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POLITIQUE : LA COCOTTE-MINUTE A FINI PAR SAUTER A L’UPC (DOCUMENT)

vendredi 15 avril 2016


Le document vient d’être révélé par notre confrère lefaso.net. 38 pages. Son sous-titre intitulé est à lui seul parlant et évoque tous le malaise qu’il y a au sein du parti de Zéphirin Diabré : « appel à la création d’un front de refus UPC ». Les signataires du document dont on ignore encore le nombre se font appelés "les gardiens du temple UPC" avec l’ex. député Bruno Kafando, membre du bureau politique et du secrétariat exécutif du parti. C’est un livre blanc, sur les causes profondes de la débâcle du parti du lion à la présidentielle de 2015, la gestion solitaire du parti et de la mal-gouvernance en son sein ainsi qu’il est présenté en couverture. Lisez plutôt.

1. INTRODUCTION : POURQUOI UN APPEL A LA CREATION D’UN FRONT DE
REFUS UPC

Inutile d’aller chercher loin les raisons de cet appel à la création d’un « Front de Refus
UPC ». En effet, dans notre pays, on a pris l’habit ude de banaliser tout de suite ce type d’initiative, à en attribuant directement la paternité à quelqu’un d’autre, à ces soi-disant spécialistes, passés maîtres en matièrede déstabilisation des partis politiques adverses.

Mais en ce qui nous concerne, les raisons sont toutes simples. Nous sommes un certain nombre de cadres et militants de base de notre Parti. Nous sommes inquiets sur l’avenir et le devenir de notre Parti.

C’est pourquoi, après réflexion approfondie et mûrie, nous avons décidé aujourd’hui de lancer cet ultime appel, pour dénoncer ce que nous considérons comme étant des dérives de type autocratique, despotique et clanique, déjà perceptibles dans la manière dont notre Parti est géré et dirigé.

Nous avons en effet constaté que certaines pratiques étaient entrain de s’installer petit doucement en notre sein, de façon très subtile, sans qu’on y prête vraiment attention.

Nous estimons, que si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat, pour mettre un terme à de telles pratiques, nous courrons irrémédiablement le risque de voir disparaître à terme notre Parti, notre désormais « Grand Parti » à tous, sommes-nous tentés de dire.

C’est un peu trop fort comme jugement se diront certains en toute bonne foi, estimant que cela est impensable, inimaginable et incroyable, dans un parti comme l’UPC et surtout du niveau de l’UPC.

Pure délation, médisance, tentative de déstabilisation, se diront d’autres, les thuriféraires, ceux qui savent et qui connaissent parfaitement les problèmes de fond du Parti. Ceux-ci refusent généralement toute critique, bouchent leurs yeux et leurs oreilles, préférant se complaire dans le rôle confortable et opportuniste des « béni-oui-oui », qui n’osent jamais contredire et déplaire au « CHEF ».

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N’eut-été la gravité de cette question, nous aurions pu continuer à nous taire, pour ne pas gêner, déranger, bousculer l’ordre établi et pour ne pas remettre en cause le Parti, comme récemment au moment où nous étions entrain de préparer les élections législatives et présidentielles de 2015.

Nous avions en effet estimé à ce moment, que ces élections étaient tellement cruciales et déterminantes pour notre Parti, qu’il valait mieux ne rien dire, ne rien faire qui puisse compromettre nos chances à ces élections.

Nous n’avons donc pas voulu par esprit de sagesse semer la zizanie en notre sein, dans ce Parti que nous avions tous contribué, patiemment et passionnément, à concevoir ensemble, asseoir et promouvoir ensemble, au prix de mille et un sacrifices pour chacun de nous.

Mais ceci dit, nous ne pouvions pas continuer indéfiniment à nous taire et à cautionner implicitement ce qui se passe aujourd’hui dans notre Parti.

C‘est pourquoi, au nom du devoir de VERITE que nous nous devons à nous-mêmes d’abord et ensuite aux autres, quelle qu’en s oit le prix, pour que demain ne soit trop tard et que nous ne soyons taxés de complices coupables, nous avons tout simplement décidé aujourd’hui, de nous insurger pour dire non, non à ces pratiques aux antipodes de ce dont nous avions rêvé ensemble.

Ceci est d’autant plus déplorable, que ce sont ces mêmes pratiques que nous avons passé le temps à dénoncer tous ensemble dans le cadre de l’UPC et à toutes les occasions, que ce soit dans nos rencontres, nos réunions, nos manifestations, nos meetings, etc. Le Manifeste de notre Parti est aussi là pour en témoigner.

Ensuite, nous les avons décriées ensemble, en chœur avec toute l’opposition réunie dans le cadre du CEFOP, toute chose ayant conduit à l’historique insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 dont nous sommes au nombre des artisans et plus est, sous la conduite du Président de notre Parti.

Ce devoir de VERITE, nous le devons surtout à tous les militants et militantes de base de l’UPC, ceux et celles que nous avons contribués à mobiliser à travers les quatre coins du Burkina, en parcourant les villes, les campagnes, jusqu’aux hameaux les plus reculés du Burkina Faso, sans oublier toute cette diaspora Burkinabè, disséminée à travers le monde. Ils ont tous cru à ce message du VRAI CHANGEMENT que nous avions amené avec nous. Ils ont accepté de nous suivre pour cela.

C’est aussi pourquoi nous devons ce devoir de VERITE à notre peuple, à cette jeunesse, à ces femmes, à ces hommes, à tous ces laissés-pour-compte auprès desquels nous avons suscité l’espoir d’un « lendemain meilleur », si d’aventure l’UPC arrivait un jour au pouvoir.

Mais aujourd’hui, force pour nous est de constater que la désillusion s’est installée un peu partout, surtout chez beaucoup de nos militants, eux qui avaient tout misé et qui avaient cru en ce parti pour lequel ils se sont battus.

C’est le lieu de rappeler ici, que nous avions en effet rêvé au départ, d’un parti que nous avions voulu avant-gardiste, moderne, doté de toute l’infrastructure politique digne des grands partis, fonctionnant sur des bases claires, véritablement démocratiques.

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Notre Parti se devait d’être la plate-forme idéale, pour la formation politique et même technique pour notre jeunesse, visiblement en manque de repères. Ce devait être en même temps, un tremplin pour permettre à cette jeunesse, ainsi bien préparé et bien armé politiquement et techniquement, d’assumer avec responsabilité et compétence les rênes du pouvoir d’Etat et de la gestion de l’Etat.

Mais que constatons-nous à contrario ?

  L’UPC, un projet politique noble au départ, mais détourné subtilement au fur et à mesure pour ne satisfaire in fine que des ambitions politiques purement personnelles

  L’UPC, un parti politique qui fonctionne sous les apparences d’un parti démocratique décentralisé, mais qui en réalité est un parti subtilement centralisé où tout part du chef et tout revient au chef

  L’UPC, un parti politique où les structures mises en place et les hommes en place ne sont que de simples faire-valoir

  L’UPC, un parti politique où les cadres et autres responsables ne sont par conséquent considérés que comme des pions, des jouets, des pantins qu’on place et déplace à sa guise, sans vraiment se préoccuper de ce qu’il leur advient

  L’UPC, un parti où l’égoïsme, l’égocentrisme, l’égo surdimensionné ne laisse ni place, ni chance aux autres de pouvoir se réaliser

  L’UPC, un parti politique où le favoritisme prime sur les compétences

  L’UPC, un parti politique où on préfère se jouer des co-équipiers, pour favoriser les adversaires

  L’UPC, un parti politique où les règles élémentaires en matière de management sont bafouées et foulées au pied

  Etc.

Autant de maux que nous avons tentés de résumer ici, pour montrer ce qu’est devenu ce Parti dont nous étions si fiers de porter ensemble sur les fonds baptismaux en 2010. Cela nous donne déjà une idée de ce qui a pu se passer et qui pourrait déjà expliquer en partie le pourquoi de cette débâcle à cette présidentielle de
2015.

Pourtant, on avait compté l’UPC parmi les favoris à même de remporter ces
élections, surtout dans un scénario au 2ème tour. Malheureusement, il n’y aura même pas de 2ème tour. L’UPC ainsi que tous les 15 autres prétendants à cette présidentielle, furent mis KO d’un seul coup, au 1er tour, comme l’avait prédit le principal favori, le MPP. La surprise puis la désillusion furent totale du côté UPC. Certains militants ont encore du mal à s’en remettre.

Mais les explications qui ont été données par la suite par la Direction du Parti, n’étaient pas tellement convaincantes. Comme d’habitude, en de telles circonstances, il est difficile de s’avouer la vérité. On préfère louvoyer, jouer aux équilibristes dans les analyses, pour ne pas être e n porte-à-faux avec l’opinion générale qui se dégage lors des débats.

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Il est évident qu’avec de telles postures, on ne peut que faire des analyses superficielles, biaisées qui ne permettent jamais de cerner avec précision le véritable problème tel qu’il se pose. Par conséquent, on ne peut que tirer des conclusions, sans lien direct avec le problème traité. On préfère se mentir à soi-même et continuer son bonhomme de chemin, en attendant de voir ce que demain sera fait.

Mais quant à nous, nous avons décidé de rompre le silence, pour dire à tous les militants et militantes, aux sympathisants et sympathisantes, ainsi qu’à tous ceux qui sont intéressés par la vie de notre Parti, ce qui s’est réellement passé et qui est à la base de notre déroute en 2015.

En réalité, les causes sont tellement profondes qu’il faut aller les chercher au cœur même du système de management mis en place aujourd’hui au sein de l’UPC et qui s’avère être un système extrêmement dangereux et ‘’mortel’’ pour l’avenir et pour la survie de notre Parti.

Nous essayerons donc tout au long de cette analyse, de montrer comment et pourquoi un parti comme l’UPC, bien parti au départ pour remporter les élections présidentielles, en est arrivé là. Nous tirerons ensuite les conclusions qui s’imposent et nous verrons ce qu’il conviendrait de prendre concrètement comme dispositions pour sauver l’UPC d’une déchéance certaine.

Pour ce faire, il est nécessaire de revenir un peu en arrière, pour faire un peu d’histoire, surtout pour ceux qui n’étaient pas là au début, pour qu’ils comprennent comment nous nous y sommes pris, pour monter ce Parti et arriver à le propulser en l’espace de deux ans (2010-2012), au devant de la scène politique Burkinabè.

Nous verrons donc tout au long de cette courte mais très riche vie de l’UPC, comment les dérives comportementales que nous dénonçons vertement aujourd’hui, se sont petit à petit installées dans le Parti, avec des pratiques et des comportements qu’on était loin d’imaginer dans un Parti comme l’UPC.

Notre analyse s’articulera donc autour de six points, correspondant à six étapes cruciales de la vie de notre Parti que nous avons voulu mettre ici en exergue, pour les besoins de la cause. Nous avons pensé que cette façon de procéder, devrait nous permettre de mettre à nu à chacune de ces étapes, les vraies raisons de notre défaite.

2. DU NECESSAIRE RAPPEL DES CONDITIONS DE CREATION DU PARTI EN 2010

Afin de permettre, comme nous le disions, de bien comprendre la problématique telle qu’elle se pose, il est nécessaire de faire un bref rappel historique. En faisant ce rappel, nous voulions surtout mettre l’accent sur les précautions que nous avions prises à l’époque, pour arriver à concevoir un projet politique de grande facture, sortant presque de l’ordinaire.

En effet à l’époque, notre défi majeur était de réussir à frapper tout de suite les imaginations. Nous avions donc voulu proposer quelque chose de totalement nouveau. On savait que le landernau politique burkinabè était marqué en ce temps, par l’existence d’une multitude de petits partis, souvent créés on ne sait trop bien comment, brouillant toutes les pistes et tous les messages.

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C’est donc dans ce paysage politique complètement emmêlé, dominé à l’époque, par un Blaise COMPAORE triomphant, tout au faîte de sa gloire, dominant et dominateur, craint de tous, drapé de surcroît dansses nouveaux « boubous » de médiateur incontournable des crises sous-régionales, qu’il fallait tout faire, pour ne pas rater ce coup de marketing politique.

Il nous fallait surtout démontrer d’entrée de jeu à tous ceux qui ne croyaient plus en rien dans ce pays, surtout à cette jeunesse désabusée, découragée, devenue totalement sceptique, que malgré tout, un CHANGEMENT était encore possible au Burkina et ce, de façon démocratique en passant par les urnes. Convaincus de cela, nous avions tenu à le mentionner, noir sur blanc, dans le Manifeste de notre Parti.

C’est pourquoi, nous avons pris tout le temps qu’i nous fallait, pour mûrir le projet et bâtir en secret les meilleures stratégies que nous allions utiliser pour surprendre nos adversaires. Près de deux ans durant, nous nous sommes retrouvés régulièrement, en soirées-débats, pour discuter et tirer des conclusions sur toutes les questions d’ordre politique, économique et sociale, touchant à la fois à la vie de notre pays et à celle du reste du monde.

Rassurés à un moment donné, d’une part, que nous partagions presque les mêmes points de vue sur les questions essentielles débattues, d’autre part, que nous avions la même vision en ce qui concerne le projet politiq ue que nous allions présenter à la face du monde, nous sommes passés à la deuxième phase du processus.

Pour cette phase, nous avons dû constituer 3 commis sions spécialisées, qui ont planché des mois durant, chacune de son côté. Trois rapports on été produits, portant respectivement sur la situation politique (1ère Commission), économique (2ème

Commission) et sociale au Burkina (3ème Commission). Ces trois rapports ont été ensuite soumis au forum sur l’alternance que nous avions organisé en mai 2009.

Fort du succès retentissant du Forum sur l’alternance, nous sommes passés à la dernière phase qui consistait à préparer les documents classiques de base d’un parti, que sont les statuts et règlement intérieur.

