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R.S.P : la solution par un ... référendum

samedi 4 juillet 2015


(Précision importante : la réflexion qui suit n’a absolument pas été rédigée après coup pour réagir au récent non-événement du supposé projet d’arrestation ou d’assassinat du PM Zida par des éléments du RSP, ce texte est écrit AVANT la rumeur qui en a couru, et avant la publication du rapport sur le RSP : au lendemain de quoi il s’avère donc inutile de modifier une virgule de ce qui était déjà couché par la plume, car le problème ne fait même que se poser avec plus d’urgence et de pertinence. Le peuple burkinabè doit sans tarder reprendre les choses en main au sujet de son armée car, alors que l’on nous parle d’armée "d’élite", M.le PM ZIDA et ses camarades du RSP nous imposent un spectacle de cirque qui blesse toute maturité et insulte même l’idée distinguée d’élite).

Le débat sur le Régiment de Sécurité Présidentielle, que le RSP a lui-même souvent provoqué, depuis la chute du régime Compaoré, est inlassablement scandé par les déclarations sur le maintien et les appels à la dissolution pure et simple de cette troupe dite d’élite. Cependant que la question, elle-même décisive et délicate, de savoir au juste QUI doit et va, en dernière instance, décider de la dissolution ou du maintien d’un RSP réformé, n’est, à ma connaissance, jamais évoquée et examinée ; ce qui, au problème lui-même, rajoute une difficulté supplémentaire qui en complique, voire ferme la solution.
Et pourtant, dans l’absolu, la voie pour résoudre ensemble ce problème RSP de manière imparable ne manque pas. Mais les habitudes de toujours simplement se positionner pour ou contre ce corps armé ne font que nous enfermer dans une impasse, si ce ne sont des impasses et des polémiques dont la stérilité même nous distrait souvent de l’essentiel. C’est précisément pour sortir de l’impasse que l’on se propose ici d’analyser ce problème RSP en toute raison, sans passion, afin non de faire connaître une thèse qui soit une position de plus contre ou pour le RSP (ce qui ne veut pas dire que l’auteur de ce texte soit neutre, et n’ait pas de position au sujet de ce RSP), mais d’avancer une hypothèse qui vaille comme une idée ou une suggestion pour résoudre ce problème.
Car il y a bien problème. Et Me Hervé Kam a parfaitement raison de déclarer récemment que "s’il y a un seul problème à régler pendant la transition, c’est la question du RSP ". Mais encore faut-il, justement, sortir de la simple dialectique du pour et du contre afin de chercher et proposer les voies et moyens d’une solution démocratique irréversible du problème : de QUI attend-on qu’il résolve concrètement le problème RSP, puisqu’il y a problème ?

Les termes du débat RSP

Autant le dire tout de suite, en guise d’avertissement et de prévention : tous ceux qui appellent à la dissolution pure et simple du RSP trouveront ici leur compte, et des raisons de se réjouir, en même temps qu’ils seront, nous l’espérons, amèrement déçus, et feront la grimace ; exactement autant que ceux qui, en face d’eux, souhaitent le maintien, moyennant réforme, de ce même RSP. Parce que les arguments respectifs comportent, d’un côté (dissolution) comme de l’autre (maintien), des faiblesses, voire des aveuglements.
Voici, sans prétendre à l’exhaustivité, chacune de ces deux positions et leurs failles respectives, au sujet du RSP. Voici, autrement dit, l’ébauche, l’esquisse, d’un discours sans lâcheté ni complaisance sur le RSP. (Il n’est en rien la divulgation des résultats d’une enquête ni d’un rapport sur le RSP, et ne prétend pas embrasser tous les aspects de cette troupe, encore moins les aspects proprement militaires, techniques, et historiques ou généalogiques).

