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Cyclisme : « (...) maintenant nous voulons rentrer dans le Top 5 » des pays africains (Capitaine Yasnémanégré Sawadogo, président de la FBC)

mercredi 17 janvier 2018


Son baptême de feu a coïncidé avec la 30e édition de la grand-messe du Tour cycliste international du Faso. Lui, c’est le Capitaine Yasnémanégré Sawadogo président de la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC). Les grands rendez-vous de la petite reine pour l’année 2018, les difficultés rencontrées au cours de la précédente édition, en passant par les perspectives de la fédération pour le reste de son mandat, le « Capi » dans un franc-parler n’a occulté aucune de nos préoccupations dans l’interview qu’il nous a accordée le jeudi 11 janvier dernier. Lisez !!!

Toute Info : Plus d’un an après votre élection à la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC), quel regard portez-vous sur le cyclisme burkinabè ?

Capitaine Yasnémanégré Sawadogo : Il faut dire que le cyclisme burkinabè se porte très bien. C’est un sport national, un sport que tous les Burkinabè aiment. Nous avons hérité de cette fédération. Nous avons trouvé une bonne animation au sein du vélo burkinabè. Sans se flatter le cyclisme burkinabè se porte bien comparativement à certains pays de la sous-région. Mais il ne faut pas dormir sur ses lauriers. Nous avons décidé de prendre en main la fédération pour aussi apporter notre touche à ce cyclisme burkinabè ; ce sport étant notre fierté nationale. Le Burkina Faso ayant été l’un des premiers pays à initier un Tour international en Afrique, il faut dire qu’au jour d’aujourd’hui nous devons d’être d’un certain niveau sur le plan africain, ce n’est pas le cas il reste beaucoup à faire nous travaillons d’arrachepied avec le comité exécutif pour ramener encore le cyclisme burkinabè au niveau du sommet du cyclisme africain.

Le Tour du Faso a connu sa 30e édition du 27 octobre au 5 novembre 2017, quel bilan organisationnel pouvez-vous tirer aujourd’hui ?

La 30e édition du Tour du Faso était mon baptême de feu. C’était aussi un anniversaire qu’on devait particulièrement marquer car trente ans ce n’est pas trente jours. L’occasion pour nous de faire des introspections et de se définir de nouveaux objectifs.
Pour cette 30e édition entre nécessité de marquer particulièrement l’évènement et mon expérience, il faut dire que c’est avec une logique de découverte action que nous avons tenté d’organiser. Au sortir de cette 30e édition, je peux vous assurer que je suis entièrement satisfait. Je profite de votre micro pour dire un grand merci au comité d’organisation, les présidents de commissions, les membres de commissions qui, chacun à travailler à son niveau pour faire de ce 30e anniversaire une belle réussite. A côté du défi organisationnel qui a été relevé, il y a bien sûr les résultats qu’il fallait préserver parce que nous avons hérité de la fédération avec un maillot jaune 2016. Nous avons aussi pour objectif de conserver ce maillot, mais malheureusement nous n’avons pas pu. Cette année le niveau était relevé.
D’abord nous avons tenté de passer à dix-sept (17) équipes invitées contrairement aux autres années où nous étions à treize (13). C’est ainsi que des formations marocaines, érythréennes et allemandes sont venues booster le niveau de ce 30e anniversaire. A l’issue nous avons occupé la 3e place.

Les Etalons cyclistes champions sortants ont fini 3e de ce Tour grâce à Mathias Sorgho. Quelle appréciation faites-vous de ce rang ?

Il faut dire que la 3e place nous satisfait. C’est vrai qu’entant que pays organisateur on aurait voulu conserver notre maillot à ce 30e anniversaire mais, le Tour du Faso comme sa dénomination l’indique est international. Pour nous pour que le Tour garde sa saveur et son mythe, il faille que de temps en temps, nous puissions perdre ce maillot. Vous avez vu l’exemple du Tour de France où il est chaque fois organisé mais pratiquement pas pris par les Français. Ce n’est pas parce que nous organisons une compétition qu’il faille qu’on conserve le maillot. Vous avez vu que jusqu’à la dernière étape, on ne pouvait pas pronostiquer quel pays allait conserver le maillot et à la fin c’est le Maroc qui l’a remporté. Le Maroc qui est un grand pays de vélo en Afrique. Le premier africain est Erythréen mais le premier Africain en matière de résultat est le Maroc. C’est dire qu’une troisième place est un ordre respecté. Nous le prenons ainsi, mais nous allons travailler davantage pour reconquérir ce maillot-là au Tour du Faso 2018.

Pourquoi votre fédération tarde à faire le bilan du Tour 2017 ?