Comme nous tenions à faire la différence d’avec la plupart des partis existants, nous avions pris le soin d’élaborer et d’adjoindre à ces documents classiques, le Manifeste de notre Parti, un document d’un peu plus d’une trentaine de pages qui apparaissait comme la justification du projet, comme une sorte d’avant-projet de sociétéque l’UPC se proposait de mettre en œuvre, une foi s au pouvoir.

Déjà à l’époque, il fallait oser parler d’alternance et nous avons osé. Non seulement nous avons osé, en parlant ouvertement d’alternance avec la tenue d’un forum spécialement consacré à cette problématique, mais nous sommes allés plus loin, en nous incarnant nous-mêmes comme les futurs chantres de l’alternance, avec comme nom de notre Parti, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC).

Tous ces rappels, même s’ils peuvent paraître commesuperfétatoires aujourd’hui, à ceux qui n’ont aucun intérêt pour qu’on revienne sur ces détails, c’est tout simplement pour prouver que l’UPC, notre Parti à tous et nous tenons à le souligner ici, n’appartient à personne , même si certains d’entre nous peuvent être tentés à un moment donné de vouloir se l’approprier, parce qu’ils pensent en être les principaux bailleurs de fonds.

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De ce point de vue, il faut être clair là-dessus. L ’UPC ne saurait être prise pour une
SARL, encore moins pour une S.A (1) où ceux qui ont apporté plus, dans la formation du capital au moment de la création de la société, dictent leurs lois aux autres qui n’ont pratiquement rien à dire et doivent se la boucler

C’est déjà malsain d’en arriver à de telles comparaisons, car l’UPC est loin d’être comme cela a été peut-être le cas ailleurs, le fait d’un manitou donné qui réunit quelques bonzes dans son laboratoire, leur donne des instructions, pour qu’ils lui pondent un projet in vitro. Celui-ci va ensuite se contenter de le faire valider en catimini. Il assurera toute la logistique de l’opération et assurera plus tard le financement de ce qu’il estime être « son parti », « sa chose ».

L’UPC est loin d’être de cette catégorie de partis. L’UPC est plutôt le fruit d’un long et immense travail d’équipes composées de personnes convaincues, comme on l’a vu. De ce fait, il ne peut-être qu’un patrimoine commun. Car, pour que l’UPC devienne ce « Grand Parti », il aura fallu pour cela au départ, des personnes dévouées, engagées, qui ont accepté de se sacrifier, pour concevoir d’abord ce projet et le mettre ensuite sur orbite.

Mais si certains pensent aujourd’hui au plus profond d’eux-mêmes qu’ils ont le droit de se l’approprier pour en faire « leur chose », il n ’est pas étonnant qu’avec un tel état d’esprit, on assiste à toutes ces dérives que nous vivons aujourd’hui.

On a d’ailleurs remarqué à un moment donné, que le comportement de certains dirigeants avait commencé à changer. Ils donnaient maintenant l’impression à ceux qui les côtoyaient, d’être devenus subitement, comme ces grands seigneurs qui finissent par se prendre pour Dieu, « Omnipotent et Omniscient », surtout quand les laudateurs de tout bord, ne cessent de tarir d’éloges à leur endroit.

C’est le début du culte de la personnalité qui s’installe en douce, un piège extrêmement dangereux pour tout dirigeant. Il faut savoir d’ores et déjà s’en départir, surtout quand on utilise des attributs divins pour vous qualifier.

Ces changements ont commencé en fait à s’opérer après 2012, quand certains ont peut être estimé que le Parti était maintenant suffisamment ancré, de sorte qu’ils n’avaient plus rien à craindre quant à l’avenir. C’est pourquoi, ils se permettaient maintenant de tenir certains propos, très offensants, du genre disant en substance ceci :

  « Si vous savez que vous n’avez pas d’argent, il est inutile de prendre des responsabilités au sein d’un parti comme l’UPC » ;

  « On ne peut pas prétendre être, conseiller ou dép uté, si on sait qu’on n’a pas les moyens de sa politique » ;

  Etc.

C’était des discours à présent plein de suffisance et d’arrogance, voire de mépris vis-à-vis de ceux auxquels cela s’adressait, ces sans-voix, ces sans-le-sou, ceux-là même avec lesquels nous avons pourtant chevillés et bataillés dur, pour implanter le Parti et réussir l’exploit de 2012.

1 ) SARL  : Société à Responsabilité Limitée
S.A  : Société Anonyme

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Ces propos malencontreux allaient malheureusement se retourner plus tard contre nous et cela ne pouvait en être autrement. Malgré l es mises en garde que nous faisions sur les conséquences contreproductives de tels propos, nous n’étions pas écoutés.

C’était déjà là, les premières dérives auxquelles nous assistions au sein du Parti. Comme nous le verrons d’ailleurs tout au long de ce rapport, il y’en aura encore d’autres, au fur et à mesure que nous évoluerons avec le temps.

3. DE L’IMPLANTATION DU PARTI ENTRE 2010 ET 2012 ET DE L’ECLATANTE
VICTOIRE DE L’UPC AUX ELECTIONS DE DECEMBRE 2012

Lorsque nous portions le Parti sur les fonds baptismaux en mars 2010, il faut avouer que très peu de personnes y compris même dans nos p ropres rangs, ne pariaient fort pour ce nouveau parti. On ne voyait encore qu’en ce nouveau né, un nième petit parti parmi tant d’autres, venu gonfler les rangs de la pléthore de partis qui composaient ce landernau politique burkinabè, déjà très encombré.

Bien plus grave, ce nouveau parti se réclamait de l’opposition politique, une opposition politique qui ne semblait plus tellement peser dans l’opinion publique, visiblement en perte de vitesse, totalement exsangue, fatiguée, usée et laminée par de longues et pénibles années de lutte, sans succès(2).

Même quand nous nous présentions pour la première fois aux élections législatives et municipales couplées de décembre 2012, très peu d’observateurs de la scène politique Burkinabè, accordaient un quelconque crédit à « notre affaire ».

On savait seulement que ce nouveau parti était dirigé par un ancien Ministre des
Finances de Blaise COMPAORE et que ce dernier était allé ensuite faire carrière sur le plan international. C’était peut-être un atout.

Mais le handicap qui avait été relevé en son temps,c’est qu’il n’était entouré que par des hommes pratiquement neufs, inconnus pour la plupart d’entre eux du grand public, donc sans grande expérience sur le plan politique.

Par contre, nous étions les seuls à être profondément convaincus, avec la détermination qui nous animait à l’époque, que nous étions capables de bousculer les hiérarchies et de changer les donnes sur le plan politique au Burkina.

Pour ce faire, nous nous étions dit qu’il nous fallait aller vite. Nous étions pris à la gorge par le calendrier de la CENI qui annonçait déjà que les municipales et les législatives pourraient être couplées et pourraient se tenir au dernier trimestre de l’année 2011.

Autrement dit, il nous fallait donc dans cet espace de temps réduit d’un an qui s’imposait à nous, réussir à implanter très rapidement les structures de base du parti, partout où cela était possible, de manière à disposer d’une infrastructure politique minima qui puisse nous permettre de compétir honorablement.

(2) Cela n’enlève en rien le mérite de ces derniers. C’est d’ailleurs l’occasion de rendre un vibrant hommage, à ceux-là que nous nous devons de reconnai tre aujourd’hui, comme les intrépides combattants de la liberté au Faso qui, près de 30 ans durant, ont tout bravé, tout donné, souvent pour certains jusqu’au prix de leur vie, pour que nous puissions nous aujourd’hui, bénéficier de ce nouveau vent de liberté qui souffle sur notre pays. Merci à tous ces martyrs.

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Nous devrions surtout réussir à relever ce défi qui consistait pour nous, à affronter et

à ébranler le CDP de l’époque, le méga-parti tant edoutér qui régnait jusque là sans partage. C’était à n’en pas douter un défi immense à relever, une mission presqu’impossible à accomplir en ce laps de temps.

En effet, nous venions de créer le parti. Nous partions pratiquement de zéro, sans grands moyens et de surcroit avec une équipe réduite de cadres, qu’on qualifiait d’ailleurs avec dérision, de « cadres sortis de nulle part, sans grande expérience sur le plan politique ».

Mais comme nous avions foi en ce que nous croyions, nous nous sommes tout de suite mis au travail dès juin 2010, après le top-départ lançant officiellement les activités du Parti.

C’est donc avec cette équipe réduite, composée essentiellement de « cadres inconnus, sortis de nulle part », appuyés par les « s ans-voix, les laissés-pour-compte du système en place, les presque sans-le-sou » que nous avons pu relever ce défi.

Ces derniers ont su compenser leur prétendu manque d’expérience de la chose politique, grâce à leurs propres savoir-faire perso nnels qu’ils ont su puiser de leurs différentes expériences professionnelles diverses et variées accumulées tout au long de leur vie.

Ils avaient aussi avec eux, cette parfaite connaissance du milieu dans lequel ils

évoluaient et des Hommes avec lesquels ils partageant quotidiennement les dures réalités du pays réel.

Sur cette base, nous avons œuvré de concert, en équ ipe soudée, travaillant avec détermination et abnégation, en parcourant le pays comme le font « les prêcheurs de la Bonne Nouvelle du Dimanche ».

C’était un véritable travail de fourmis, visitant maison après maison, ruelle après ruelle, rue après rue, lieux publics, lieux de divertissements et de réjouissance, de nos villes, de nos campagnes, jusqu’aux hameaux les plus reculés du Burkina profond.

C’est ainsi que nous avons pu asseoir les premières structures de base qui allaient constituer le socle de base de la future « force de frappe de l’UPC », avec laquelle nous avons surpris nos adversaires.

Il était bon de le rappeler ici, à la mémoire sélective de ceux qui ont tendance à oublier trop facilement aujourd’hui, ce qui ne les arrange pas. Ce n’était certainement pas chose aisée et ce n’était pas évident à l’époque.

Mais, comme on le dit souvent en matière de religion, « avec la foi, on est capable de déplacer des montagnes ». Nous avons donc cru fermement en ce que nous faisions, tant et si bien, qu’entre 2010 et 2011 nous disposions déjà d’une infrastructure politique de base qui pouvait permettre de mobiliser des foules autour de l’UPC.

Notre message, sur « le Changement , le Ték’songho (en Mooré), le yéléman’youma (en Dioula) »,du fait de la sincérité que nous portions en nous, a
été reçu cinq sur cinq par les populations.

Nous en aurions la preuve, lors de la première rentrée politique de l’UPC, en novembre 2011 à Ouagadougou. C’était la toute première grande manifestation que nous organisions depuis la création du Parti en 2010.

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Cette première rentrée politique était pour nous comme une sorte d’opération test qu’il ne fallait en aucun cas rater. Nous avions alors pris le pari sur nous, de l’organiser et de la réussir à la Maison du Peuple, une salle de spectacle, pas toujours facile à remplir.

Heureusement pour nous, nous gagnerions notre pari. C’est une Maison du Peuple des grands jours, parée des couleurs de l’UPC à l’extérieur comme à l’intérieur, que nous avons vue ce jour là. Elle était archi comble, débordant de militants survoltés, venus de tous les secteurs et villages de la province du Kadiogo, ainsi que d’autres provinces proches de Ouagadougou, comme le Bazèga, le Boulkiemdé, pour ne citer que celles là.

C’était l’euphorie. On estime à environ 10 mille militants, tous de vert/jaune vêtus des couleurs du Parti, qui ont pris d’assaut cette Maison du Peuple qui ne peut en réalité accueillir, toutes places confondues, que cinq à six mille personnes au maximum.

On a d’ailleurs dû aménager la cour de la Maison du peuple, pour permettre à ceux qui n’avaient pas trouvé place à l’intérieur, de pouvoir suivre ce premier grand meeting d’entrée de l’UPC sur la scène politique Burkinabè.

Ce fut là, la première surprise et en même temps un message fort que nous adressions à tous ceux qui ne nous avaient pas pris au sérieux. L’éclat qu’a connu cette manifestation, a été un détonateur pour nous. Elle nous confortait davantage dans nos convictions profondes, que nous étions sur le bon chemin et que nous étions véritablement capables de bouleverser toutes les donnes politiques au Burkina.

Nous étions tellement convaincus avec la foi qui nous animait à l’époque, que nous étions capables de remporter les élections présidentielles de 2015 contre Blaise

COMPAORE. La seule condition est que nous restions unis et que nous puissions arriver à mettre en place avec toute l’opposition, un système de contrôle nous garantissant, comme lors de ces dernières élections, un minimum de sincérité dans les urnes.

Les élections municipales et législatives qui avaient donc été prévues pour la fin de l’année 2011, furent reportées dans un premier temps au premier trimestre de 2012, puis finalement en décembre 2012. Ces reports successifs de dates furent bénéfiques pour l’UPC.

Nous mettrons en effet à profit ces reports, pour consolider les structures déjà existantes, tout en poursuivant le travail d’extension dans les zones qu’on n’avait pas pu encore explorer. Le même travail se faisait para llèlement à l’étranger, dans les pays où nous estimions avoir une forte diaspora bur kinabè.

On peut dire qu’on s’y est véritablement investi à cette occasion, chacun, selon ses moyens, son temps, sa disponibilité. On connait maintenant les résultats de cet effort collectif, de ce travail herculéen qui aura permis de creuser les fondations et d’ériger ce bâtiment qui attirera par la suite tant de monde .

C’est donc dans cette ambiance empreinte de confiance et d’assurance, que nous avions abordé les élections municipales et législatives couplées de décembre 2012.

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Coup de tonnerre, car ce fut la deuxième surprise. Contre toute attente, l’UPC avec 19 députés (3), se classa 2ème après le CDP, devenant du coup la 1ère

formation politique de l’opposition politique au Burkina. Pour un coup d’essai, ce fut un véritable coup de maître.