1. Les dissolutionnistes (les partisans de la dissolution du RSP) posent ou supposent une identité stricte entre le Régiment de Sécurité Présidentielle et Blaise Compaoré. RSP égale Blaise. Cette égalité / identité est celle de la cause et de son effet, ou celle d’un auteur et son oeuvre. Tel père tel fils ! C’est Blaise Compaoré qui a créé et institué le RSP, lequel aurait perpétré les crimes que Blaise a décidé de commettre. Si l’on supprime donc la cause / l’auteur, on ne peut pas ne pas faire disparaître l’effet / le produit, leur identité oblige. Or, par une Révolution (mais sans y voir et soupçonner la moindre contradiction ou incohérence, des dissolutionnistes radicaux refuseraient même qu’il se soit agi d’une révolution !), nous avons chassé la cause Blaise, donc nous devons également dissoudre son produit RSP...
En d’autres termes, voici la tige du raisonnement dissolutionniste : a) le RSP est une création de Blaise qui a tué des burkinabè ; b) or, Blaise n’est plus au pouvoir ; c) DONC le RSP ne peut plus continuer d’exister, il faut le dissoudre...
Quand nous savons en plus les provocations et pressions dont ce RSP a fait ou continue de faire montre, ce raisonnement dissolutionniste ne peut que tenir. Mais en réalité il ne tient qu’en boitant. Et il boite en ceci :
Premièrement, on raisonne alors, curieusement, comme si, justement, Blaise Compaoré n’était pas chassé du pouvoir, et par nous burkinabè, et qu’il continuait à gouverner le pays. Les pessimistes de notre Révolution, on le sait, y puisent également leurs arguments contre cette révolution et la pertinence même de la notion de Révolution. Mais à supposer que des individus continuent de diriger le Burkina au nom et à la place de Blaise Compaoré, il y a certainement beaucoup de lâcheté à s’attaquer à une troupe dans son ensemble plutôt qu’à ces individus pourtant identifiables et alors identifiés. Ils ont des noms, on sait où les trouver, ils vivent au Burkina, il suffirait de les interpeller comme d’autres se font interpeller pour souvent moins grave et dangereux. On sait qui a (ont) dirigé le RSP sous Blaise, et qui continue(nt) de le diriger, mais on préfère tuer le corps du RSP plutôt que de le "décapiter" (et l’on peut très bien décapiter le RSP, c’est-à-dire en finir avec son ou ses chefs incriminés, les écarter, sans que disparaissent cette troupe et l’idée même d’une armée d’élite au Burkina) : comme si l’on s’acharnait inlassablement sur le corps et la queue inoffensifs du serpent (disons : presque inoffensifs, car des hommes armés ne peuvent être complètement inoffensifs), alors que l’on sait pertinemment où se trouve sa tête dangereuse et venimeuse, mais que l’on s’abstient de frapper ...
Mais, deuxièmement, si l’on ne frappe pas la tête du serpent RSP, sa tête bifrons moitié Blaise moitié Transition, c’est qu’on ne PEUT pas frapper. Non par manque de moyens, mais par IMPUISSANCE. Le véritable problème du RSP, par conséquent, n’est pas, du coup, le RSP comme problème, mais un problème dont le RSP n’est que l’exemple et l’expression : ce problème, c’est que nous sommes, autant que nous sommes, IMPUISSANTS face à des individus. Et c’est cela qui est inquiétant, et révoltant, pas le RSP en tant que tel. Nous, burkinabè, ne deviendrons guère moins impuissants en dissolvant sans plus le seul RSP, si nous manquons d’institutions qui nous protègent de la toute-puissance d’individus intouchables ; ou si les institutions que nous avons restent tétanisées et paralysées devant des noms d’individus...
C’est un mensonge, couvert de populisme, de laisser croire que par la dissolution du RSP justice est faite et rendue aux victimes des crimes dont le régiment d’élite est accusé et soupçonné dans son ensemble, au mépris du principe juridique de l’individualité des peines, puisqu’on punirait en quelque sorte tout un corps, collectivement, à défaut d’inquiéter sa tête. Impuissance oblige, il est bien plus facile de dissoudre une troupe que d’interpeller, même dans les règles du droit, les individus qui la dirigent, s’ils sont mis en cause.
Parce que nos institutions sont plus faibles que des individus, il est évidemment plus facile de s’en prendre à elles qu’à eux, même si c’est encore par des individus que l’on passe pour mieux attaquer et ébranler les institutions. C’est à Zida que l’on demande de dissoudre le RSP. En dehors du RSP, l’ex DG des douanes Ousmane Guiro vient d’illustrer à merveille cette puissance des individus sur les institutions : appelé à la barre lors de son récent procès, Guiro traite un juge, représentant de l’institution judiciaire et de l’Etat, de "trop petit" pour oser lui poser une question embarrassante ! Un ex-fonctionnaire de l’Etat burkinabè qui insulte un juge, parce que l’Etat a eu le "tort" de le nommer DG des douanes, de lui permettre ainsi de devenir multimilliardaire, et d’en avoir fait par là même un "grand" au-dessus de l’institution Justice incarnée par le "petit" juge (la "grandeur"se mesurant au contenu et au nombre de cantines, plutôt qu’à l’intelligence et à l’intégrité)... Faut-il pour autant dissoudre alors toute la douane, parce qu’un DG des douanes s’est enrichi jusqu’à insulter des juges avec autant de mépris et d’arrogance ?

