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Procès putsch manqué : Ambiance électrique entre le général Gilbert Diendéré et Me Guy Hervé Kam

vendredi 7 décembre 2018


Le septième jour passé à la barre par le général de brigade, Gilbert Diendéré a été marqué par l’échange tendu qu’il a eu avec l’avocat des parties civiles, Me Guy Hervé Kam. L’accusé qui a refusé de répondre aux questions que lui pose l’avocat et observations qu’il fait a donné les raisons pour lesquelles il a pris une telle décision. Pour ce qui est des autres avocats, les échanges étaient moins tendus.

Depuis son premier jour à la barre, le général de brigade s’est évertué à prouver qu’il n’est ni le commanditaire, ni l’exécuteur du coup d’Etat du 16 septembre 2015. C’est ce qu’il a encore fait ce mercredi 5 décembre 2018 face aux avocats des parties civiles qui à travers leurs questions et observations ont tenté de prouver le contraire. Le premier des avocats à avoir pris la parole ce jour, c’est Me Prosper Farama qui visiblement n’est pas convaincu de l’innocence du prévenu. Il lui rappelle en effet que les mots qu’il a tenus lors de la réunion de la CRAD, prouvent qu’il n’est pas allé en tant que médiateur. Pour lui donc, le général s’est rendu à la réunion en tant qu’auteur. Pour ceux qui doutent encore de sa culpabilité, l’avocat pose la question suivante : « comment un médiateur peut appeler à ce qu’on entérine et endosse les faits ». Convaincu qu’il n’est pas étranger à l’acte qui a été posé le 16 septembre, il fait remarquer que depuis le 16 septembre, le prévenu a une autorité sur les éléments du RSP qui obéissent aux ordres qu’il donne. A titre d’exemple, Me Prospère Farama a rappelé que c’est le général Gilbert Diendéré qui a donné l’ordre de libérer les ministres femmes, ce qui fut fait le lendemain a-t-il soutenu. Revenant sur la déclaration faite par l’accusé, qui assure que la hiérarchie militaire a accepté accompagner le coup d’Etat, le conseil des parties civiles lui pose la question suivante : « même si l’armée a décidé d’assumer le coup, pourquoi c’est vous qui décidez de prendre la tête en lieu et place de ceux qui ont fait le coup » ? Refusant de répondre à la question, l’officier militaire rappelle avoir longuement expliqué cela dans son récit et a souhaité ne plus revenir là-dessus. Face à ce refus, l’avocat va faire observer que pour lui, l’argument qu’il a avancé ne tient pas. Il souligne que dans certains pays, l’on a vu des caporaux, des sergents devenir des chefs d’Etat.
Le général refuse de répondre aux questions de Me Guy Hervé Kam
L’ambiance entre le général de brigade, Gilbert Diendéré et l’avocat des parties civiles, Me Guy Hervé Kam. C’est ce que l’on peut dire après l’échange qu’il y a eu entre les deux hommes. Ils se sont clachés diront certains. C’est le général qui a commencé quand l’avocat qui a la parole a commencé sa série de questions. Ne voulant pas répondre, le prévenu déclare : « il m’est difficile de faire la différence entre l’avocat et le porte-parole de Balaie Citoyen ». Il explique que l’avocat est un acteur de ce qui est arrivé les 30 et 31 octobre 2014. Accusant l’homme de droit d’avoir aidé le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida à faire un coup d’Etat, il affirme : « nous avons vu les photos, nous savons ce qui s’est passé ». Le général poursuit sa déclaration en révélant que sur l’émission la brèche à la télévision nationale, un des responsables du mouvement Balaie citoyen a déclaré avoir fait un deal avec Yacouba Isaac Zida à l’époque. Il se demande à savoir de quel deal s’agit-il ? Continuant avec les accusations, il soutient que l’avocat a bénéficié des 50 millions du RSP partagés par Zida après son coup d’Etat et même d’une somme de 100 millions de francs CFA. Relavant que des propos diffamatoires ont été tenus contre le RSP sous la Transition, le militaire fait une confidence, selon laquelle, un officier du RSP lui a confié que Me Guy Hervé Kam l’a appelé pour lui dire qu’ils vont continuer à insulter le RSP car eux, ils cherchent à manger. « C’est en cherchant à manger qu’on est là » a soutenu le prévenu. Convaincu que Me Gui Hervé Kam à une part de responsabilité dans les évènements qui ont conduit au coup d’Etat, il lui fait comprendre qu’il est désolé et que même si aujourd’hui, il se présente comme avocat, il ne répondra pas à ses questions. C’est d’ailleurs ce qu’il fera.