Dans cette ambiance euphorique, due à ce succès inattendu qui nous enorgueillissait tous, nous étions loin de nous imaginer qu’il y’avait déjà des plans machiavéliques de déstabilisation en préparation contre certaines d’entre nous. Ces personnes identifiée devaient d’ores et déjà être écartés, parce qu’ils commençaient à déranger.

En effet, rien ne présageait en ce moment de ce que certains mijotaient en secret dans leur tête. Habités que nous étions, par le mêm e désir de réussir ensemble la mission noble que nous nous étions fixée, nous semblions être une équipe soudée, autour d’un chef que nous avions tous adoubé, non seulement à cause de son charisme, mais aussi du fait que, bardé de diplômes les plus prestigieux et auréolé de gloire grâce à un parcours professionnel hors du commun en Afrique, il était pour nous le meilleur, le champion tout désigné.

A cette époque, nous nous sentions vraiment l’âme d es champions, des gagnants et n’avions plus de mire que la Présidence du Faso, notre prochain objectif. Dommage, car déjà nous ne regardions plus tous dans la même direction.

De plus comme en de telles circonstances, la victoire éclatante de l’UPC allait attirer toutes les convoitises, un phénomène tout à fait logique et normal en société et surtout en politique. C’est ainsi que la plupart de tous ceux qui hésitaient encore à s’afficher, commencèrent à rejoindre le Parti.

Même ceux qui ne s’étaient jamais essayé en politique, se sont dit, au vu de la prouesse réussie par ces mêmes « personnes sorties d e nulle part », que finalement la politique n’était pas si difficile que ça.

Il suffisait d’avoir le courage de se jeter à l’eau et d’apprendre à nager comme tout le monde dans ces eaux, on le sait, troubles et insalubres de la politique. C’est aussi à ce moment, comme nous le verrons dans cette 3ème partie que tout va commencer à déraper.

4. DE L’INSTAURATION DES 2013 DE LA ‘’COMPLOTITE’’ COMME MODE DE
GOUVERNANCE ET DE LA DESTABILISATION DU PARTI

Galvanisés par cette victoire inattendue et de cette opportunité qui s’offrait à nous, pour renforcer davantage les assises de notre Parti, nous nous sommes tous mobilisés afin d’amener le maximum de personnes à adhérer au Parti. Ce fut le rush et l’euphorie à l’UPC. Les guéguerres commencèrentà voir le jour entre militants, un phénomène social tout à fait normal et logique, comme on l’a dit, surtout en politique.

Mais là où le bat blesse, c’est lorsqu’on se rend compte que certains d’entre nous au niveau de la hiérarchie, vont profiter de cette affluence de nouveaux venus au sein du Parti, pour monter certaines personnes qu’ils vont alors instrumentaliser et téléguider, avec pour mission (secrète, cela s’entend) de déstabiliser certaines personnes qui étaient ciblées.

(3) On sait que ces résultats officiels n’ont pas reflété totalement la réalité des urnes, à cause notamment des nombreuses irrégularités constatées àç et là, les manipulations et autres tricheries opérées dans des officines secrètes, toutes choses qui auront privé l’opposition de probables sièges supplémentaires qui leur revenaient de droit.

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Elles avaient notamment reçu pour mission de semer le maximum de zizanie lors des réunions, afin de justifier in fine, les changements qu’on voulait opérer à certains niveaux dans le Parti.

Mais on comprendra plus tard, que toutes ces manœuv res de déstabilisation entraient en fait dans le cadre d’un plan plus subtil de contrôle du Parti. En effet, certains d’entre nous on ne sait quel mouche les a piqués, se sont pris la tête à un moment donné en pensant que le temps était peut-être venu pour eux, de commencer à écarter d’ores et déjà certaines personnes du Parti, identifiées come gênantes. Leur but était d’arriver à contrôler à terme le Parti et rester ainsi les seuls maîtres à bord.

Ceux qui étaient particulièrement visés par cet inique projet, ce sont ceux qui avaient déjà été identifiés parmi nous, comme étant des ‘’têtes brulées’’, ceux qu’on appelle les ‘’empêcheurs de tourner en rond’’, avec lesquels il n’est pas du tout facile de jouer des complicités pour les sales besognes.

En fait, il s’agissait de ceux qui dérangeaient surtout, de par leur liberté de penser et de leur courage affiché, à apporter quelques fois la contradiction dans les débats.

Mais, comme nous baignions tous dans le même marigo t, ce genre de secret ne peut-être gardé longtemps et fini toujours par se s avoir.

Dans l’esprit de ceux qui se nourrissaient déjà de telles ambitions, c’était mieux de se débarrasser au plus tôt de ceux-là qu’on avait décidé d’écarter, car plus le temps passera, plus il sera difficile de le faire ultérieurement. C’est pour éviter que ces derniers n’aient le temps de se faire une assise au sein du Parti et peut être une certaine notoriété au plan national, voire international.

Cela gêne les futurs despotes, les futurs autocrate s, les futurs dictateurs. Cette race d’Hommes politiques ne souffrent généralement pas d’avoir à leur côté des compagnons susceptibles de les contredire en quoi que ce soit ou, susceptibles d’être un jour leurs concurrents. Pour cacher leur faiblesse, ils préfèrent s’enfermer dans une sorte de phobie à eux, en soupçonnant tout le monde de vouloir leur ravir leur poste.

C’est minable, dira-t-on, comme état d’esprit. Malheureusement dans nos pays, l’égo surdimensionné de la plupart de nos dirigeants, ne permet pas qu’il en soit autrement. Il manque encore chez nous, ces ‘’GrandsHommes’’ dont parlait Barak

OBAMA.. Même à l’UPC malheureusement, les faits et les pratiques en cours tendent à conforter une certaine opinion qui pense que l’UPC souffre aussi de cette damnation.

On constate en effet avec désolation, que dans notre Parti, la promotion des cadres pose véritablement problème. Même pour ceux qui ont la chance d’être promus, on a l’impression que les collaborateurs sont considérés comme des pions, des pantins qu’on place et déplace à la guise, dans le seul et unique but de ne satisfaire que des ambitions politiques purement personnelles

On voit visiblement que le plan d’éviction monté ic en secret, semble malheureusement s’inscrire dans le sillage de cet état d’esprit et de cette logique lamentable.

Mais jouer à ce jeu dans le cadre de l’UPC, alors que notre Parti venait de prendre son envol, c’était incontestablement jouer à un jeu dangereux auquel il ne fallait jamais se livrer, surtout pas à une étape aussi cruciale et déterminante par rapport aux défis qui nous attendaient.

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Nous venions en effet de faire un tabac, comme on le dit dans le langage courant.

Nous venions de démontrer à la face du monde, que ce Parti qu’on avait sous-estimé au départ, était non seulement venu avec des ambitions nobles, mais était capable d’apporter de profonds changements au Burkina Faso. Mêmes nos adversaires avaient commencé à s’inquiéter en se disant, qu’ilfallait dorénavant compter avec ce nouveau parti, un parti à surveiller de près.

Mais nos adversaires n’auraient pas dû s’en inquiéter outre mesure, puisqu’immédiatement après ce coup de bluff de décembre 2012, nous allions nous-mêmes leur faciliter la tâche, en mettant en marche ce que nous avons appelé ici une politique d’autodestruction (impensable et inimaginable) à la hara-kiri.

Ceci dit, c’est donc le plus logiquement du monde, que nous pensions que toute l’attention de notre équipe ne devrait plus se focaliser, qu’autour de cet objectif ultime, que sont les présidentielles de 2015. On se disait le plus naturellement du monde, que nous devrions continuer sur notre lancée de 2012, en nous préparant secrètement, comme nous l’avions fait entre 2010 et 2012.

Nous étions tellement confiants avec cette approche, en nous disant qu’il n’y avait aucun doute que nous étions une fois de plus capables, de surprendre nos adversaires y compris le CDP et déboulonner, pourquoi pas, démocratiquement

Blaise COMPAORE du pouvoir. Nous y avions cru fermement, car pour nous ce rêve était à notre portée, à condition bien entendu, que nous restions unis, soudés, comme en 2012.

Mais nous ne savions pas, que d’autres avaient d’autres plans enfouis dans leur tréfonds. Visiblement, nous n’étions plus du tout sur la même longueur d’ondes.
D’autres jouaient ‘’faux’’. C’est le moins qu’on puisse dire.

Comme pour corroborer ce qui se chuchotait en bas, c’est à ce moment que la Direction du Parti pris une décision, demandant de procéder entièrement et systématiquement au renouvellement des bureaux de toutes les structures de base qu’on venait à peine d’installer.

Pour certains, c’était comme pour accompagner ce plan secret de déstabilisation dont on avait confié par ailleurs l’exécution sur el terrain à ces activistes et autres groupuscules de tout bord, montés à cet effet.

La décision qui avait été prise sans une évaluationsérieuse, au prétexte fallacieux selon lesquels les Comités en place ne fonctionnaient pas à satisfaction, fut très mal accueillie par la plupart des militants à la base.

Ceux-ci ne comprenaient pas trop bien pourquoi on peut se permettre de dissoudre des structures qui venaient à peine d’être installées, au prix pour ceux qui le savent, de mille et un sacrifices, en temps, en argent et surtout en pénibilité de travail.

Comme beaucoup le relèveront au passage, ce sont pourtant ces mêmes structures qui venaient de réussir l’exploit fabuleux de décembre 2012. Mais comme cette décision semblait tenir à cœur la hiérarchie, celle -ci fut maintenue, contre vents et marées. Il fallait coûte que coûte procéder à ces r enouvellements, comme édicté.

Cette mésentente entre la hiérarchie et la base créera comme une sorte de malaise qui sera à l’origine des premières fissures au sein du Parti.

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En effet cette décision incomprise par la base commençait à agacer et à empoisonner l’atmosphère. On sentait de plus en plus, la lassitude, le découragement, la démotivation, gagner petit à peti les esprits. Les militants les plus engagés avaient l’impression qu’ils s’étaient sacrifiés totalement pour rien (au propre comme au figuré).

La ‘’complotite’’, la délation, les intrigues avaient pris le pas sur l’esprit d’équipe, d’entente et de cohésionqui prédominait jusque là. Visiblement, les rencontres étaient plutôt devenues le lieu privilégié pour se régler les comptes. Las de cette ambiance exécrable de travail, les militants commencèrent à déserter nos réunions et nos rencontres. La démobilisation des troupes étaient perceptible.

Les seules activités politiques qui pouvaient encore retenir l’attention de ces derniers, c’était lorsqu’ils étaient convoqués, pour organiser les meetings et marche-meetings de l’opposition. Celles-ci étaient devenues du coup, les seules activités auxquelles ils prêtaient encore un intérêt.

Le principe de renouveler systématiquement tous les Bureaux tous les 4 ans, pour rester conforme aux textes de base du Parti, est louable en soi. Mais là où le bat blesse, c’est la manière dont cette question a ététraitée par la Direction du Parti.

Certains estimaient d’ailleurs, que si on voulait vraiment bien faire, il eut été plus intelligent pour un parti encore en construction, de procéder à ces renouvellements au cas par cas, de manière à ne pas briser l’élan que le Parti venait de prendre.

Cette précaution avait l’avantage selon eux, de préserver au niveau de chaque structure de base, ce qu’on appelle les noyaux durs d’un parti, composés le plus souvent de militants engagés, aguerris, intrépides et qui restent acquis à la cause du parti, quoiqu’il advienne. Si une telle option avait été retenue, on aurait certainement gagné en temps et en efficacité, pour préparer tranquillement 2015.

On savait que dans la réalité tous les Bureaux n’avaient pas 4 ans d’existence en 2014. En retenant cette hypothèse, c’était comme sitoutes les structures concernées avaient été toutes installées en même temps en 2010. Or, lorsque nous arrivions aux élections en décembre 2012, des bureaux étaient toujours en cours d’installation.

L’approche de la Direction était un peu trop théorique. Elle ne tenait aucunement compte de l’impact et de la portée politique de cette question sur le terrain. Mais comme la Direction tenait mordicus à ce qu’on renouvelle tout, il fallait donc remettre tout à plat et repartir à zéro.

On ne peut pas s’imaginer le dégât causé par cette décision au sein du Parti. Dans certaines provinces la zizanie créée avait atteint un tel niveau, que plusieurs mois après, c’était l’impasse. Le processus de renouvellement piétinait. Or nous tendions maintenant vers la fin de l’année 2013, sans qu’on ait avancé d’un pas sur cette question..

On s’était alors posé un certain nombre de questions à cette époque, pour essayer de comprendre l’incompréhensible.

  Pourquoi, avoir fait de cette question de renouvellement des Bureaux une fixation, au point de cristalliser toutes les énergies ?

  Pourquoi prendre le risque de paralyser le Parti, comme ce fut le cas dans certaines provinces et non des moindres, toute une année durant, surtout en cette année 2013 que nous considérions comme une année charnière et déterminante pour nous ?

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  Cette question de renouvellement, bien qu’importante, ne méritait pas tant à notre avis, au regard de ce qui devait être logique ment notre principale préoccupation, à savoir, continuer sur notre lancée de décembre 2012 et nous préparer tranquillement pour 2015.

  Pourquoi avoir donc pris cette décision presque surréaliste, comme quelqu’un qui cherche à se faire hara-kiri, en remettant tout à plat et à vouloir tout reprendre à zéro, sans daigner consulter la base et requérir leurs avis sur la portée et les conséquences politiques d’une telle décision ?

  Pourquoi persister dans l’erreur, en continuant à ignorer royalement le mécontentement et les réprobations de ceux-là même qui sont à la base de cette opération, c’est-à-dire ceux qui ont passé le temps à s’échiner sur le terrain jour et nuit, pour assoir avec toutes les difficultés qu’on sait, un Comité par-ci, un Comité par-là ?

  Pourquoi d’ailleurs renouveler systématiquement tout, sans discernement aucun, quand on connait non seulement les difficultés liées à cette opération, mais quand on sait aussi par ailleurs que, dans la réalité, nous étions toujours entrain d’installer les structures de base en décembre 2012.