Troisièmement enfin, si l’on nous dit que nous ne pourrons rien faire d’autre du RSP que de le dissoudre, c’est que l’on réduit toute la fonction de ce régiment d’élite à seulement tuer des burkinabè. Le RSP serait formaté pour tuer et commettre des crimes sur des burkinabè, quel que soit le régime politique qui l’emploie et l’utilise comme outil. Les soldats du RSP, conclut-on, ont déjà tué, donc ils tueront encore, et à coup sûr, même sans Blaise Compaoré au pouvoir.
Mais si nous ne pouvons que le dissoudre, c’est que nous sommes notoirement incapables de bricoler et transformer l’outil ou la machine RSP pour nous servir et protéger au lieu de nous tuer. Par impuissance et par incompétence : dissoudre le RSP revient à avouer que nous (nos autorités politiques) sommes incapables de faire mieux et de mieux l’utiliser que Blaise Compaoré. Nous ne détruirions l’outil RSP que parce qu’en réalité nous manquons d’imagination pour nous en servir autrement que ne l’a fait Blaise. Et alors même que nous avons chassé ce dernier, nous montrons alors que nous continuons de trembler à la seule évocation même de son nom, et de ce qui lui est lié, ou que, étrangement, le Burkina Faso continue d’appartenir à Blaise