La réplique de Me Kam

Il faut croire que l’avocat des parties civiles Me Guy Hervé Kam n’a pas apprécié l’intervention du prévenu et n’a pas hésité à répliquer. « J’ai compris avec votre intervention que Blaise Compaoré en 2014 n’a pas vu venir l’insurrection et a fui le pays avant la prière de 13 heures. Je comprends pourquoi en 2015 vous avez fait le coup d’Etat qualifié de plus bête au monde » a débuté l’homme de droit. Qualifiant de mensonger les propos de l’accusé, il indique que ce n’est pas un jeune à qui on donne de l’argent pour payer des brochettes ou des mégas pour qu’il puisse se connecter et mentir, qui le fait, mais un officier supérieur déplore-t-il. Il ajoute, si quelqu’un qui a juré de dire la vérité à la barre se permet de mentir, je comprends pourquoi Blaise Compaoré a longtemps dormi. Revenant sur les évènements du 30 octobre 2014, il confirme que quand les balles du RSP sifflaient, il était à la première loge à l’Assemblée nationale. « Si c’était à cause de ces sommes, je n’allais pas risquer ma vie » a-t-il soutenu. Lui rappelant les chefs d’accusation pour lesquels il comparait et les peines qu’il encourt, l’avocat lui fait comprendre que ce qu’il dit ne l’aidera en rien. « Défendez-vous, car quand à Me Kam ou M. Kam n’ayez aucune pitié ». Faisant la morale au présumé auteur du coup d’Etat, il déclare : « dans la vie, on peut perdre de l’argent, on peut perdre le pouvoir, mais on doit mourir dignement » Gardez votre dignité lui a-t-il fait comprendre.
Ses mots, n’ont pas fait réagir le général qui arrêté tout droit à la barre a continué à écouter les questions que posent l’avocat et les observations qu’il fait sans dire mot.

L’avocate de Savane FM réclame son matériel

Me Aoua Sawadogo quant à elle, s’est intéressée aux actes concrets posés par la hiérarchie militaire allant dans le sens de l’accompagnement du coup de force du 16 septembre 2015. Tout en répondant par l’affirmative Golf soutient qu’il en a bénéficié de plusieurs. Pour le général aux deux étoiles, l’hélicoptère qui a été mis à sa disposition, le maintien de l’ordre et la présence de l’ex-CEMGA à ses côtés à l’aéroport pour accueil les chefs d’Etat étrangers constituent à en point douter des faits tangibles. Par ailleurs, en tant que conseil de la radio Savane FM qui a subi des dommages pendant ces événements, l’avocate lui a demandé dans quelle mesure il a ordonné de rechercher la 108. FM ? « C’est une proposition qui m’a été faite par les techniciens car cette radio émettait de façon insolite et appelait à la violence. Et c’était juste pour faire cesser et non arracher le matériel », répond le natif de Yako. Et de poursuivre qu’il a accédé à cette proposition en tant que chef de l’Etat en ce moment et qu’il était de son devoir d’interrompre des messages pouvant entrainer des troubles dans le pays. « Et qu’en est-il du matériel qui a été emporté ? », lance de nouveau Me Sawadogo. Sur ce plan, le général Diendéré, confie q’une partie du matériel était au camp Naaba Koom II et l’autre partie à l’état-major particulier. Dans la même logique, il assure avoir pris l’engagement de le remettre après que le responsable de la radio Savane FM l’a joint au téléphone mais n’a pu le faire jusqu’au jour qu’il a été mis aux arrêts.

Thierry LOMPO