  Rappelons en passant, que nous-nous étions déjà préparés à l’avance, dans nos différents états-majors à la base, pour reprendre ce travail d’installation et d’extension du Parti, une fois les élections de 2012 passées.

  Les troupes étaient donc prêtes et étaient à ce moment dans de très bonnes prédispositions d’esprit. Elles étaient comme dopées par les résultats encourageants que nous venions d’obtenir aux législatives et aux municipales.

  C’est dire que les conditions étaient toutes réunies pour que nous continuions

à dérouler tranquillement en silence, la machine de la VICTOIRE que nous avions stratégiquement mise en marche depuis 2010.

  Mais pourquoi avoir pris juste en ce moment cette décision qu’on a encore du mal à s’expliquer, sinon qu’elle devait desservir des desseins inavoués ?

  Pourquoi dissoudre totalement toute cette infrastructure qu’on a eu tant de mal à construire et de remettre en cause, par la mê me occasion, les équipes déjà en place ?

  Pourtant ce sont ces mêmes équipes qui, malgré les préjugés qui pesaient sur eux, sur leur prétendu manque d’expérience politique, ont su de par leurs équations personnelles surmonter cet écueil (si c’en était un), et réussir l’exploit des plus inattendus de décembre 2012.

  Pourquoi donc changer en cours de compétition une équipe qui gagne ? C’est un principe élémentaire de management, connu de tous les coachs du monde, même jusque dans nos villages les plus reculés que ce sont des risques à ne jamais prendre quand on manage, gère et dirige une équipe qui est en compétition.

  C’est pourtant ce qui s’est passé à l’UPC où les principes les plus

élémentaires en matière de management des Hommes ont allègrement été foulés au pied

  On est d’autant plus sidéré, quand on sait par ailleurs que ce parti regorge de cadres compétents de très haut niveau, y compris le ‘’Chef’’ lui-même, expérimentés, rompus à la science du management des organisations.

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  Il y’avait certainement d’autres motifs inavoués qui ont probablement guidé cette décision. Au lieu de consolider le Parti au moment où on en avait vraiment le plus besoin, cette décision totalement inopportune allait au contraire l’ébranler et le déstabiliser totalement.

Quel désastre est-on tenté de conclure ici à cette étape de notre analyse !

Il est évident qu’avec l’introduction de cette ‘’complotite’’, comme mode de gouvernance du Parti, on ne pouvait qu’arriver à ce désastre, un peu à l’image de quelqu’un qui a décidé volontairement de se suicider, de s’autodétruire à la hara-kiri. Il n’y a pas d’autre qualificatif pour cela. C’est impensable et inimaginable. Mais c’est cela la réalité.

5. DE LA POURSUITE EN 2014 DE LA GESTION DESORDONNEE ET
CHAOTIQUE INTRODUITE DANS LE PARTI

C’est donc dans cet état lamentable que le Parti abordera l’année 2014. On s’acheminait vers la tenue du 1er Congrès ordinaire, prévue pour le 1er mars 2014, Congrès au cours duquel, les mandats des bureaux renouvelés devaient être validés. Du coup, le renouvellement des structures était devenu un impératif.

Mais, comme on n’avait pas pu avancer concrètement dans le renouvellement des structures, le Congrès fut décalé jusqu’au mois demai 2014, afin de permettre aux uns et aux autres de s’organiser et procéder vaille que vaille, à ces renouvellements.

Vu le peu de temps dont nous disposions pour ce gigantesque travail de remise à plat, nous dûmes dans certaines provinces, monter d es opérations de type commando, dont nous sommes coutumiers dans ce pays. Il fallait tout faire pour rester dans les délais.

Mais, comme dans toute opération commando où il ne faut pas s’encombrer de trop de détails, nous procéderions à l’installation des bureaux sans prendre évidemment, toutes les précautions élémentaires d’usage qu’on vait l’habitude de prendre, pour asseoir nos bureaux.

Ce genre de travail, Il faut le dire, aurait nécessité plus d’une année de travail plein, dans le cas de certaines provinces. C’est donc dans ces conditions d’urgence que nous avons réussi tant bien que mal, à asseoir des Bureaux et des structures plus ou moins achevés.

Après le Congrès tenu en mai 2014, on se retrouvait maintenant dans la seconde moitié de l’année 2014. Comme nous avions perdu pratiquement toute l’année 2013 ainsi que la moitié de l’année 2014 sans rien faire, nous nous sommes dit qu’il fallait plus que jamais aller vite, sinon nous n’arriverons pas à terminer à temps tous ces chantiers que nous avions laissés en suspens depuis le début 2013.

Il y’avait incontestablement beaucoup à faire. En plus du temps qu’il fallait consacrer aux structures classiques que sont les Comités, les Sous-sections, les Sections, les Fédérations, il fallait maintenant ajouter les chantiers relatifs à l’implantation des nouvelles structures qui venaient d’être créées, dans le cadre des nouveaux statuts adoptés par le dernier Congrès.

Il s’agissait de toutes ces unions à mettre en place, celle des femmes, des Jeunes, des anciens, des commerçants, etc., sans qu’on ne sache trop bien comment étaient organisés les liens et relations hiérarchiques entre elles.

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A cette situation quelque peu cacophonique, il fallait ajouter tous ces groupuscules et activistes qui n’avaient pas désarmés. Bien au contraire, ils avaient aussi repris du service et continuaient de plus belle leur travail de sape dans l’ombre.

A présent, c’était l’imbroglio total, un véritableméli-mélo où on ne savait plus trop bien qui est qui et qui fait quoi. Peut-être que to ut ceci était sciemment voulu et machiavéliquement planifié.

Tout cela donnait maintenant l’impression qu’il y’avait de sérieux problèmes de coordination et de management au sein de l’UPC. Incroyable, impensable quand on s’imagine que ce Parti est dirigé par un des cadres le plus en vue dans ce pays et qu’il était entouré de cadres de très haut niveau, dont certains sont rompus à la science de l’organisation et du management des structures.

Mais, nous étions obligés de nous rendre à l’évidence, car voilà ce qu’était devenu ce ‘’Grand Parti’’ dont nous avions tous rêvé et porté sur les fonds baptismaux en 2010.

Malgré tout, ceux qui y croyaient encore essayaient de se réorganiser comme ils le pouvaient. Mais, il était devenu de plus en plus difficile de travailler dans de telles conditions. On sentait bien que les différentes tendances qui se sont constituées de fait, essayaient chacune de son côté de tirer la couverture à elle.

Quand on essayait d’attirer l’attention sur cette « pagaille organisée » qui s’est installée dans le Parti, certains se contentaient de lancer en l’air, avec désinvolture, la formule lapidaire comme quoi « c’est ça la politique ! ».

C’était clair. Apparemment dans l’ensemble, on se fichait pas mal de savoir si le Parti se portait bien ou pas. Pour ces groupuscules de l’ombre, on sentait que beaucoup d’entre eux venaient aux réunions, aux rencontres, dans le but de provoquer autant que faire se peut, des débats contradictoires houleux qui ne faisaient qu’envenimer et empoisonner l’atmosphère.

Il fallait coûte que coûte, prouver que les structu res ne marchaient pas du tout, conformément aux bruits qu’ils avaient commencé à faire circuler à ce propos. Il fallait tout faire pour justifier le bien fondé de cette décision de renouvellement prise par le Directoire. Mais ceux qui savaient, savaient et n’étaient pas du tout dupes de cette supercherie très subtile.

Le climat était donc devenu totalement malsain au niveau de l’UPC et quand on imagine que tout ce jeu et toutes ces manœuvres se faisaient au su et au vu de la hiérarchie du Parti, sans que personne ne réagisse pour mettre un terme à ce « foutoir » (permettez l’expression), on ne pouvait q u’être déboussolé par ce qui s’y passait. On se posait vraiment des questions parce qu’on cherchait toujours à comprendre. On se demandait :

  Que se passe-t-il vraiment à l’UPC ?

  Que voulons-nous en fin de compte, pour continuer à jouer à ce jeu qui ne peut, à la longue, que nous perdre ?

  Quelle lecture faire de tout ce méli-mélo ?

  Quelles réponses donner à ces militants de base qui s’adressaient à vous, désemparés, parce qu’eux-mêmes ne comprenaient plus rien et qu’ils ne savaient plus très bien à quels saints se vouer ?

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  Cherchions-nous vraiment à avoir le pouvoir en 2015, si à ce stade nous devons commencer à nous entredéchirer pour des strapontins de positionnement au sein d’un Parti qui a oublié qu’il n’a pas encore le pouvoir ?

  Etions-nous vraiment conscients au sommet du Parti, qu’à la base du Parti c’était la chienlit ?

  Avions-nous vraiment conscience au sommet du Parti qu’à ce rythme, il ne fallait point espérer remporter ces présidentielles prévues en 2015, si d’aventure nous venions à nous présenter dans de telles conditions ?

  Etc.

Autant de questions qui prouvent, si on ne veut pas continuer à se mentir à soi-même, que l’UPC dès ce moment avait perdu les élections de 2015, quelque soit le scénario (avec ou sans Blaise COMPAORE).

Il faut reconnaitre en effet, qu’avec la zizanie et la chienlit sciemment créées au sein du Parti, nous étions entrain de nous éloigner peti à petit, sans que beaucoup d’entre-nous ne s’en aperçoivent vraiment, de ce Pacte implicite de confiance qui régnait entre nous et qui est en fait à la base de notre réussite en 2012.

Peut-être que les tenants et aboutissants de ces pl ans sordides, avaient probablement des idées bien arrêtées à eux et savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Mais pour nous, c’était totalement irresponsables de leur part, car tout ceci ne peut relever que de ce type de calculs machiavéliques auxquels certains
« hommes politiques » aiment s’adonner, dans le seul but de se masturber l’esprit.

Sinon comment comprendre qu’on puisse manager de la sorte un parti et vouloir gagner des élections. Pour décrypter l’incompréhensible, on est tenté quelque part, d’accorder un certain crédit à ce qui se susurrait déjà à l’époque, à propos de cette situation.

Certains pensaient que la hiérarchie de notre Parti s’était convaincu à un moment donné, qu’avec cette équipe composée essentiellemen « de ces cadres sortis de nulle part sans passé politique aucun » et de ces « p resque sans-le-sou » avec lesquels le Parti avait été bâti, on ne pourrait jamais faire le poids en 2015, face à un
Blaise COMPAORE et son CDP, au summum de leur puissance.

Même si on savait par ailleurs, que ce sont avec ce s mêmes cadres et ces « presque sans-le-sou » que l’exploit en 2012 avait été rendu possible, il n’en demeurait pas moins que la conviction était déjà faite qu’il ne fallait pas trop miser sur ces derniers.

Sur cette base donc, l’option fut prise peut-être à cette époque et seul dans le secret des dieux, de bâtir dorénavant une stratégie parallèle de conquête du pouvoir, non plus à partir de la base arrière de l’UPC (trop faible), mais en comptant beaucoup plus sur les alliances qu’on allait maintenant s’évertuer à construire dans le cadre du
CEFOP.

Il n’est donc pas étonnant qu’à partir de ce moment, toutes les énergies et tous les moyens aient été déployés dans ce sens. Cette stratégie ‘’secrète’’ se fera sentir de plus en plus, chaque jour davantage, avec les efforts qu’on fournissait pour faire adhérer le maximum de partis politiques et d’organisations de masse de la société civile au CEFOP. Le plein sera fait avec l’arrivée du MPP au sein de la famille
CEFOP.

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Entre temps, la crise relative à la modification de l’article 37 s’exacerba. Nous étions aux mois de septembre-octobre 2014. Comme à chaque fois quand il était question de meetings et marches-meetings de l’opposition, nous retrouvâmes subitement notre ‘’âme’’, notre semblant d’unité.

Cette fois c’était de bonne guerre face au péril extérieur qui nous guettait tous. Nous nous sommes de nouveau unis derrière notre chef qui, en tant que Chef de file de l’opposition politique, conduisait une fois de plus ce vaste mouvement de contestation populaire. C’était la dernière ligne droite de ce bras de fer entre pouvoir et opposition.

Celui-ci n’avait jamais atteint un tel niveau d’explosion. « Ça passe ou ça casse », lançait-on du côté de l’opposition. Puis, la crisedébouchera sur cette historique et désormais célèbre insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Cette insurrection venait ainsi mettre fin au long règne de Blaise COMPAORE au pouvoir. Puis ce fut la Transition, une Transition au cours de laquelle les intérêts du Parti furent bradés. Vu ce qui s’est passé, on ne saurait le dire autrement.

6. DU BRADAGE DES INTERETS DU PARTI LORS DE L’INSTURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014

Blaise COMPAORE venait ainsi de partir précipitamment du pouvoir. Beaucoup de personnes furent pris de court avec ce départ précipité, en commençant par ceux qui conduisaient ces mouvements de contestations populaires.

La question qui se posait maintenant, à l’instant (t), c’était de savoir comment gérer cette situation à laquelle on ne s’attendait pas et à ce cas de figure auquel on ne s’était peut-être pas tellement préparé ?

Comment faire devant cette situation devenue explosive où vous avez maintenant en face de vous, cette même population, survoltée, sur excitée qui ne cessaient de réclamer ici et maintenant, tout de suite, un Chef à la tête de l’Etat pour prendre en main la suite des opérations.

Le Chef de file de l’opposition qui à leurs yeux, avaient réussi jusqu’au bout, à rassembler, coordonner et conduire toutes ces manifestations de protestation était pour eux, d’office, tout désigné.

Mais celui-ci qui à priori, était celui qui devait dans la logique des choses, continuer à assumer ses responsabilités de ‘’Chef’’, apparaitramalheureusement au fur et à mesure qu’on s’enlisait dans la crise, heure après heure, jour après jour, comme un homme totalement désemparé, hésitant, tant dans sesprises de position que dans ses prises de décision.