2. C’est à ce niveau que les réformistes du RSP (appelons ainsi ceux qui souhaitent le "maintenir", en sachant que de toute façon un maintien de ce régiment en l’état est impossible et impensable, puisque c’est tel qu’il est, en l’état, que le RSP fait problème) pourraient avoir raison. Le RSP n’est pas une propriété de Blaise Compaoré, mais un corps de l’armée burkinabè. Au lieu de le dissoudre, il suffirait de redéfinir ses fonctions (peut-être, heureusement, et l’on y pense, les mêmes que sous Blaise, celles de protection et de défense des burkinabè), son appellation (sécurité républicaine, par exemple, à la place de présidentielle), son mode d’organisation et de direction, et sa direction rendue mobile ( que personne ne reste ad vitam eternam, à vie, à la tête d’une troupe d’élite dont l’existence est nécessaire et justifiée), etc...
Bref, il serait parfaitement possible de maintenir au Burkina une armée d’élite, tout comme il peut exister des établissements scolaires et universitaires d’élite sans que nous nous en offusquons et en soyons scandalisés (surtout pas les plus aisés d’entre nous, n’est-ce pas ?). Maintenir une troupe d’élite, que les enfants de n’importe quel burkinabè peuvent intégrer pourvu qu’ils soient compétents et aptes, les critères de recrutement devant être à la fois stricts (sinon il ne s’agirait plus d’une élite) et transparents, républicains (sinon il s’agirait d’un gang, d’une mafia ou d’une caste armée). Mais une troupe d’élite qui soit précisément et rigoureusement encore une armée DANS l’Armée burkinabè, contrairement à ce qui est trop souvent reproché au RSP : le RSP que les dissolutionnistes veulent dissoudre est en vrai une armée HORS de l’Armée burkinabè, pas "dans", mais à côté et au-dessus d’elle, et c’est ce qui est décrié dans ce régiment d’élite, en tant qu’il s’excepte ainsi de l’Armée
Et surtout, les impératifs de sécurité anti-terroriste nous commandent de ne pas nous tromper de cible : car en dissolvant purement et simplement le RSP, ce n’est pas à Blaise Compaoré que nous portons un dernier coup victorieux, mais à nous tous, c’est-à-dire contre notre propre sécurité...
Mais là aussi, les réformistes du RSP, en invoquant la sécurité nationale, risquent de nous vendre une troupe d’élite plus belle et précieuse que nature. Car qui ne voudrait pas être protégé et défendu dans sa vie quotidienne ? Et surtout quand on convoque l’exemple de Boko Haram au Nigéria, comme si déjà, dans nos villes et même villages, une certaine insécurité ne régnait pas comme terreur : celle des braquages à domicile et dans les rues, celle des attaques à mains armées en plein jour.
En outre, l’exemple même de Boko Haram, que l’on peut agiter tous les jours comme un épouvantail à moineaux ou à sauterelles, a la faiblesse de sa force. En effet, si nos armées de pays pauvres étaient aussi performantes, comment se fait-il qu’à ce jour pas moins de quatre (4) États (Nigéria, Cameroun, Niger et Tchad) combattent ce groupe terroriste sans en venir à bout ? Aucun de ces pays n’auraient une troupe d’élite plus armée et entraînée ? Et dire que parmi ces quatre armées l’armée tchadienne est considérée comme l’une des plus aguerries en Afrique !
Il faut donc se garder de surestimer les capacités anti-terroristes de notre RSP, et il est plus que douteux que 1500 soldats puissent à eux seuls défendre le Burkina Faso contre des groupes sanguinaires du genre Boko Haram, si le reste de notre armée est sous-armé et sous-entraîné, voire démuni (sans munitions). Il y a élite et élite, et les soldats du RSP qu’on dit d’élite pourraient, sous d’autres cieux, n’être que des militaires ordinaires et moyens, quand on sait que même les armées occidentales les mieux équipées et entraînées du monde ont leurs limites et ne gagnent pas toujours des guerres (Vietnam, Afghanistan, Hezbollah face à Israël).
