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Gratuité de l’eau et Relevé bimestriel de l’ONEA : ceux qui abusent des mesures sociales vont payer la note plus tard

vendredi 15 mai 2020


L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) a présenté sa toute dernière innovation en matière de relevé des index des compteurs d’eau. Il s’agit d’un relevé bimestriel qui va « chambouler les habitudes des consommateurs ». Au cours d’une conférence de presse tenue le jeudi 14 mai 2020 à Ouagadougou, l’ONEA est aussi revenue sur la mise en œuvre des mesures sociales relatives à gratuité de l’eau et les difficultés constatées sur le terrain au niveau des ménages, des gérants de bornes fontaines et des tricycles. La conférence de presse a été co-animée par Binjamin Méda, directeur du système d’information, Moussa Semdé, directeur de la clientèle et Françis Kéré, directeur régional de Ouagadougou.

Après soixante bonnes années de son existence, l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) met le cap sur un nouveau système de relevé des index du compteur pour la facturation de la consommation d’eau. L’information avait été distillée au public par voie de communiqué paru dans plusieurs médias. A l’occasion de la conférence de presse de ce jeudi 14 mai 2020, la Nationale de l’Eau s’est livrée à une séance d’explication plus détaillée de la nouvelle donne. Selon le Directeur de la clientèle Moussa Semdé, « le principe de ce nouveau système est le relevé de l’index du compteur des clients une fois tous les deux mois. A chaque passage du releveur, le client reçoit deux factures : une facture sur relevé et une facturation du mois non relevée qui est calculée à partir de la consommation moyenne du client. » Finit donc le temps où chaque mois, les abonnés de l’ONEA se voyaient remettre une facture par un releveur de l’index du compteur d’eau. Désormais, l’agent commis à cette tâche passera une seule fois chaque deux mois, avec deux factures dont les dates de paiement ne seront pas les mêmes. « Les dates de paiement seront différentes et le paiement peut se faire en deux mois. » Précise le Directeur du système d’information Binjamin Méda.

A en croire les conférenciers, l’introduction d’une telle innovation est motivée par la croissance du nombre d’abonnés ces dernières années qui est passé de 185 000 entre 1950 et 2010 à 260 000 entre 2010 et 2019. En moins de dix ans, l’ONEA note ainsi une augmentation de 150 % de ses branchements, avec une prévision de 500 000 nouveaux branchements d’ici à 2030. C’était fastidieux de faire régulièrement des passages pour les relevés, font remarquer les animateurs de la conférence de presse.
Selon eux, c’est face à un tel défi qui mobilise d’énormes ressources que l’ONEA veut s’adapter. Pour rassurer sa clientèle, les conférenciers confient avoir déjà expérimenté et réussi le système de relevé bimestriel à Ziniaré en 2018. Dans certains pays africains également comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, de systèmes similaires fonctionnent, indiquent-ils. Tout changement a forcément des conséquences, mais ensemble nous pouvons atteindre des résultats meilleurs, prône le Directeur du système d’information Binjamin Médah, non sans ajouter qu’il n’y a aucune mesure d’arnaque derrière comme cherchent à insinuer certaines langues. A cet effet, en plus du travail qui sera réalisé par le logiciel de facturation, des analyses et des vérifications seront suivies pour déceler d’éventuelles anomalies à corriger. Rassure-t-il.

La gratuité s’arrête à partir 2 882 F CFA, le reste vous payez

Sur la mise en œuvre de la gratuité de l’eau, seconde thématique abordée au cours de la conférence de presse, l’ONEA l’estime à 35 % après plus d’un mois d’exécution. En effet, la gratuité pour les consommateurs de la tranche sociale (0 à 8 m³) est déjà effective depuis le 4 avril 2020. Dans les bornes fontaines, la gratuité est aussi effective et la compensation financière promise aux gérants a commencé.
Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les mesures de gratuité de l’eau connaissent des difficultés dans la mise en œuvre. En effet, selon les responsables de l’ONEA, il y a une limite qui fixe l’approvisionnement des tricycles à 200 litres par demandeur, soit une barrique ou 10 bidons maximum afin de ne pas bloquer ceux qui sont alignés. Une disposition qui n’est pas toujours respectée par les consommateurs qui veulent continuer à utiliser de grands fûts.

En outre, certains clients abusent des mesures et se livrent à la surconsommation en se disant que c’est gratuit. Ainsi, selon le Directeur régional du Centre (Ouagadougou), la force de la consommation de la seule ville de Ouagadougou en cette période est passée de 190 à 210m3 due au gaspillage et au sur stockage. Pourtant, le système de facturation à l’ONEA connait un décalage de deux mois. Autrement dit, les factures arrivées à échéances en avril, mai et juin qui sont prises en charge par la gratuité correspondent respectivement aux consommations antérieures de février, mars et avril. Mieux encore, ceux qui utilisent abusivement l’eau de leur robinet sous prétexte de la gratuité pendant ces mois d’avril, mai et juin auront des factures relatives à ces consommations réelles au cours des mois de juin, juillet et août prochains.
C’est une question de décalage : « Vous consommez en avril, mais vous recevrez la facture en juin. Le mois de juillet ne fait pas partie de la gratuité. Donc si vous vous mettez en tête que c’est gratuit, vous allez payer si la consommation est élevée. » Tient à préciser le Directeur clientèle, Moussa Semdé. Pour clair, insiste le Directeur régional de Ouagadougou, « il faut que les gens sachent que l’eau n’est pas gratuite dans les ménages, parce que le maximum c’est 2882 F correspondant à la tranche sociale. Le surplus est supporté par le consommateur. » L’entière gratuité ne concerne en réalité que les bornes fontaines où chaque consommateur a droit à 10 bidons d’eau, l’équivalent d’une barrique d’eau, sans paiement.

Malgré cette précision, des gérant de bornes fontaines n’appliquent pas la mesure de gratuité et se livrent à la vente de l’eau. Certains développent des comportements malsains, empêchant les consommateurs d’accéder à l’eau. Face à ces cas, l’ONEA révèle que huit (08) gérants de bornes fontaines sont déjà dans le collimateur. Parmi eux, cinq (05) sont en cours d’être retirés en faveur d’autres gérants. Dans la même logique de répression, un appel est lancé aux populations de dénoncer les contrevenants.

La période de canicule va aussi avec des coupures d’eau à répétition. Ce qui fait croire aux consommateurs que c’est à cause de la gratuité que les coupures d’eau sont fréquentes. Selon l’ONEA, il n’en est rien : « même s’il n’y avait pas la gratuité, on allait avoir ces perturbations », fait savoir le directeur de la clientèle, Moussa Semdé.

Les mesures sociales relatives à la gratuité de l’eau sont une décision du Président Roch Marc Christian Kaboré lors de son discours à la Nation le 2 avril 2020 qui prend en charge les factures d’eau de la tranche sociale et la gratuité de la consommation au niveau des bornes fontaines, ainsi que les factures d’eau des marchés et Yaars fermés pour la période d’avril à juin 2020. L’ONEA évalue la mise en œuvre de ces mesures de gratuité à 6 milliards et 79 millions de francs CFA pour la période des trois mois que doivent durer les mesures. Cette somme sera supportée par l’Etat, et donc par l’ensemble des contribuables burkinabè, fait savoir Moussa Semdé.

Amidou Kabré

TOUTE INFO, journal d’investigation en ligne

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