On ne reconnaissait plus ce Chef qu’on voyait à la manœuvre lors des meetings. Attitude calculée, mais mauvais calculs, car le peuple dehors, mécontent commençait à désapprouver

Par contre, il avait en face de lui, ses partenaires d’hier qui en Hommes politiques avisés, aussi calculateurs, probablement plus habitués à ce genre de situation, semblaient apparemment plus sereins, mieux organisés, sachant ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire. Personne donc d’entre eux dans cet imbroglio total, n’osait prendre d’initiative. Ils se regardaient en chiens de faïence

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Ce qu’il faut dire ici, ce n’est certainement pas en ces moments particulièrement difficiles où on est sur le grill, qu’il faut voulo ir chercher maintenant à réfléchir pour trouver des solutions et gérer cette situation qui n’aurait pas dû surprendre, tout au moins le ou les leaders.

En d’autres termes, la situation peut avoir surpris le commun des mortels, mais certainement pas ceux ou tout au moins celui qui était aux commandes et qui semblait piloter tout ce processus de main de maître.

Sans conteste, il fallait y avoir pensé bien longtemps avant, dès le départ, en envisageant tous les scénarii possibles, avant de s’engager et d’engager les autres, dans cette course folle vers le pouvoir.

Gouverner, c’est prévoir, dit-on Un principe élémentaire de management qui ne semblait pas avoir effleuré l’esprit de celui ou ceux qui ont initié et conduit ces vastes mouvements de contestations, presque deux ans durant. A voir la manière dont on conduisait les choses au niveau du CEFOP, on sentait vraiment l’improvisation, le tâtonnement.

Les populations dans la rue, continuaient à s’impatienter sérieusement et menaçaient même de se retourner contre leurs leaders d’hier, s’ils n’accédaient pas immédiatement à leurs attentes. La situation était devenue tellement explosive qu’il fallait tout faire pour trouver d’urgence une solution.

Il n’y avait pas d’autre solution, que de se retourner vers l’armée, afin de nous aider à stabiliser une situation de plus en plus chaotique et qui risquait à tout moment de déraper et plonger peut-être le pays dans une guerr e civile. Heureusement, Dieu aidant, le pire fut évité.

Une fois la situation plus ou moins stabilisée, il fallait maintenant s’asseoir ensemble, en présence de toutes les forces censées avoir pris part à l’insurrection populaire, pour voir concrètement comment faire pour remettre les choses en place et gérer la suite des opérations.

Au starking bloc, il y’avait donc tous ces partis politiques et autres mouvements de masse de la société civile, tous regroupés au sein du CEFOP, auxquels il fallait associer maintenant les autorités coutumières et religieuses, sans oublier bien entendu, les forces armées nationales vers lesquelles nous avons été obligés de nous tourner pour nous sauver du désastre.

Ces dernières n’en demandaient d’ailleurs pas plus. C’était comme du pain béni pour certains d’entre ces militaires qui, sans nul doute, caressaient aussi le rêve secret de prendre ou de contrôler un jour le pouvoir, si l’occasion leur en était donnée. L’occasion était donc belle et se présentait aujourd’hui à eux comme du pain béni sur un plateau d’argent.

On était maintenant en présence d’une équation de uccession au pouvoir, très compliquée à résoudre. Il y’avait un peu trop de prétendants à la succession de

Blaise COMPAORE, ceux qui sont à découvert et ceux qui sont tapis dans l’ombre, épiant et guettant les moindres faux pas des adversaires. Que faire alors ?

Mais de discussions en discussions, de tractations en tractations et de marchandages en marchandages on finira par trouver, comme on le sait maintenant, des solutions plus ou moins alambiquées pour asseoir les organes de la Transition.

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Ces organes devaient en principe assurer la continuité de l’Etat, en expédiant notamment les affaires courantes et en organisant à terme, des élections propres, libres et crédibles, dans l’esprit d’un renouveau démocratique que tout le monde souhaitait voir éclore enfin au Burkina.

Une Charte pour régir cette Transition fut négociéeet signée par toutes les parties en présence. Un Gouvernement fut mis en place avec Michel KAFANDO comme Président du Faso et Yacouba Isaac ZIDA comme premier Ministre. Un Conseil National de la Transition (CNT), tenant lieu d’Assemblée Nationale fut également mis en place, avec Chérif SY comme Président.

On sait aujourd’hui que de toutes ces tractations et autres marchandages pour asseoir la Transition, l’UPC en tant qu’entité politique distincte a été bradée sur l’hôtel d’intérêts purement égoïstes, les intérêtsdu groupe UPC ayant été royalement ignorés.

Nous n’en voulons pour preuve qu’aucun cadre UPC pressenti, n’a été retenu pour faire partie du Gouvernement de la Transition,. On ne sait d’ailleurs pas jusque là les raisons de ce revirement de situation, quand on sait qu’il leur avait même été demandé de préparer leur CV en conséquence. Par contre, les cadres des autres partis et des organisations de masse avec lesquels nous avons cheminés ensemble au CEFOP, ont bel et bien été retenus.

C’est désolant de le redire ici à cette occasion, mais nous avons un véritable problème de promotion des cadres au niveau de l’UPC. Sans tomber dans l’esprit de la course systématique aux postes de responsabilité, nous pensons qu’il y’a des moments où le positionnement des cadres de l’UPC, d ans la logique de notre combat, s’impose comme un choix stratégique et une nécessite.

Il faudrait qu’on songe de plus en plus au niveau de l’UPC, à permettre aux cadres, de se faire aussi la main et de se préparer à assumer les responsabilités d’Etat auxquelles il faut s’y préparer, si d’aventure un ourj nous sommes appelés à diriger ce pays. Au lieu de cela, nous optons toujours pour rester en retrait, avec toujours de fallacieux prétextes qui ne résistent pas à l’analyse.

Ce fut la même logique et presque le même scénario , lorsqu’il a été question de définir et d’asseoir l’organe législatif de la Transition. En effet, lors des toutes premières réunions de concertation pour asseoir l’organe législatif de la Transition, la proposition avait été faite de retenir d’office, l’ensemble des 29 députés de l’opposition (dont 19 de l’UPC), pour constituer l’ossature de base de ce qui avait déjà été retenu comme la future Assemblée Nationalede la Transition (ANT).

L’idée c’était de compléter ce nombre avec les représentants de toutes les autres parties prenantes au processus de la Transition. Cela semblait logique car cette proposition s’inscrivait dans l’esprit de la continuité de l’action et de l’œuvre accomplie par ce groupe des 29 Députés. Ceux-ci, il faut le reconnaître, avaient su mener tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’hémicycle, ce combat contre la modification de l’article 37 et contre l’instauration d’un Sénat, projets de loi qu’ils ont toujours rejetés.

On se souviendra d’ailleurs que tout est parti, de ce mémorable appel de KOMBISSIRI lancé par les Députés de l’opposition qui s’étaient retranchés dans cette localité en mai 2014, pour examiner la meilleure conduite à tenir face à ces projets de lois que le Gouvernement avait introduits à l’Assemblée Nationale.

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Ces députés ont joué héroïquement leur partition squ’auju bout. Ils ont bravé feu et flamme, le jour fatidique du 30 octobre 2014 où ils s’étaient retrouvés piégés à l’intérieur de l’hémicycle, au moment où le peuple insurgé donnait l’assaut de l’Assemblée Nationale.

Mais au lieu de retenir cette proposition qui avait l’avantage d’être simple, logique et efficace, on préfèrera des solutions alchimiques qui ressemblaient fort bien à des compromis et marchés de dupes entre ceux qui avaient conclus des pactes secrets entre eux dans le cadre du CEFOP.

La stratégie secrète prise en son temps de bâtir la conquête du pouvoir à partir du
CEFOP, venait d’être respectée. C’était donc de bonne guerre, comme dirait l’autre. Les anciens collaborateurs du côté UPC, les ex Députés, n’avaient plus qu’à aller se les conter ailleurs. Ils ont purement et simplement été liquidés et sacrifiés sur l’hôtel des froids calculs machiavéliques où les intérêts p ersonnels ont été privilégiés.

Dès cet instant on ne parlera plus d’ANT, mais plutôt de CNT, l’organe qui était plutôt destiné selon son appellation même, à être l’organe suprême chargé de superviser la marche de la Transition. D’ailleurs, il y’avait comme quelque chose de faux, d’anormal dans l’appellation CNT (Conseil National de la Transition) pour désigner l’organe législatif de la Transition. Mais comme les laborantins avaient décidé qu’il en sera ainsi, on se conformera à cette décision jusqu’au bout..

Du coup, il y’eut comme une sorte de vide institutionnel créé par ces changements de dernière minute. On ressentira d’ailleurs ce vide institutionnel, tout au long de la

Transition. Il y’eut en effet des moments où, visib lement, ce type d’organe, classique pour gérer les crises politiques dans les pays, manquait pour régler et trancher de certaines questions.

Qu’on se réfère tout simplement à notre propre histoire avec le CMPRN sous Saye ZERBO, le CSP sous Jean-Baptiste OUEDRAOGO, le CNR sous SANKARA, pour ne citer que ces exemples (4).

  Pourquoi avoir détourné un organe aussi essentiel que le CNT de sa mission originelle qui était logiquement de superviser la mise en œuvre de la Chartre de la Transition, pour en faire maintenant l’organe législatif ?

  Pourquoi n’avoir pas retenu simplement l’appellation « Assemblée Nationale de la Transition » (ANT) pour éviter toute confusion et tout quiproquo à ce propos ?

Mais, comme il fallait liquider les 29 députés dont les 19 UPC, il n’y avait pas mieux à faire. Peut-être que ceci explique cela. Seul en ce qui concerne l’UPC, un seul
Député échappera à cette alchimie.

Au finish, nous pouvons dire que l’UPC en tant qu’entité politique distincte, est une des grandes perdantes de tout ce processus qui nous a conduit depuis nos débuts jusqu’à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

4 ) CMPRN : Conseil Militaire pour le Progrès et le Redressement National (1980 – 1982)
CSP  : Conseil du Salut du Peuple (1982 – 1984)
CNR  : Conseil National de la Révolution (1984 – 1987)

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En effet, avec tout ce que nous avons enduré comme efforts consentis, énergies dépensées, sacrifices offerts, depuis que nous avons organisé le Forum sur l’alternance, en passant par cette vaste et longue opération que nous avons menée deux ans durant, à travers réunions, concertations, coordinations, mobilisations, organisation de meetings et marches-meetings, pour se voir finalement reléguer au dernier rang, il y’a de quoi se poser vraiment des questions.

Qu’on le veuille ou pas, il y’a comme une sorte d’injustice quelque part qui vous frustre et qui vous révolte, surtout quand vous savez du fond de vous-mêmes que tout est parti de nous (UPC), initié par nous (UPC), planifié par nous (UPC) et piloté par nous (UPC).

Quand on y réfléchit trop, on ne peut et on ne doitque de s’en prendre à nous-mêmes. Nous sommes fautifs, il faut l’admettre et c’est tout. Nous étions là et nous avons toujours été au cœur de tous ces stratag èmes et de toutes les tractations.

Nous ne pouvons pas prétexter que nous n’étions pas au courant. Il faut simplement admettre que nous avons failli à ce nive au et que nous sommes simplement victimes une fois de plus de nos propres turpitudes. Il faut s’en convaincre et s’en tenir à cela.

Ainsi, la transition se déroulera sans nous. Nous n’étions ni représentés au

Gouvernement, ni au CNT (sauf notre député repêché). Même dans les Commissions techniques qui ont été mises en place par la suite, nous n’y avions pas non plus été associés, à moins que…

Pour se donner bonne conscience, on indexait certaines personnes qui auraient été cooptées on ne sait trop bien comment et qu’on s’évertuait à présenter comme étant des militants UPC. Cette façon de procéder pour désigner des représentants du Parti, passe difficilement auprès des militants, car généralement les militants se connaissent et se reconnaissent entre eux.

Il faut tout simplement admettre que nous nous sommes nous-mêmes exclus du jeu comme à chaque fois. En fait cette exclusion des cadres de l’UPC, des organes de la

Transition, participent si on veut voir, de la même logique, du même stratagème et du même calcul politique.

En fait dans cette logique, personne ne doit se faire durablement une place au sein de ce Parti, au point de devenir un jour un contrepoids à même de contester cette gestion solitaire et clanique de notre Parti et de notre pays qui se préparent ainsi en douce.

La leçon qu’il nous faut peut-être retenir ici, est qu’il faut toujours se souvenir que ce qui a fait la grandeur et la décadence des grands partis et des soi-disant grands Hommes, ce sont ces aspects concernant le management des Hommes et qui ont pour fondement, l’égoïsme, l’égocentrisme, l’égo surdimensionné, le culte de la personnalité, le favoritisme, le clientélisme, l’amicalisme, la camaraderie, le copinage, la parenté, etc.

Il s’agit de tous ces maux que nous avons décriés quand nous bâtissions ce parti.

Nous-nous devons de continuer à les décrier, pour que cet état d’esprit ne s’installe jamais et au grand jamais dans un parti comme l’UPC. C’et de notre devoir et nous l’assumons.

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C’est donc dans cette gestion calamiteuse de l’insurrection par le Chef de File de l’Opposition, notre Président, Président de l’UPC, que nous abordions à présent, la dernière ligne droite de 2015 en continuant à nous poser des questions et des questions. En effet :

  Comment peut-on gagner des élections, en continuant à jouer de la sorte contre ses propres collaborateurs, sachant qu’on est à deux pas maintenant de cette ultime échéance électorale qu’on vise depuis longtemps ?

  Qui donc mobilisera l’électorat et qui votera finalement pour vous ?

C’est une situation difficile à imaginer et à comprendre, mais les faits sont là, têtus !