Mais plus encore : la lutte anti-terroriste pourrait ne servir que de prétexte pour maintenir un corps d’armée qui, en réalité, n’est qu’une caste militaro-financière, moins soucieuse des affaires militaires et même politiques que des affaires tout court, le RSP étant alors pour des militaires burkinabè la voie royale la plus assurée de l’enrichissement le plus indécent. À cet égard, on ne serait pas surpris de constater que la fortune apparemment colossale de notre premier ministre Zida pourrait être liée au RSP d’où il vient
Ceux qui ne voient dans le RSP qu’un groupe de soldats assoiffés de pouvoir ou tentés par le pouvoir d’Etat ne voient rien du tout. Rien n’interdit de penser que si le RSP veut le pouvoir il peut le prendre, à tout moment, puisqu’on nous dit qu’ils sont nos militaires les plus et mieux armés et entraînés ; quitte à semer la terreur, et à être impopulaire à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina (de tels régimes existent ici ou là, on le sait : Gambie, Burundi...). Quand les chefs de ce régiment prennent en otage leur camarade de troupe Zida, ce n’est pas, on le sait, pour des raisons de gouvernement et de pouvoir, mais pour des raisons apparemment militaires qui, sous le couvert d’un souci pour la hiérarchie militaire, pourraient ne viser qu’à conserver la hiérarchie des avantages et privilèges qui facilitent l’enrichissement. Si un lieutenant-colonel ne peut pas commander un général au sein du RSP, pourquoi ce général ne pourrait-il pas s’en aller commander des colonels et lieutenant-colonels dans d’autres unités de notre Armée en dehors du RSP ? Un général au RSP devient-il moins général s’il quitte le RSP pour diriger d’autres unités ? Si l’on regarde bien, il pourrait ici s’agir moins d’un problème de crainte du déclassement militaire que d’une inquiétude réelle quant aux privilèges et opportunités d’enrichissement.
En tant que caste militaro-financière possible, mais où le militaire est subordonné au financier qu’il sert sous le couvert et le prétexte de l’excellence militaire, le Régiment de Sécurité Présidentielle, pour paraphraser la formule de l’homme politique français Adolphe Thiers, règne sans gouverner. Dans l’ombre et à l’écart du pouvoir, de la gestion et de l’administration politiques, le RSP ou ses chefs ne feraient que plus facilement et aisément fructifier et prospérer leurs affaires, tout en nous racontant, par la bouche même de Monsieur Zida le premier ministre et ministre de la défense, l’histoire de "la chienne" qui n’aboie pas et de "la chèvre du voisin" qui mord...pour mieux tourner et détourner notre vigilance.
Bref, il est fort à craindre que le RSP ne se pare de l’expertise et de l’excellence militaires et anti-terroristes pour s’imposer comme un pouvoir invisible mais tout-puissant (à l’image d’un général Gilbert Diendéré), qui plane et règne sur nos institutions qu’il prend soin de ne pas gouverner, et même sur nos hommes politiques qui nous gouvernent. Un règne qui serait cependant l’exact contraire de ce pouvoir doux et bienveillant que Tocqueville voyait dans la nature même de l’Etat démocratique : plutôt une colonisation locale et intérieure insoupçonnée d’une troupe d’élite qui, au lieu d’être une puissance tutélaire démocratique et républicaine, nous tient tous, sans le dire ni le laisser dire, sous une tutelle et un joug imperceptibles, et comme si elle nous mettait en permanence à joug ; une troupe dont les mécontentements retentissent à chaque fois comme des tirs de sommation...