Le bilan n’est pas encore fait cela m’étonne. Le bilan est fait à notre niveau. Le ministre des Sports et des Loisirs est au courant du bilan.
Nous avons des petits problèmes de recouvrements des montants au niveau des sponsors. Actuellement, les 2/3 des sponsors se sont exécutés, mais nous attendons la contribution de 1/3 des sponsors.
En ce qui concerne les dépenses du Tour du Faso, nous avons dit que pratiquement tous les fournisseurs ont été satisfaits exception fait au niveau du logement. Sinon pratiquement tout est bouclé. Et avec les montants qui ne sont pas encore rentrés, nous sommes sûrs que le Tour du Faso ne devra à personne à l’organisation de ce 30e anniversaire.
Le bilan est fait à notre niveau ? on ne l’a pas encore publié au niveau de la presse, mais nous voulons faire d’une pierre deux coups. Nous voulons et à la fois clôturer le Tour du Faso 2017 et profiter à cette même conférence de presse ou toute la presse burkinabè sera invitée profiter lancer le Tour du Faso 2018. C’est ce qui fait que jusqu’à présent vous (la presse) n’avez pas encore été sollicitée pour faire un point particulier.

Compétition phare du cyclisme burkinabè et la plus ancienne du continent africain, le Tour du Faso peine toujours à s’attacher des sponsors à la taille de l’évènement. Quel est le problème ?

Je pense que c’est la conjoncture économique du moment. Le Tour du Faso est effectivement une très grande compétition africaine. C’est la compétition internationale cycliste la plus ancienne d’Afrique. Elle est cotée 2.2. Sur le plan niveau de course, c’est le Tour du Gabon qui nous devance, le Tour du Gabon est coté 2.1, mais cela est dû aussi au budget. De nos jours, pour être accepté au niveau 2.1, il faut vraiment un budget colossal. Il faut prévoir le budget pour inviter toutes les équipes, prendre en charge leur déplacements, leurs logements, leurs billets d’avion.
Pour donner un ordre d’idée le Tour du Gabon qui est côté 2.1 tourne autour de 2 milliards 500 pendant que le Tour du Faso à peine atteint les 400 millions. Pour relever ce défi, pour monter un peu plus haut, il va falloir que nous travaillons d’arrachepied pour décrocher davantage de sponsors et aussi demander le soutien des autorités du pays.
Vous avez suivi l’arrivée du Tour du Faso 2017, nous nous en réjouissons. Vous avez écouté le premier responsable du pays, le président Roch Marc Christian Kaboré qui, en tout cas nous a rassurer qu’il mettra tous les efforts et moyens à la disposition du Tour du Faso pour que nous occupions la place que nous devons occuper. Le ministre des Sports nous a rassuré aussi de son soutien total. Et ce n’est pas pour autant que le comité d’organisation doit dormir.
Je disais tantôt que nous allons profiter faire un bilan et profiter dès les mois à venir lancer les hostilités pour le Tour du Faso 2018. Cela nous donnera donc un délai pour aller convaincre les sponsors en espérant que pour cette édition 2018 nous aurons davantage de soutien, nous aurons davantage un budget conséquent. Ce qui va nous permettre si cela est clair et rassurant de demander à l’union cyclisme international à passer à un niveau 2.1 pour les futures éditions du Tour du Faso.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées au cours de la 30e édition du Tour du Faso ?

Sur le plan organisationnel à part le stresse d’un novice (cycliste) nous n’avons pratiquement pas rencontré de problèmes. Je tenais à tirer mon chapeau sur le plan organisationnel au comité national d’organisation. Mais à l’issue de mon premier Tour que j’organise, je peux dire que nous avons eu des inspirations pour économiser dans un certain nombre de commissions ce qui va nous permettre d’être beaucoup plus autonomes. Ma première expérience va me permettre de mieux organiser la 31e édition du Tour du Faso.

L’une des particularités du Tour 2017 était l’inscription de l’étape du Sud-Ouest à Gaoua, soit plus de dix (10) ans après le dernier passage de la caravane dans cette région. L’étape de Gaoua sera-t-elle un acquis pour les prochaines éditions ?

Gaoua a été choisie l’année passée tout naturellement parce que c’était la ville hôte du 11 décembre. Cette année encore, Manga sera une ville hôte. Nous sommes sur le tracé du circuit, mais il faut que de façon générale vous sachiez que le Tour du Faso c’est dix (10) étapes et nous avons treize (13) régions. Il y a le paramètre de la qualité des routes, il y a le paramètre également du fait qu’une ville ait été abandonnée depuis plusieurs années.
Cette année je peux vous assurer que nous irons à Manga, mais nous verrons au niveau du Sud-Ouest et dans la région des Hauts-Bassins, quelles seront les villes que nous allons privilégier parce que n’oubliez pas qu’il y aussi le Nord, le Centre-nord, le Centre-est.
Je ne peux pas vous assurer que Gaoua sera encore revisitée cette année, mais ce qui est sûr, nous serons à Manga. Je sais aussi qu’il y a les personnes de l’Est qui nous font appel. Si l’état de la route est bon dans un certain délai les gens de cette région verront le Tour du Faso.