A ce stade de notre analyse, nous estimons que si nous ne voulons pas nous suicider politiquement et collectivement avec ceux qui ont une telle approche de la politique, il faut se dresser dès à présent pour dire non, non à cette façon de nous gouverner et de nous conduire tout droit dans le précipice.

Nous verrons enfin, dans cette dernière étape, comment la hiérarchie du Parti s’y est prise pour parachever son œuvre d’autodestruction à la hara-kiri. Il n’y a pas mieux pour qualifier cette façon de gérer.

7. DE LA GESTION PARTISANE ET CLANIQUE DU PARTI EN VUE DES
ELECTIONS LEGISLATIVES ET PRESIDENTIELLES COUPLEES DE NOVEMBRE 2015

A l’UPC, on savait maintenant sur quel pied danser. De la manière dont nous avons géré l’avant et l’après insurrection, on peut direque tout était à présent clair pour nous. Auto-liquidés et auto-écartés du processus dela Transition, il ne nous restait plus qu’à nous retrouver entre nous au niveau du Parti, pour voir enfin quelles dispositions concrètes prendre, afin de nous mettre au sérieux pour préparer ces
élections.

En principe, nous n’avions plus d’autres choix. Il n’était donc plus question de tergiverser et de continuer à jouer entre nous, à ce jeu sans intérêt du chat et de la souris. Il fallait se ressaisir. Seulement, l’esprit d’équipe qui prévalait et qui faisait jusque là la force intrinsèque de l’UPC, avait maintenant laissé la place à tout une autre ambiance de travail, faite de suspicions et de « complotites ».

La mise à l’écart de l’UPC du processus de Transition, dans les conditions que nous connaissions, était venue compliquer davantage cette situation, déjà pas très facile à gérer. Cela pouvait s’apprécier à plusieurs niveaux :

  Le Gouvernement de Transition conçu au départ pour liquider les affaires courantes et préparer surtout à terme des élections propres, crédibles, acceptés de tous, s’avérera une fois installé, comme un Gouvernement qui n’hésitera pas à se donner plein pouvoir, pour agir et décider comme il l’entendait.

  Il mettra en œuvre par-ci par-là, de véritables plans et programmes de développement, en prenant d’importantes décisions qui ne pouvaient manquer de peser sur la suite du processus. Le Gouvernement en place aujourd’hui en sait quelque chose.

  Nous en tant qu’entité UPC, nous n’étions ni au cœur, ni à côté pour influer sur ce qui se tramait à l’intérieur et sur les décisions qui y étaient prises.

  26 

  Un véritable handicap pour un parti qui ‘’cherchele pouvoir’’ et qui, à défaut de jouer les premiers rôles pour ce qu’il a été dans ce processus depuis le départ, devait tout au moins être parmi les membres les plus influents. Malheureusement, nous étions aux abonnés absents, comme à chaque fois.

  Dans le même ordre d’idée, nous aurions certainement pu peser de notre poids et jouer un plus grand rôle dans cet organe transitoire qu’à été le CNT, si l’option des 29 Députés avait été retenue, pourconstituer l’ossature de base de l’Assemblée Nationale de la Transition.

  Avouons qu’il était difficile avec seulement un seul Député au CNT de peser dans les choix, les orientations, les décisions et dans les débats lors de l’adoption de toute cette multitude de lois qui ont été finalement produites par cet organe durant son mandat.

  En jouant la carte de la liquidation des 19 Députés UPC inclus dans les 29 de l’opposition, le parti tout calcul fait, a vu son budget diminuer d’autant par le montant total des cotisations mensuelles non négligeables que ces ex députés apportaient au Budget de fonctionnement du Parti.

  Il faut ajouter à cela, un autre manque à gagner, vu du côté des structures de base. Il n’est un secret pour personne que ces députés étaient continuellement sollicités par leurs élus locaux (tout à fait normal), pour leur demander aides et appuis multiforme, afin qu’ils puisent mettre en œuvre les différents programmes d’activités de leur localitérespective.

  Dans la même veine, il faut noter que cette situa tion a du coup, affaibli la capacité financière des Députés à répondre à toutesces autres sollicitations d’ordre social dont ils étaient l’objet, de la part des militants et des populations qui venaient à eux (logique) pour tous les problèmes sociaux auxquels il fallait faire face tous les jours.

Vu sous cet angle, il faut reconnaître que cette quidationli des Députés UPC et le refus de faire partie du Gouvernement de la Transition a beaucoup affaibli l’UPC sur tous les plans. Cela a non seulement diminuer nos capacités d’intervention sur le terrain, mais a réduit en même temps, la visibilité du Parti sur le terrain. La voie était à présent toute ouverte aux autres, surtout à nos futurs adversaires politiques qui, eux, se sont mis à déployer des moyens sans commune mesure avec les nôtres.

Peut-être que cette situation était aussi sciemment voulue et participait sans nul doute de cette stratégie de liquidation de ceux qu’on ne voulait pas voir continuer à jouer des rôles influents dans le Parti, surtout auprès des militants de base. Nous avons des raisons d’y croire et de le penser sincèrement aujourd’hui, quand on rapporte cette situation à certains propos qui se tenaient à l’époque et qui disaient en substance ceci :

  « Il est inutile de prendre des responsabilités dans un parti quand on a pas les moyens »

  « Que ceux qui ont pris des postes de responsabil ité dans le Parti et qui ne peuvent plus les assumer, qu’ils laissent alors la place à ceux qui le peuvent »

Ces propos en disent suffisamment long sur le virage qu’avait pris maintenant notre
Parti et sur l’ambiance qui y prévalait à cette époque, alors que nous abordions la dernière ligne droite pour les présidentielles.

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En ce moment, nous pensions logiquement que nous allions enfin prendre conscience au niveau du sommet du Parti, du pourrissement de la situation et voir comment faire, en manœuvrant avec beaucoup de tact pour essayer de ramener la quiétude et la sérénité au sein des équipes à la base. Bien au contraire !

Alors que ceux qui voulaient bien faire, continuaient naïvement à poursuivre le travail d’implantation du Parti, d’organiser les équipes et en commençant à élaborer les programmes et plans stratégiques comme en 2012, les activistes et groupuscules de l’ombre ont redoublé de plus belle, encouragés qu’ils étaient par ceux qui les avaient mandatés.

Cette fois, ils avaient pour mission précise de commencer à constituer des listes électorales, avec des noms de personnes déjà pressenties. Des rencontres, réunions et concertations secrètes étaient alors organisées tout le temps à cet effet, à l’insu bien entendu de ceux qui ne devaient jamais être au courant de ces tractations et complots de l’ombre.

Mais comme nous l’avions dit à plusieurs reprises, tout finissait toujours par se savoir dans un microcosme aussi réduit que l’UPC. On savait pertinemment d’où venaient les coups et quelles étaient en réalité les commanditaires de ces sales besognes.

Sans preuve, bouche cousue. Mais plus personne n’était dupe et il était de plus en plus difficile de cacher ce jeu.

Toujours est-il que l’atmosphère de travail était devenue des plus exécrables. L’impression qui se dégageait chaque fois lors des réunions par exemple, est que vous aviez en face de vous, non plus des camarades de lutte, mais des personnes qui passaient leur temps à comploter nuitamment contre vous et à vous poignarder dans le dos, pensant que vous ignoriez tout de leur subterfuge. C’était purement et simplement dégoutant.

Comment dans ces conditions continuer à travailler honnêtement et à y mettre le cœur, comme par le passé, quand vous pensez que ces manœuvres souterraines, forcément pilotées de quelque part, sont mises en œ uvre dans le but de vous évincer d’ores et déjà des listes électorales et peut-être même du Parti.

Nous aurions confirmation que les listes avaient été bel et bien concoctées à l’avance, quand les listes officielles apparaitront plus tard. Elles étaient comme des copies conformes, à quelques exceptions près, de ce qui se savait sous cape. C’était un véritable scénario digne des films hollywoodiens. Il fallait surtout faire croire, que nous étions entrain d’établir des listes propres, avec des candidats à la limite voulus par la base et choisis conformément aux textes en vigueur.

Des Directives furent élaborées à cet effet par la haute hiérarchie, associant ceux qu’on voulait associer pour concocter justement ces textes tels qu’on les voulait. Mais ces Directives s’avéreraient en totale contradiction avec l’esprit et la lettre des textes de base du Parti.

Seulement à l’époque, par esprit de responsabilité comme nous l’avions déjà dit,
nous n’avions pas voulu ni le dire, ni l’écrire, pour ne pas gêner ou à la limite
compromettre les chances du Parti à ces élections couplées de 2015.

Pourtant, les Statuts et le Règlement Intérieur du Parti sont clairs à ce propos, notamment en ce qui concerne les procédures à suivre, pour désigner d’une manière générale des candidats à des postes donnés au seindu Parti. Ce sont des pratiques connues au sein du Parti et les militants à la base ont appris à les maitriser totalement, surtout lors des installations des structures de base.

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Cette fois, il s’agit de choisir des candidats qui vont figurer sur les listes que le Parti compte présenter à la députation. On peut donc dire, en plus des procédures qui sont déjà connues, que nous avons avec nous, une certaine expérience démocratique pour le choix de nos candidats avec ce qui s’est passé en 2012.

Quoi de plus simple que de s’appuyer sur l’expérience passée. Il n’y avait donc pas de raison de changer aujourd’hui les règles de jeu, alors que tous les militants de base s’attendaient à ce que cela se fasse comme d’habitude.

Tout le monde le sait, les candidats doivent toujours être librement choisis de façon démocratique, lors d’assemblées générales qui sontconvoquées à cet effet par les structures de base qui ont la charge de cette opération.

La hiérarchie du Parti ne devrait en réalité intervenir qu’en dernier ressort, de façon tout à fait exceptionnelle d’ailleurs, pour arbitrer et chercher à concilier au mieux les conflits, si conflits il y’a, sans favoriser tel ou tel candidat ou imposer sa volonté. C’est exactement de cette façon que nous avons procédé en 2012 et qui nous a valu ce succès.

Mais cette fois, les dés étaient pipés au départ. Non seulement il y’avait des messes noires qui se disaient entre ceux qui se nourrissaient de sombres desseins, mais il y’avait le fait que les listes voulues avaient déjà été concoctées en secret.

On s’apercevra également que dans les Directives, des dispositions étaient prévues de telle manière à empêcher que le choix des candid ats ne puisse se faire autrement que par les voies qui avaient été tracées par la hiérarchie dans ces Directives.

Celles-ci prévoyaient en effet, que les listes des candidats par province ne peuvent
être établies que sur la base d’un consensus obtenu entre tous les candidats.

Si ce consensus n’était pas obtenu, les dossiers devraient automatiquement être transférés au niveau d’une Commission ad ‘hoc, miseen place à cet effet par le Président et auprès du Président. Il revenait à cete Commission ad’hoc d’arbitrer et de trancher en dernier ressort.

Ces dispositions étaient donc en contradiction flagrante avec l’esprit et la lettre des textes de base et de la pratique au sein de notre Parti. Mais comme tout était ficelé et bouclé il fallait s’y conformer.

On savait pratiquement que jamais, au grand jamais, on ne pourrait réussir à obtenir comme dans un tour de passe-passe magique, un consensus entre des personnes qu’on avait pris le soin de monter les uns contre les autres et de surcroît, dans un espace de temps réduit qui ne permettait pas d’y parvenir.

En effet, entre la date de parution des Directives et la date limite de dépôt des candidatures à la CENI, nous ne dispositions que d’une dizaine de jours au maximum, pour opérer ces miracles. C’était tout simplement bien calculé, car on savait pertinemment que c’était mathématiquement et matériellement impossible de rechercher un quelconque consensus, dans ce laps de temps, entre personnes qui se suspectaient les unes les autres.

Ce n’est certainement pas de cette manière qu’on s’y était pris en 2012, pour arriver

à établir des listes consensuelles qui n’ont pratiquement pas fait l’objet de contestations qui étaient à même de remettre en cau se les équilibres que nous avions pu négocier à cette époque.

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C’est le lieu de rappeler que toutes ces négociations en vue de l’obtention des consensus recherchés avaient été rendues possible, grâce notamment au climat d’entente et d’esprit de groupe que nous avions su instaurer en son temps et préserver jusqu’au bout, à cette époque. On était loin de cet esprit de fourberie et de roublardise qui s’était maintenant installé au sein du Parti.

C’est surtout la prise de conscience que chacun de nous avait de l’idéal qu’on s’était fixé et face aux enjeux et aux défis majeurs que nous-nous étions fait le devoir de relever ensemble, tout le monde s’était mis pratiquement dans de très bonnes prédispositions d’esprit pour se faire des concessions.

C’est pour tenir compte de cet état d’esprit que nous avions tenu à inscrire dans nos textes de base, que dans le processus de choix des candidats, la recherche du consensus doit toujours être privilégiée.

Mais la recherche du consensus ne saurait se faire dans les conditions qu’on voulait à présent nous imposer. C’est un long processus. Ele ne s’obtient pas en quelques jours, encore moins séance tenante, au cours de l’assemblée générale convoquée à cet effet pour la désignation finale des candidats.

Elle est toujours précédée, d’une période de négociation. Il faut se donner le temps qu’il faut pour parvenir à concilier les intérêts des uns les autres et trouver le consensus recherché. C’est beaucoup plus une question de tact et de doigté que tout autre chose.

La recherche du consensus se fait à travers concertations, consultations, rencontres, échanges, dialogues, négociations, explications, concessions faites, le tout dans un esprit de courtoisie et de respect mutuel qui seuls, peuvent garantir l’obtention de ce consensus.

Si toutefois au bout de toutes ces tractations, le consensus ne se dessinait pas à l’horizon, il revenait alors à l’assemblée générale convoquée à cet effet, de départager les candidats, par vote.

Ces votes se déroulent à main levée devant toute l’assemblée et sous la supervision d’un bureau de séance. Un Procès-verbal de réunion,signé en bonne et due forme, sanctionne la fin des travaux. C’est la pratique à l’UPC et on est maintenant coutumier de ce type d’exercice.