Les raisons d’un référendum

On avait prévenu le lecteur : ceux qui aiment les positions toutes faites, tranchées et figées auront été déçus, car le tableau qui vient d’être dressé du débat réel ou possible sur le RSP tient à la fois de l’apologie (défense) et du réquisitoire (critique). Qu’il nous suffise d’attirer l’attention de tous sur ceci : le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux camps protagonistes achoppent et s’échouent sur la question pourtant cruciale de savoir QUI va décider soit de dissoudre soit de maintenir le RSP. Que ce soit pour dissoudre ou pour maintenir ce régiment spécial, à QUI devons-nous nous en remettre pour décider ? À QUI devons-nous recourir, en dernière instance, pour en décider ? Au peuple ! Pourquoi ?
1. Les uns et les autres, dissolutionnistes et réformistes du RSP y gagneraient énormément. Ce ne sont certainement pas Messieurs Kafando, Président de la transition, ni Zida premier ministre et ministre de la défense, ni même le Conseil National de la Transition (CNT) qui décideront de dissoudre ou de maintenir le RSP, même s’ils se déclarent pour la dissolution ou pour le maintien. Pour l’instant du reste, les deux premiers responsables, Kafando et Zida, se sont prononcés plutôt pour un maintien du RSP : raison de plus pour en appeler au peuple burkinabè, si l’on ne veut pas et redoute que le sort du RSP soit tranché par ceux-là mêmes sur qui cette troupe est accusée d’exercer ses pressions !
On doit même s’étonner et regretter que les dissolutionnistes ne soient pas les premiers à évoquer et proposer le recours au peuple car, autrement, ils ne font que s’en remettre curieusement à la décision de ceux qui veulent maintenir le RSP. En outre, personne de sérieux ne peut à la fois soupçonner et même accuser Zida de complicité avec ses camarades et chefs du RSP dont il vient (cela se dit tous les jours), et attendre de lui qu’il décide du sort de ce régiment !
Mais Monsieur Zida, le premier, et plus qu’un autre, gagnerait à s’en remettre au peuple burkinabè tout entier pour décider de l’avenir du RSP, s’il veut bien se mettre au-dessus des soupçons et accusations plus ou moins fondés, pour les faire mentir : qu’il accepte que seul un référendum pourra le délivrer et soulager du guêpier et de la tenaille inconfortables en lesquels son RSP d’appartenance le tient, ou pourrait le tenir jusqu’à exiger qu’il maintienne ce qui leur est commun. Que Monsieur Zida accepte et nous propose, via le CNT, un référendum qui seul le libérerait lui-même du collier (pour filer sa propre métaphore du chien !) par lequel les chefs, la tête du RSP, l’attachent et le soumettent à leurs exigences, injonctions et diktats ...
2. Nous avons tous, peuple burkinabè, intérêt, si nous voulons vraiment une solution du problème RSP, à refuser et éviter que ce dossier RSP ne circule qu’entre les mains du même seul... RSP, comme s’il s’agissait d’un problème r.s.po - r.s.pien, et d’un débat complice entre camarades du RSP, dans lequel le général Diendéré fait un rapport sur ce régiment à Zida pour qu’il décide du sort de leur troupe commune.
L’évocation du seul mot de "référendum", on s’en doute, pourrait agacer certains, mettre beaucoup mal à l’aise pour les raisons que nous savons tous, ou pourrait même en faire ricaner d’autres : le référendum, dira-t-on, ce sont les partisans du régime de Blaise Compaoré qui en parlaient il n’y a pas longtemps, et que nous combattions, donc il faut, selon l’expression du pays, "quitter dans ça" ! Mais si nous "quittons dans ça" trop vite sans réfléchir, nous risquons fort de ne jamais régler ce problème RSP comme il faut, et risquons de rester au contraire pris dans les griffes de ses désirs dont personne ne connaît les limites, et dépendants de ses humeurs.
Encore un référendum ? Mais quoi donc ! Le mauvais et faux usage que voulait faire du référendum le régime Compaoré ne peut / doit pas nous en interdire toute prononciation, ni nous en interdire même tout usage en tant que pratique démocratique véritable. Nous avons même là, dans ce casse-tête RSP, tous les ingrédients réunis pour une pratique exemplaire du référendum : il s’agit bien, avec le RSP, d’une question d’intérêt véritablement national, puisqu’il s’agit de notre armée, et de ce que NOUS voulons en faire, et pas de ce que Diendéré ou Zida voudraient en faire. Il ne s’agit en rien, dans cette polémique autour du RSP, d’un problème de consensus, de légitimité ou de légalité, mais de QUI doit décider de l’usage et de l’avenir d’une armée qui nous provoque et menace, alors qu’elle nous appartient.
Rappelons enfin que le RSP lui-même, dans la communication de son Mémoire d’auto-défense du 11 février 2015, concluait en ces termes : "L’emploi des Forces répond simplement à une doctrine, qui est définie par le politique... Le RSP sera donc ce que les politiques voudront qu’il soit".
Il ne faut justement pas que le RSP soit ce qu’en veulent les politiques, si ces politiques gouvernent le pays sous le règne, les injonctions et les pressions de ce même RSP ! Et si ces politiques ne sont pas des démocrates et des républicains, on retomberait indéfiniment dans le mésusage scandaleux et compaoréiste de cette troupe d’élite. Non, le RSP n’est pas au service des politiques, il est et doit être au service du PEUPLE. Donc c’est le peuple seul, et pas quelques politiques, qui doit décider de l’usage et de l’utilité de ce régiment créé et entretenu à ses frais (et parfois malheureusement à ses dépens).
3. Ce qu’un individu (Blaise Compaoré) a créé et instauré, le RSP, seul le peuple peut le désinstituer et désinstaller s’il le juge dangereux ou inutile, ou le conserver tout en le modifiant s’il le juge nécessaire. Pas un ou d’autres individus, selon leurs volonté et intérêts encore, sinon on ne ferait que répondre à l’arbitraire par l’arbitraire, et à la discrétion de la décision d’un seul par une décision qui ne pourra être qu’un décréter, que l’on décide /décrète de dissoudre ou de maintenir le RSP.
La solution du problème RSP doit être telle que les soldats de cette troupe n’auront pas d’autre choix que de s’y...ranger (eux qui s’y connaissent en rangs !), surtout si cette solution leur était défavorable : cette solution, c’est la décision du peuple burkinabè par référendum. Tous ceux qui, comme moi-même, ont combattu le pseudo-référendum de Compaoré devraient saisir aujourd’hui l’occasion en or que nous offre le cas RSP pour donner une bonne et belle leçon de... RÉFÉRENDUM aux partisans de l’ancien régime.
Plus rien décidément ne doit être comme avant : oui, y compris donc aussi la compréhension et l’usage du référendum comme pratique véritablement démocratique...