Avec votre expérience, quels sont les enseignements à exploiter pour la 31e édition du Tour qui aura lieu cette année ?

L’une des premières décisions, c’est de commencer l’organisation du Tour du Faso très tôt. Cette année aussitôt le bilan fait, aussitôt le Tour du Faso 2018 sera lancé. Nous allons déjà anticiper pour aller vers les sponsors et non attendre à quelques jours du Tour du Faso pour courir. J’espère bien que les conditions économiques seront meilleures cette année et que nous aurons beaucoup plus de sponsors.
Aussi nous allons mettre le comité d’organisation en place très tôt pour déjà commencer à travailler que chacun à son niveau puisse faire des propositions pour une réussite du Tour du Faso 2018.
Au niveau du concessionnaire par rapport aux véhicules, il va falloir qu’on se prennent tôt, que le marché soit lancé dans les très bons délais afin qu’on puisse choisir un concessionnaire qui va nous aider à économiser sur le Tour du Faso. Pareil pour l’hébergement et dans toutes les commissions.
Une organisation telle que le Tour du Faso a besoin aussi qu’il y ait plusieurs réunions. Nous allons multiplier les réunions afin de parfaire l’organisation de cette grande messe du cyclisme africain.

Quels sont les grands rendez-vous du cyclisme burkinabè en 2018 ?

Nous sommes à pied d’œuvre. La saison a déjà commencé pour nous. Depuis le 3 janvier les Etalons cyclistes sont regroupés dans la ville de Bobo-Dioulasso pour préparer un certain nombre de compétitions internationales.

Du 15 au 21 janvier, les Etalons cyclistes seront à la 13e édition de la Tropicale Amissa Bongo au Gabon.
Du 31 janvier au 4 février, nous avons une nouvelle compétition sur le plan africain, le Burkina Faso étant reconnu comme pays de vélo a eu l’honneur d’être invité qui est le Tour de l’espoir réservé aux moins de 23 ans. C’est une nouvelle compétition instituée par le président de l’Union cycliste international (UCI) David Lappartient. C’est une compétition pour les jeunes, elle permettra de préparer la relève au niveau de l’Afrique et ce sera l’occasion pour les grands sélectionneurs de détecter les jeunes et si nous avons la chance et cela aussi est l’un de nos objectifs, un Burkinabè pourrait être détecté et afin nous aurons le premier professionnel burkinabè. C’est aussi une compétition qui va préparer les championnats du monde des moins de 23 ans qui s’organise cette année en Autriche.
En début février, nous avons des compétitions nationales. Du 13 au 18 février nous serons au championnat d’Afrique de cyclisme qui se tiendra cette année au Rwanda. Du 28 février au 4 mars nous serons au Tour du Mali. Nous serons également au challenge du prince héritier du Maroc, à nos traditionnels Tour du Togo, du Bénin, d’Erythrée, d’Ethiopie, de Côte d’Ivoire, jusqu’à entamer le Tour du Faso en octobre prochain.

Quelle appréciation faites-vous du niveau des cyclistes burkinabè ?

Nous avons de très bon Etalons cyclistes. Nous avons des coureurs qui se comportent bien même sur le plan international. Il faut se réjouir de notre cyclisme mais comme on le dit, il ne s’agit pas de dormir sur ses lauriers. C’est vrai que nous avons de bons coureurs mais nous voulons atteindre un certain niveau en Afrique. C’est vrai que le Burkina Faso est dans le Top 10 des pays africains mais maintenant nous voulons rentrer dans le Top 5. Parce que nous avons des pays tels que le Maroc, l’Erythrée, l’Afrique du Sud, le Rwanda qui nous ravissent la vedette. Voilà pourquoi nous continuons de travailler. Nous allons continuer de multiplier les compétitions sur le plan national. Nous allons envoyer des jeunes pour se préparer au centre mondial cyclisme Afrique basé en Afrique du Sud.
Pour vous dire déjà, nous avons deux Etalons cyclistes que nous allons envoyer en Afrique du Sud du 19 janvier au 10 février pour bien préparer les championnats d’Afrique.

L’un des problèmes du cyclisme, c’est le coût élevé du matériel notamment les vélos de compétitions ? quelle politique est mise en place par votre fédération pour soutenir les clubs dans l’acquisition du matériel ?