Pour éviter certains dérapages constatés par le passé, des dispositions avaient été prises pour qu’à l’avenir ces assemblées générales,inévitables dans un parti comme l’UPC qui se veut démocratique, puissent se déroule sans problème.

Mais la hiérarchie du Parti a préféré faire autrement, en contournant les textes de base du Parti et l’esprit même de la pratique démocratique qui commençait à s’installer chez les militants à la base .

Apparemment, c’était de bonne guerre, comme le disent certains. Mais pour nous, c’est impensable et inimaginable dans un parti comme l’UPC, qui s’était donnée comme mission, de devenir un parti modèle dans ce Burkina nouveau que nous voulions construire.

Ces pratiques qui n’honorent nullement notre Parti, sont complètement aux antipodes des idéaux que nous nous étions fixés et qu’on avait promis à notre peuple.

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Il est inutile de jouer au parfait démocrate et aux personnes soucieuses du respect des textes quand cela vous arrange et de les contourner dès que cela ne vous arrange pas.

Ce qui est vraiment dommageable pour nous, c’est le fait que nous avions claironné partout en son temps que l’UPC ne ferait jamais comme les autres partis où on a l’habitude de venir parachuter d’en haut, au dernier moment, des personnes qu’on impose alors à la base.

Ce type de discours qui a frappé en son temps les imaginations et qu’on a effectivement mis en application en 2012, est devenu comme une sorte de parole sacrée. Il ne fallait jamais revenir là-dessus, au risque de se désavouer et de se décrédibiliser pour toujours, non seulement aux yeux des militants, mais au-delà, auprès de notre électorat.

Mais apparemment tout avait été réglé à l’avance, de manière à ce que la machine mise en branle par la Direction du Parti, puisse continuer à dérouler normalement jusqu’au bout, comme on l’avait prévu et comme on el voulait. Les listes concoctées depuis de longues dates en secret, furent en quelque sorte avalisées et confirmées dans le cadre d’un véritable show politique.

On croyait rêver en assistant à toutes ces mises en scène où on sentait que certains acteurs s’étaient vraiment pris au sérieux. Ils pensaient que tout le monde était dupe, de cette super supercherie. Face à cette politique politicienne de bas niveau qui se jouaient hélas au sein de notre Parti, que pouvions nous faire ?

  Devrions-nous continuer à nous taire et à passer là-dessus, comme si de rien n’était ?

  Ces types de pratiques doivent-elles perdurer dans un Parti comme l’UPC ?

  Est-ce, ce type de pratiques et de valeurs que nous devons continuer à prôner, à montrer, à enseigner et à apprendre à notre jeunesse qui, on le sait, continue à chercher ses marques dans une société où elle se sent de plus en plus perdue, sans repères et qui ne sait plus trop bien à qui et à quoi s’accrocher pour construire son avenir ?

  Que ferions-nous alors avec de telles pratiques, si d’aventure nous parvenions un jour au pouvoir ?

  Comment construire un Burkina nouveau avec des pratiques de ce niveau qui ne permettent pas de voler haut ?

  Savons-nous que ce sont ces images d’une UPC pataugeant dans la boue et se perdant dans des calculs de chiffonniers, qui ont amené bon nombre de militants à ne même pas vouloir se présenter ou à r etirer purement et simplement au dernier moment leur candidature pour ces législatives ?

  Pourquoi sommes-nous tombés si bas, par rapport à l’image que nous nous étions nous-mêmes donnée au départ, lorsque nous avions patiemment conçu et porté sur les fonds baptismaux ce Parti qui s’était promis d’apporter un véritable changement qualitatif dans ce pays ?

  Comment s’empêcher, au vu de ce qui se passe aujo urd’hui dans ce Parti, de se poser des questions par rapport à cette promesse ?

  Avons-nous vraiment les qualités humaines requises pour accomplir ce sacerdoce ?

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  Avons-nous vraiment ces qualités humaines qui font de nous ces grands hommes dont parlait BARACK OBAMA et non de ces hommes forts, rusés, machiavéliques, diaboliques à la limite, qui usent plutôt de leur savoir et de leur intelligence hors du commun, pour assouvir leurs propres desseins et asservir ensuite leur peuple ?

Il n’est plus question de laisser quelqu’un quel qu’il soit, se glisser frauduleusement dans l’histoire de ce pays pour prendre le pouvoir et se comporter ensuite en despote éclairé ou illuminé, elons le cas.

Nous y veillerons et nous tirerons chaque fois à te mps sur la sonnette d’alarme pour que de telles forfaitures ne se produisent au grand jamais.

Au delà de l’UPC, nous-nous devons au Burkina, de v eiller à trouver des Hommes sûrs, capables bien entendu de par leur savoir-faire, mais surtout des Hommes de valeur, chargés de valeurs burkindi, à même de leur permettre d’avoir la hauteur d’esprit et le détachement nécesaires pour sortir enfin ce pays de l’état de sous-développement dans lequel ilvégète depuis la nuit des temps.

Ce que la hiérarchie de notre Parti ignorait et ne pouvait même pas imaginer, c’est que toute cette mascarade organisée à dessein, pour écarter in fine ceux qu’on ne voulait pas voir figurer sur ces listes, a été mal accueillie et mal vécue par les militants à la base.

Ils ont tout suivi et ils ont tout enregistré, si bien que toutes ces manœuvres qui avaient été opérées en interne au sein du Partiont malheureusement eu des répercussions au-delà de l’UPC, auprès des populations d’une manière générale et plus particulièrement auprès de notre électorat.

Celui-ci s’est en effet fait l’écho de ce qui se passait dans ce parti sur lequel il avait mis son dévolu en 2012 et qu’il s’apprêtait àreconduire en 2015. C’est peut-être ce qui explique cela.

En effet, ce que la hiérarchie n’a pas également compris ou feint de n’avoir pas compris, c’est d’avoir totalement ignoré, dans ses calculs et manœuvres scientifiques, le fait que dans notre pays comme ailleurs dans la plupart des autres pays d’Afrique, les préjugés sociaux restent encore vivaces dans les esprits.

Le Burkina par exemple compte plus d’une soixantaine d’ethnies. Tout homme politique qui n’intègre pas cette donne, dans sa façon de faire et dans son vécu quotidien est tout simplement voué à l’échec. Il aura du mal à se faire accepter par les populations qui ne veulent pas qu’on exploite ces aspects préjugés sociaux pour régner.

En effet, on a constaté durant la courte histoire de notre pays depuis l’indépendance en 1960, que les différents régimes qui se sont succédé ont toujours su gérer avec beaucoup de tact et d’intelligence ces questions ethniques et régionales.

Nous n’avons pas connu, Dieu merci, ces types de dérapages dramatiques auxquels on a souvent assistés et qu’on continue de voir malheureusement ailleurs dans d’autres pays, souvent non loin de nous.

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C’est donc une donne qu’il faut avoir constamment à l’esprit, si on a la prétention de vouloir diriger ce pays. Il ne faut surtout pas donné un seul instant l’impression, que ce soit dans vos propos, dans vos attitudes, dans vos manières de faire et de vivre au quotidien, que vous seriez, un tant soit peu, un sectaire, un « ethniciste » ou un régionaliste. Vous le payerez cache dans ce pays où les populations restent très jalouses de ce fragile équilibre qu’on a su préserver jusque là.

Nous pensions qu’à l’UPC, nous avions parfaitement compris et parfaitement assimilé dès le départ cette donne politique au Faso. Nous en étions tellement conscients que nous avions tous, sans exception, fait bloc autour du leader de notre Parti qui est originaire d’une minorité ethnique.

Nous avions ainsi fait feu de tout bois, à toutes l es occasions où cette question de l’appartenance ethnique de notre Président étaitévoquée, pour contrer ce que certains considéraient comme un handicap à son accession à la magistrature suprême dans notre pays.

Nous l’avons toujours défendu en bloc, démontrant et soutenant sans jamais faiblir, l’idée selon laquelle il nous fallait dans notre pays dépasser enfin ces barrières ethniques, linguistiques et régionales et ne voir en chacun de nous, que les enfants d’un même pays. L’essentiel est que celui qui prétend gouverner ce pays, soit tout simplement un Homme capable de le conduire et de le sortir de son état de sous-développement.

Cette attitude d’esprit que nous avions tous adoptée à propos de cette question, était pour nous quelque chose de tout à fait naturel. Dans nos vécus quotidiens nous cohabitons les uns avec les autres, sans se préoccuper aucunement de l’appartenance religieuse, ethnique ou régionale de ceux que nous côtoyions nuit et jour.

Nous-nous disions implicitement que le niveau intellectuel de ceux qui constituaient l’ossature de base de l’UPC et au regard de la noblesse de la mission que nous-nous

étions assignée, nous devrions, nous, être des exemples vivants pour qu’on brise à jamais ces barrières enfouies dans les consciences collectives.

Malheureusement, la manière dont les choses se sont déroulées cette fois à l’UPC, avec ces manœuvres souterraines destinées à écarter tel autre au profit de tel autre, a fait remonter en surface ces préjugés sociaux que nous avions jusque là réussi à tasser.

Ces manœuvres ont donc laissé libre court à toutes les imaginations, à tous les ragots, à tous les racontars (fondés ou non), entre militants d’abord, puis ensuite dans les conversations de chez monsieur tout le monde, dans les bars, buvettes et autres gargotes où se font et se défont les réputations des uns et des autres.

Mais comme nous sommes en politique, les adversaires politiques n’ont même pas hésité un seul instant à exploiter à fond, cette faille dans la maison UPC, une faille, il faut le reconnaître, que nous avons nous-mêmes provoquée.

Résultat à la course : un CARTON ROUGE plein à celui qui a été suspecté d’avoir des relents « ethnicistes » ou régionalistes. Le vote aux présidentielles, sera en quelque sorte comme un vote sanction contre le candidat de l’UPC.

C’est cela la dure réalité des faits et il ne fautpoint continuer à se voiler la face, en allant chercher à faire croire que les Burkinabè sont « ethnicistes » ou régionalistes.

 33 

L’histoire politique de notre pays depuis l’indépendance à nos jours, démontre bien le contraire. Même en 2012, notre Président qui était tête de liste dans le KADIOGO, Province majoritairement mossis, a été élu sans autre forme de procès.

Il faut dire que le peuple Burkinabè est ainsi fait et celui qui n’a pas compris cela, se fera toujours surprendre par sa réaction, au moment où il lui demandera son suffrage, surtout quand il s’agit d’accéder à la magistrature suprême.

Le drame dans cette affaire, c’est qu’en introduisant à un moment donné cette politique politicienne de bas niveau, il a peut êtr e suffi que parmi ceux qui ont été montés en complicité pour mettre en œuvre ces compl ots de déstabilisation des uns en faveur des autres, il y’ait eu comme par hasard des personnes issues de la même ethnie que le Président. Ce qui devait arriver, arriva, surtout si les victimes sont d’origine différente.

Mais qu’on soit clair et sans équivoque à ce sujet. En revenant sur ces faits, loin de nous l’idée de vouloir en rajouter. Nous n’avons ici qu’un seul souci et nous tenons à le souligner.

Nous voulons seulement interpeller tout le monde et faire comprendre aux uns et aux autres, surtout à cette frange intellectuell e de notre société, celle qui est privilégiée, qui a eu la chance d’être allée à l’école, d’être donc instruite, pour leur dire que nous n’avons pas le droit de continuer à surfer sur cette vague, à jouer à ce type de jeu à ce niveau de responsabilit é.

Il nous revient plutôt à nous autres d’être des modèles pour notre peuple, nous qui avions de surcroît la chance de parcourir aujourd’hui le monde, d’avoir un peu partout des amis et qui savons que les différences entre les peuples et entre les Hommes, ne sont que différences artificielles, dans un monde de plus en plus globalisé.

C’est à nous de donner l’exemple et montrer aux autres qu’il est possible dans un pays comme le Burkina, d’outrepasser toutes ces barrières ethniques, linguistiques, coutumières, religieuses, régionales, pour vivre ensemble et construire ensemble ce Burkina nouveau dont nous rêvons tous, un Burkina d e paix, de stabilité et de prospérité pour tous.

C’est ce message que nous demandons aux uns et autres de retenir, d’internaliser et de porter constamment aux autres, à toutes nos populations.

8. CONCLUSION : UNE GESTION SOLITAIRE ET DESASTREUSE DU PARTI
QUI NE POUVAIT CONDUIRE QU’A CETTE DEBÂCLE DE 2015

Tout au long de cette analyse, nous avons essayé de montrer pourquoi l’UPC s’était complètement fourvoyée aux élections présidentielle de novembre 2015, alors qu’elle était bien partie selon les observateurs, pour remporter même ces élections en cas de second tour.

Aussi fallait-il atteindre ce deuxième tour, pour compter au moins sur les alliances que nous étions censées avoir marchandées dans le cadre du CEFOP. Malheureusement, il n’y aura même pas de second tou r, car le MPP principal rival l’emportera d’un seul coup K.O, selon l’expression consacrée, bien à la mode dans notre sous-région.

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La désillusion fut totale dans le camp UPC. Les explications simplistes qui nous ont

été servies par la suite ne nous ont jamais convaincus. C’est pourquoi nous avons cherché à comprendre ce qui s’est réellement passéet quelles étaient en réalité les causes profondes de cette débâcle.

Nous avons été amenés pour ce faire, à remonter toute l’histoire de notre Parti, pour voir, étape par étape, si les causes de nos malheurs ne provenaient pas de nous-mêmes et en l’occurrence, de la manière dont nous avons dû certainement nous organiser pour aller à ces élections.

Nous nous sommes rendus compte que l’histoire de l’UPC est certes courte, mais pleine d’enseignements et surtout riche en rebondissements. Ce que nous avons découvert, est tout simplement ahurissant, stupéfiant et totalement déconcertant.

