEDEAO ?

Ali Thigoua Traoré : Pour ce qui concerne les sanctions, l’embargo est un peu assoupli mais pèse toujours sur le pays jusqu’à ce que les choses redeviennent normales. Néanmoins l’armée doit vraiment revoir sa copie et considérer les protocoles d’accord proposés par la CEDEAO à mon sens. Car, la communauté internationale et les ONG n’interviennent pas sur les plans économique, sanitaire et militaire dans un pays "chaotique". Or, le pays souffle sur le plan
économique, sécuritaire, sanitaire... C’est le peuple qui paie le prix, surtout dans cette période pandémique malgré l’assouplissement de l’embargo.

Toute Info : Les obstacles à surmonter dans ce pays seront de taille. Plus d’une semaine après l’installation du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) [la nouvelle instance dirigeante du pays], rien de concret n’a encore été décidé pour la mise en place de la transition. La population est-elle plutôt favorable à une transition militaire ou civile ?

Ali Thigoua Traoré : Pour la gestion de la transition, les avis sont partagés au niveau de la population. Certains veulent qu’elle soit pilotée par un civil et d’autres veulent un militaire.Ces derniers estiment que les politiques ont "échoué" et il faut donc essayer les militaires. Par ailleurs, le parti de l’ex-premier ministre Soumeylou Boubaye Maïga (ASMA) propose une transition d’une courte durée de 12 à 14 mois avec un président civil, un vice-président issu du CNSP et un gouvernement de mission dirigé par un premier ministre civil.

Toute Info : Quel rôle le CNSP est-il amené à jouer dans de la prochaine transition ? Comment se dessine l’architecture transitionnelle ? L’armée est-elle prête à laisser les commandes dans la main des civils ?

Ali Thigoua Traoré : Etant sous la pression de la communauté internationale, l’armée n’a d’autre choix que de transmettre le pouvo ir à un civil . Aussi, le CNSP ne fera qu’observer la gouvernance du pays durant la période de la transition. En d’autres termes, il veillera au strict respect et à la mise en œuvre des accords signés entre le Mali et les partenaires techniques et financiers du pays avant et pendant la transition.

Toute Info : L’Assemblée nationale Malienne a adopté en 2015 la loi de réorientation et de programmation militaire (LOPM) qui prévoit un investissement à hauteur de 1230,563 milliards de Francs CFA pour la modernisation des Forces armées maliennes (FAMAS). Chose à laquelle l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita avait beaucoup misé. Que fera le CNSP de cette loi ? Sera-t-elle reconsidérée dans la charte de la transition ?

Ali Thigoua Traoré : Objectivement il est encore trop tôt de se prononcer sur ces questions ; mais une chose est sûre, le CNSP reconnaît et respecte les lois et accords déjà signés.

Toute Info : Nous sommes au terme de notre interview ; auriez-vous quelque chose sur lequel vous souhaiteriez vous prononcer ?

Ali Thigoua Traoré : Je suis soucieux de l’avenir du Mali après ce coup d’État. Les questions que je me pose sont les suivantes :
 Quel serait l’avenir du M5-RFP après ce coup d’État ?
 Les religieux vont-ils retourner dans leurs mosquées ou seront-ils toujours présents sur la scène politique ?
 Ces religieux ne vont-ils pas contribuer au basculement du pays dans la main des terroristes ?

Propos recueillis par Noufou OUEDRAOGO


Note de la Rédaction : A la demande de l’interviewé, certaines parties de l’interview ont été amputées de la publication.

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