Le point névralgique a été touché. Effectivement le principal problème au niveau du cyclisme c’est l’équipement. Nous n’avons pas de vélodrome. Je sais que de tous les présidents qui se sont succédé ce projet de vélodrome a été au cœur de leur programme. Ce projet de vélodrome est toujours dans mon programme. Nous travaillons avec le ministère des Sports et les autorités pour que le Burkina Faso voie enfin son premier vélodrome parce qu’on ne peut pas se targuer de pays de vélo sans avoir un vélodrome.
En ce qui concerne les équipements, les vélos professionnels de nos jours tournent autour de 3 millions, 4 millions, souvent 7 millions pour les plus chers.
La politique que nous mettons en place pour acquérir des vélos pour l’équipe nationale c’est bien le recours au soutien de l’Etat, au ministère des Sports et des Loisirs, au Fonds national pour la promotion du sport. Je tiens au passage à remercier le ministre des Sports et le Directeur général du Fonds qui, cette année ont fait, un effort pour réaliser une dizaine de vélos pour les Etalons cyclistes.
Autre stratégie que nous mettons en place, nous prenons contact avec des mécènes, des amoureux du vélo que ce soit nationaux ou internationaux pour voir dans quelle mesure ils peuvent réaliser des montures pour certains de leurs coureurs. Sur le plan international, avec les autres fédérations nous tentons de mettre en place une certaine coopération qui va nous permettre d’hériter des vélos que ces clubs professionnels abandonnent pour passer à d’autres, mais qui restent toujours neufs.
Nous sommes aussi en contact avec des personnes de bonne volonté suisses qui nous ont promis qu’une collecte de vélos sera faite au niveau de la Suisse afin que nos clubs des provinces qui n’ont pas besoin de vélos particulièrement professionnels puissent être dotés en vélos pour que nous continuions de détecter davantage la relève.

Avez-vous des craintes pour le développement du cyclisme dans la région des Hauts- Bassins après le décès le 4 janvier 2018 du président de la Ligue régionale du cyclisme Lassina Traoré, quand on sait qu’il était le principal acteur de la relance du cyclisme dans cette région ?

Avant tout propos, je voudrais une fois de plus présenter toutes mes condoléances à la famille éplorée. Je voudrais aussi présenter mes condoléances à l’ensemble des acteurs du cyclisme des Hauts-Bassins. C’est un grand homme du vélo que nous avons perdu. Un ancien grand coureur qui s’est par la suite transformé en dirigeant. Un dirigeant chevronné, passionné, un dirigeant qui mettait de ses moyens physiques, financiers, moraux. Il s’investissait dans le développement du cyclisme des Hauts-Bassins. Avec Lassina Traoré, vous avez à quels niveaux les clubs de Bobo Dioulasso sont remontés sur l’échiquier national. Ils n’avaient plus rien à envier aux clubs de Ouagadougou. Il a pu placer deux à trois Etalons à l’équipe nationale sous sa présidence. C’est un grand vide qui se crée au niveau du cyclisme des Hauts Bassins.
Lassina Traoré nous a quitté et nous sommes vraiment sceptiques quant à l’avenir du cyclisme dans les Hauts Bassins. De prime abord nous ne voyons pas quelqu’un qui pourrait assurer la relève, mais un peu optimiste parce que les Hauts-Bassins ne se résument pas en un seul homme. Nous espérons que plusieurs fils de cette région prendront la relève pour démontrer que sur l’échiquier national cette région a toujours son mot à dire dans le milieu du cyclisme.

Quelles sont les perspectives de la fédération pour le reste de votre mandat c’est-à-dire jusqu’en 2020 ?

C’est de poursuivre la réussite de mon mandat. Faire en sorte que la fédération burkinabè de cyclisme soit une fédération respectée et respectable. Nous allons organiser des conseils de gestions et des assemblées générales annuelles car c’est autour de ces cadres que les différentes stratégies et politiques sont adoptées pour la promotion du cyclisme.
Nous allons également poursuivre dans la formation. En 2017, nous avons pu former deux entraineurs de niveau 1 en Côte d’ivoire. Nous avons pu former une quinzaine de commissaires à la veille du Tour du Faso, une formation assurée par un expert international. Nous avons pu obtenir des stages de formation pour les membres du comité exécutif. En sus, nous avons pu obtenir des stages en France au profit des Etalons cyclistes.
Cette année nous allons poursuivre dans cette lancée et nous allons multiplier les formations et les stages pour tous les principaux acteurs. Nous mettrons les bouchés doubles pour acquérir les moyens au profit de la fédération. Nous allons également multiplier le nombre de sponsors.
Nous ferons un effort particulier avec les différentes autorités du pays pour que le projet de vélodrome commence à aboutir.
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Interview réalisée par Aziz Tiendrebéogo

TOUTE INFO, quotidien burkinabè en ligne