Le RSP avant la Constitution

Laissons ici ouvert tout le débat sur le Régiment de Sécurité Présidentielle, en souhaitant avoir contribué à le relancer et renouveler pour le rehausser à son vrai niveau qui, tout comme son enjeu, est NATIONAL.
Une mise en garde ferme, tout de même, pour ne pas conclure : si nous devions nous doter d’une Constitution nouvelle pour passer à une 5ème voire 10ème République, une Constitution qui soit la plus démocratique et consensuelle possible, cependant que subsiste à la marge et au-dessus de cette Constitution une force armée d’élite, indomptable de par ses attaches, liens et plis hérités de l’ancien régime Compaoré, le sens et la plus-value démocratiques de cette Constitution en seraient au final fort minimes, voire nuls ; et nous n’aurons pas avancé d’un pouce.
Il serait donc plus judicieux et prudent de régler le problème du RSP avant la question d’une nouvelle Constitution qui, si elle est nécessaire et souhaitable, n’est certainement pas plus prioritaire et plus urgente que le RSP comme problème. Un problème qu’il serait, en outre, franchement illusoire de croire résoudre par la nouvelle Constitution toute pimpante.
Qu’on ne brandisse surtout pas, ce qui serait la meilleure fuite en avant, l’alibi et le prétexte de difficultés techniques et de délai pour l’organisation d’un référendum qui urge et s’impose ( le CNT saisi pourrait en voter le choix, sans pouvoir décider d’une dissolution ni d’un maintien du RSP, compte tenu de sa nature transitoire et de sa composition très déséquilibrée à juste titre).
Qu’on ne brandisse pas non plus le prétexte du nombre des élections pour lesquelles les burkinabè seront convoqués dans les mois qui viennent, car si nous devions même exceptionnellement voter tous les jours pour régler définitivement un tel problème qui fait noeud (un noeud à problèmes et dangers) dans un pays qui se veut démocratique, ce serait un bien moindre mal, plus souhaitable et plus bénéfique que d’avoir voté, comme nous l’avons fait jusqu’au 30 octobre 2014, une fois tous les sept ou cinq ans pour n’élire que le même dictacrate pendant vingt-sept ans.
Et puisqu’il se murmure une possible prolongation de la Transition, celle-ci ne pourra jamais strictement se justifier et se comprendre que si elle permet de résoudre une fois pour toutes le problème RSP, lequel est bien distinct de la question d’une nouvelle Constitution dont tout le monde parle volontiers partout en ce moment, mais peut-être pour ne pas parler du seul vrai problème de l’après-Compaoré au Burkina-Faso, le RSP, ce qui risque encore de nous coûter très cher demain ...

(28 juin 2015)
Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE
Philosophe
di.kombo@yahoo.fr