ère ème parties de notre analyse, il
Au début, comme on l’a vu dans la 1 et 2
n’y avait pratiquement rien d’anormal à signaler .

Tout se passait bien et même très bien pour nous. D epuis les travaux préparatoires pour concevoir et asseoir le Parti qui ont duré près de deux ans, à notre éclatante victoire en décembre 2012, en passant par les travaux d’implantation des structures de base, nous étions restés soudés, en bloc, travaillant en équipe, dans une ambiance de travail bon enfant. Ce sont toutes ces conditions qui ont permis, faut-il le rappeler, de réussir l’exploit que nous avions réalisé en son temps.

Mais contre toute attente, tout va déraper à partir de 2013, juste après les
ème
élections de 2012 (3 partie de notre analyse).

En effet, face aux résultats obtenus par le Parti à ces élections (19 Députés et plus de 1600 Conseillers municipaux), certains d’entre nous au niveau de la hiérarchie, ont peut être pensé à ce moment, que tout était à présent gagné et qu’il n’y avait plus tellement d’inquiétudes à se faire quant à l’avenir de ce Parti.

Ils ont donc commencé à échafauder dans leur tête de véritables plans machiavéliques, dans le but de prendre d’ores et déjà le contrôle du Parti et pouvoir rester ainsi à terme, les seuls maîtres à bord.

C’est ainsi qu’à la faveur des adhésions massives que le Parti enregistrait de plus en plus à cette époque, des groupuscules et activistes de tout bord furent montés à cette fin.

Ils avaient, semblent-ils, eu pour mission (secrète bien entendu) de déstabiliser ceux d’entre nous qui avions été déjà identifiés comme ne devant plus continuer à jouer des rôles influents dans le Parti , notamment au niveau des structures de base. Comme certains d’entre nous y occupaient déjà des postes stratégiques, cela dérangeait énormément.

Ces groupuscules et activistes montés, devaient tout faire, subtilement, pour créer le maximum de zizanie possible au sein des structures en place, de façon à provoquer des blocages qui justifieraient ainsi les chamboulements et les changements déjà programmés.

La décision prise juste à ce moment par la Direction du Parti, demandant de renouveler systématique toutes les structures de base du Parti, sous prétexte que les dites structures ne fonctionnaient pas comme il se devait, participait sans nul doute, de ce plan secret de déstabilisation et de cette stratégie subtile d’éviction de ceux qu’on ne voulait plus voir dans le Parti.

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Malheureusement, ce plan d’éviction ne fonctionnera pas dans un premier temps comme voulu. On passera ainsi toute l’année 2013, en de vaines querelles entre nous, sans jamais parvenir à procéder à ces renouvellements.

Une sorte d’incompréhension s’installera entre la Direction du Parti et les militants à la base, qui ne comprenaient pas trop bien pourquoi la Direction avait pris une telle décision, demandant de remettre tout à plat et de renouveler systématiquement toutes les structures qu’eux, avaient eu tant de peine à installer.

ème
Le climat était devenu délétère au sein du Parti (4 partie de notre
analyse).

A l’esprit d’équipe qui prévalait jusque là, avait pris place à présent, l’esprit de suspicions et de ‘’complotites’’ qui ne pouvaient ullement permettre de continuer à travailler ensemble pour relever le moindre défi et surtout pas, un défi comme celui qui nous attendait maintenant en 2015.

Même si, entre-temps, nous avons pu renouveler les structures à la faveur du Congrès du Parti qui se tenait au mois de mai 2014, il faut se l’avouer, nous ne disposions plus de cette même force de frappe qu’en 2012.

Nous continuerons dans ce climat jusqu’à ce que sur vienne l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 (5ème partie de notre analyse).

Nous avons vu, comment nous avons compliqué davantage notre situation, déjà pas facile à gérer, en nous auto-excluant nous-mêmes du processus de la Transition.

On sait maintenant les conditions dans lesquelles se sont opérées toutes ces tractations qui ont abouti, à cette absence de l’UPC dans les organes de la transition, hormis un ex Député repêché. Quoi qu’il en soit, on retiendra que l’UPC en tant qu’entité politique, est sortie grande perdante de toute cette opération que nous avons pourtant conduite de bout en bout.

Comme nous abordions maintenant la dernière ligne droite avant les présidentielles, nous pensions que la hiérarchie du Parti, allait enfin prendre conscience de l’état de délitement dans lequel se trouvait le Parti.

Nous pensions logiquement que le temps était enfin venu pour que nous puissions nous retrouver ensemble, pour voir concrètement ce qu’il convenait de faire à présent, pour remobiliser les troupes, les galvaniser et les remettre très rapidement au travail. Novembre 2015 n’était plus loin et approchait à grands pas.

En fait, nous n’étions vraiment plus sur la même longueur d’ondes. Alors que certains d’entre nous s’étaient déjà remis au travail, les groupuscules et activistes furent remis en service, avec cette fois pour mission de commencer à établir

(secrètement s’entend) la liste des législatives par province, avec les noms de ceux qui y étaient pressenties.

Le plan d’éviction s’était maintenant déplacé à ceniveau (6ème partie de notre analyse).

Ne seront retenus sur ces listes que ceux qu’on voulait présenter cette fois à la députation. Ce n’était pas si compliqué à comprendre, dame rumeur aidant.

Nous n’avions donc plus, ni les mêmes objectifs, ni les mêmes préoccupations. Dans de telles conditions, il faut avouer que c’était difficile de travailler sérieusement pour relancer notre machine à gagner.

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Les appétits des uns et des autres étaient maintenant éveillés. Tous n’avaient qu’un seul souci, c’était pour chacun d’eux de voir comment il fallait manœuvrer pour être retenu sur ces listes et être surtout être bien pos itionné.

Comment peut-on alors gagner des élections dans de telles conditions et avec quelle machine électorale qu’on a pris soin de détruire soi-même ?

C’était comme si l’UPC était tétanisée à un momentdonné, obnubilée par on ne sait trop bien quoi. Mais une chose était certaine, le Parti était entrain d’aller dans tous les sens, à-vau-l’eau, au vu et au su de tous y compris de la hiérarchie, sinon avec la bénédiction de cette dernière, sans que cela n’inquiète ni n’émeuve personne.

Ce sont dans ces conditions que les listes concoctées en secret furent arrêtées,dans une sorte de mascarade politico-politicienne, pour faire croire que le choix des candidats UPC pour ces législatives, s’était bien déroulé et en conformité avec les textes de base du Parti. Mais personne n’était dupe.

Toutes ces manigances orchestrées depuis pratiquement début 2013 pour écarter certaines personnes en vue de prendre le contrôle du Parti, jusqu’à la mascarade organisée pour retenir ceux qu’on voulait retenir cette fois pour la députation, ne sont pas passées inaperçues.

Tout cela a été très mal vécu par les militants à al base qui n’ont pas du tout apprécié que de telles machinations se déroulent dans un Parti comme l’UPC. Ces machinations ont même eu des répercussions au-delà du Parti. Les populations à l’écoute et surtout notre électorat se fera l’échode tout ce qui s’est tramé au sein de l’UPC.

Ayant été probablement suspecté de velléités ‘’ethnicistes’’, le vote pour les présidentielles de 2015 a été simplement comme un otev sanction contre notre candidat, en faveur de celui du MPP. C’est la dure réalité des faits et il faut l’admettre comme telle, au lieu de continuer à se voiler la face comme d’habitude, pour ne jamais accepter l’évidence même.

En effet, malgré nos efforts à tous et l’engagement que nous avions eus dès le départ, pour contrer tous les préjugés qui pesait sur notre Parti, nous devons reconnaître qu’à l’UPC, certains n’ont pas su intégrer et assimiler cette donne politique propre au Burkina.

En effet, le Burkina, dusse-t-on le rappeler chaque fois, compte plus d’une soixantaine d’ethnies et une multitude de confessions religieuses. Malgré cela, nos populations ont su apprendre à vivre ensemble et à traverser les âges, depuis bien avant même les indépendances des années 60, sans jamais connaître les dérapages dramatiques qui embrasent malheureusement d’autres pays.

On sent que les populations sont tellement conscientes de cette situation tant enviée de notre pays, qu’elles en sont comme jalouses. Elles ne sont pas prêtes à pardonner à quiconque, surtout pas aux Hommes politiques, qui pourraient pour une raison ou une autre, remettre en cause ce fragile équilibre.

Tout Homme politique qui n’intègre pas cette donne dans son comportement, dans son vécu quotidien, dans ses manières de faire en société, sera fortement désapprouvé et rejeté. C’est apparemment, ce qui malheureusement, semble être arrivé à l’UPC. Nous ne devons donc qu’à nous en prendre à nous-mêmes. C’est la grande leçon à retenir pour construire l’avenir. Il n’y a pas d’autres voies.

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9. PRINCIPALE RECOMMANDATION : DE L’APPEL A LA CREATION D’UN
FRONT DE REFUS UPC

Au vu de cette sorte de réquisitoire que nous venons de dresser contre la hiérarchie de notre Parti, nous n’avons d’autre choix que d’appeler à la création d’un FRONT DE REFUS UPC, un Front de Refus pour dire :

  Non à la patrimonialisation de ce Parti qui ne saurait être qu’un bien commun à tous, comme nous l’avons vu ;

  Non, au détournement subtil du Parti et de ses nobles idéaux, dans le seul but de n’assouvir que des ambitions politiques purement personnels ;

  Non, à l’accaparement progressif du Parti pour en faire comme une entreprise privée où on fait et décide à la limite ce qu’on veut, sous prétexte à peine voilé qu’on en serait le principal apporteur de capitaux ;

  Non à ces comportements purement égoïstes, égocentriques où l’égo surdimensionné de certains, ne laisse de place à personne et qui ne considère les autres que comme des pions, des jouets, des pantins qu’on place et déplace à la guise, dans le seul et unique but de ne satisfaire que leurs ambitions personnels ;

  Non en conséquence, à toutes ces dérives autoritaires, autocratiques, despotiques, claniques, entrain de s’installer en douce, subtilement, sans qu’on y prête vraiment attention et qui risquent de ne se dévoiler au grand jour, que lorsqu’il sera bien trop tard ;

  Non à cette politique politicienne de bas niveau, indigne d’un Parti comme
l’UPC et qui contredit fortement toutes ces valeurs morales et humaines que nous avions tant exaltées ensemble, au moment de la création de notre Parti ;

  Non, au sectarisme, au clanisme, au clientélisme qui ne sauraient avoir pied dans un Parti comme l’UPC ;

  Non, au favoritisme et à tous ces passe-droits qui ont souvent pour fondement, la camaraderie, l’amicalisme, le copinage, la parenté, toutes pratiques qui, à la longue, découragent et tuent l’esprit militant, ne laissant plus place qu’à la délation, les intrigues et autres complots ;

  Non, à toutes ces basses manœuvres qui ne peuvent à la longue que détruire un parti ;

  Non à la gestion opaque et solitaire des ressources du Parti qui n’augure pas de lendemains meilleurs quand il s’agira de gérer les ressources de l’Etat et de toute la Nation ;

  Non, à un Parti où les règles élémentaires en matière de management des hommes sont bafouées et foulées au pied ;

  Non, à la falsification de l’histoire de notre Parti, ce Parti que nous avons conçu ensemble et que nous avons porté ensemble surles fonds baptismaux en 2010 ;

  Non surtout, à la remise en cause subtile du Manifeste de notre Parti, notre Bréviaire, notre Référence à tous, notre Vade-mecum ;

  Oui, à plus de transparence dans la gestion et le management de notre Parti ;

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  Oui, à l’instauration de la bonne Gouvernance à tous les niveaux au sein de l’UPC ;

  Oui, à la nécessité d’instaurer une culture de reddition des comptes au sein du Parti ;

  Oui, à la promotion d’une véritable démocratie ausein du Parti ;

  Oui, à la promotion au sein du Parti de valeurs sociales minima, sans lesquelles il serait vain de vouloir construire un Burkina nouveau.

  Etc., etc.

Autant d’éléments de cri de cœur qui nous amènent aujourd’hui à en appeler à tous, Militants et Militantes, Sympathisants et Sympathisantes de l’UPC, à faire front commun, pour barrer la route à ce style de gouverna nce qui ne peut, que nous conduire inexorablement droit dans le mur et au pire dans le précipice.

A ce rythme, 2020 risque d’être de nouveau un autre WARTERLOO ou un BOLI-
BANA pour nous.

A bon entendeur salut !

VIVE L’UPC NOUVEAU !

VIVE LE BURKINA NOUVEAU !

VIVE LE FRONT DE REFUS UPC !

ONT SIGNES : LES ‘’GARDIENS DU TEMPLE’’

Pour LES ‘’GARDIENS DU TEMPLE’’

Bruno KAFANDO

Membre
Concepteurs/Fondateurs de l’UPC (5)

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5 )

A ce titre, M. Bruno KAFANDO est depuis la création du Parti, membre du Bureau Politique National (BPN) et du Secrétariat Exécutif National(SEN), chargé des questions Economiques et de la Planification du Développement.

Il a conduit et dirigé les travaux du groupe chargéde l’élaboration du rapport sur la situation économique du Burkina et du groupe de travail qui a eu à examiner ce rapport lors du Forum sur l’alternance en 2009.

Il a coordonné et supervisé dès 2010, en tant que Correspondant désigné pour le KADIOGO, la mise en place de toutes les structures du Parti dans le Kadiogo ;

Il a été plébiscité en 2014, lors de la réinstallation de toutes les structures par l’ensemble des militants de base du KADIOGO qui l’ont élu Secrétaire Général du Parti, pour la Province du

KADIOGO

M. Bruno KAFANDO a été aussi Député à l’Assemblée ationale,N élu au titre du KADIOGO, au cours de la législature passée (2012 – 2014).

titre documents joints