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LE FRANC CFA A LA LOUPE DES EXPERTS : une monnaie aux avantages certains mais à l’avenir non garanti

lundi 24 avril 2017


« Les enjeux de l’abandon ou du maintien du Franc CFA ». C’est autour de ce thème que le Centre d’Etude de Réflexion et de Formation Islamiques (CERFI) a invité d’éminents experts à édifier le public ce 23 avril à son siège. Si les avis sont tranchés, il ressort que le Franc CFA a bien des avantages mais que l’avenir ne plaide pas pour son maintien.

On pourra difficilement trouver des voies plus autorisées que celles qui ont entretenu le public ce 23 avril sur la désormais très polémique question du Franc CFA. Les débats sont le plus souvent, on le sait, houleux et le plus souvent menés par des personnes qui n’y entendent pas grand-chose à l’économie mais qui, dans un élan d’exaltation altermondialiste s’érigent en experts. Ce n’est pas le cas pour les experts du jour. Et pour cause ; le premier-dans l’ordre de l’intervention- n’est rien d’autre que Justin Damo Barro, ancien Ministre des Finances du Burkina et ex-Gouverneur par intérim de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar. Le deuxième est Damien Lankoandé, enseignant d’Economie à l’Université de Koudougou. Le troisième est le célèbre Professeur de Philosophie Mahamadé Sawadogo. Dire que Justin Damo Barro(JDB) est un « pro-maintien » serait aller vite en besogne mais son exposé incite à aller dans ce sens. Et pour cause, après avoir fait l’historique du CFA, ce sigle qui à sa création en 1939 signifiait Comptoirs Français d’Afrique et qui en 1960 a changé de nom pour devenir Communauté Financière Africaine. JDB a expliqué qu’en 1960, les pays africains qui avaient l’occasion de conduire les politiques économiques de leurs pays, ont fait face à un dilemme : pérenniser l’intégration ou la division monétaire. Le choix a été porté sur la première option…

Modèle envié. Selon JDB, ce sont des accords de coopération monétaire qui régissent la zone CFA et ce, depuis décembre 1973. Ces accords sont basés sur cinq(05) principes. Ces principes sont la garantie de convertibilité qui a une importance capitale et qui évite bien des désagréments. Le deuxième est la fixité de la parité entre le franc CFA et l’Euro qui atténue le risque de dévaluation et qui a le mérite d’attirer les investisseurs ; toutes choses qui mettent le pays à l’abri des crises économiques et politiques sans lendemain. Il y a aussi le principe de la centralisation des avoirs en devises ainsi que la garantie de change sans occulter la liberté d’établissement de relations financières entre la France et l’Union Economique et Monétaire Ouest –Africaine(UEMOA). Pour JDB, l’abandon du CFA dans les conditions actuelles plongerait les Etats membres dans l’instabilité monétaire et pourrait entrainer la désagrégation du modèle d’intégration de l’UEMOA tant envié ailleurs en Afrique. Sans oublier le risque d’assèchement des Etats qui voudraient importer des biens d’équipement comme on l’observe en Gambie et en Guinée souligne Barro qui met aussi l’accent sur le risque de fin de solidarité. Laquelle solidarité qui aurait selon JDB permis de garder la Cote d’Ivoire de garder « la tête hors de l’eau » pendant les longues années de crises que ce pays a traversées. En revanche, il estime que quelques arguments tels que l’indiscipline peuvent plaider en faveur de l’abandon du CFA. En effet, depuis la signature des accords de coopération monétaire en 1973, la Cote d’Ivoire a le privilège exclusif de nommer le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest(BCEAO) en violation des textes en vigueur. Pour lui, les débats sur le CFA relève de l’émotionnel et sont dépourvus d’arguments rationnels. Aussi préconise- t-il que si abandon il devrait y avoir, il faudrait au préalable que les Africains réfléchissent bien sur l’alternative au CFA.

Entrave à l’économie. Le Professeur Damien Lankoandé dit adhérer aux faits que les principes qui régissent la monnaie sont bons dans le principe mais dans le principe seulement. Il considère que le franc CFA constitue une « exploitation » parce que la fixation du taux de change relève du pouvoir discrétionnaire de la France. En outre, il juge que la fixité et le fait que « le franc est une monnaie forte sont des entraves aux économies des pays de la zone CFA si extraverties et si peu diversifiées ».Pire, il explique que la transférabilité de la monnaie entraine une fuite de capitaux au détriment des pays de la zone CFA.À titre illustratif, il révèle que la zone franc réunit 12% de la population africaine mais draine moins de 1% des investissements réalisés sur le continent. Aussi plaide-t-il pour une meilleure adaptation de la politique monétaire de sorte à ce que celle-ci soit en adéquation avec les besoins de développement de nos pays. Ce qui passe par la mobilisation de l’épargne et l’établissement de partenariat avec d’autres monnaies.

« Garantie d’allégeance ». Pour le Professeur de Philosophie Mahamadé Sawadogo, la question du CFA relève d’un principe. Pour lui, il est curieux que des « Etats prétendument indépendants cherchent pour tuteur le pays qui les a colonisés et qui de surcroit, a fixé les conditions de ce tutorat. D’où la fait que le CFA n’est à ses yeux qu’une garantie d’allégeance à l’endroit de la France parce que les pays de la zone ne sont pas libres de choisir leur politique économique. Le CFA ne profite qu’aux catégories dominantes de la population dont les dirigeants font bien sûr partie ». En conséquence ; il considère que pour tous ces méfaits, la question n’est plus de savoir si il faut aller vers l’abandon mais comment aller vers l’abandon de cette monnaie ! Une éventuelle sortie sera, à ses dires, difficiles parce qu’il y aura des pressions sociales et une attaque contre une éventuelle monnaie alternative. L’abandon du CFA est tout de même nécessaire parce l’Euro à laquelle il est fixé est elle-même dans la tourmente. Surtout que les populistes ont le vent en poupe en France et ailleurs. D’où son conseil : « Les Africains doivent prendre les devants… »Sinon « Quel sens aurait l’indépendance si elle ne garantit même le droit de mener une politique monétaire autonome ?! » Conclut-il.
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Soumana Loura

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