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Covid-19/Bobo : les cours en ligne contestés par les étudiants

lundi 8 juin 2020


Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB)
Association Nationale des Etudiants Burkinabè (#ANEB)
#Section_de_Bobo-Dioulasso
Bobo-Dioulasso le 08 Juin 2020
Déclaration
A propos de l’application des cours en ligne à l’Université Nazi Boni (U.N.B)

Le 15 Mars 2020, sur décret présidentiel, les activités des différents ordres d’enseignements et celles des écoles de formations professionnelles ont été suspendues en raison de la pandémie du Covid-19. A la date du 08 Juin 2020,un total de 890 personnes ont été infectées par la pandémie avec 775 personnes qui en sont guéris, 62 personnes toujours sous traitement et malheureusement 53 personnes décédées depuis le 09 Mars 2020, début officiel de la pandemie au Burkina Faso. C’est le lieu pour le Comité Exécutif, de présenter au nom de l’ensemble des étudiants de l’U.N.B, ses condoléances aux familles endeuillées par cette pandémie et souhaiter prompt rétablissement aux malades du Covid-19.
Camarades étudiant (e)s,
Après plus d’un mois de la suspension des activités académiques et pédagogiques, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation informait la communauté universitaire de l’application des cours en lignes encore appelés e-learning dans les universités publiques aux fins de rattraper le retard académique. Dans cette optique, la présidence de l’UNB rencontrera les 22 et 23 avril 2020, les délégués de promotion, les délégués élus d’établissements et les structures à caractère syndical d’étudiants. Si pour la présidence de l’UNB, il était question simplement d’informer les étudiants de la reprise des activités académiques sous forme de e-learning, pour ces derniers, cette rencontre allait bien au-délà d’une simple rencontre d’information. Le retard dans l’octroi et le renouvellement des allocations sociales (bourses et aides FONER) en raison des retards de délibérations,le sort réservé aux étudiants à cheval entre deux promotions avec l’application du e-learning, la question de l’organisation des évaluations, la dotation des étudiants en matériels informatiques et la connexion internet wifi ont été les préoccupations posées par les étudiants. Ces préoccupations d’hommes et de femmes soucieux de la bonne marche de la société, seront foulées aux pieds par la présidence de l’U.N.B à travers la voix de son Vice-Président chargé des Enseignements et des Innovations Pédagogiques, le socio-anthropologue Pr Patrice TOE qui se contentera d’inviter les étudiants à se préparer à ʺvivre désormais avec le e-learningʺ d’après ses propos « on ne rentrera pas dans le e-learning pour y ressortir ».
A la faveur de la reprise des activités académiques et pédagogiques du 11 mai 2020, le Président de l’U.N.B himself, fera savoir, sur les ondes de la télévision bf1, que cette reprise des cours s’opérera sous deux formats : le présentiel et le e-learning. Les cours en présentiel qui concerneront les promotions à petits effectifs (d’au plus 50 étudiants) et le e-learning applicable aux promotions de plus de 50 étudiants.
Camarades étudiant (e)s
Les activités académiques en présentiel s’effectuent dans un contexte académique et pédagogique marqué par :
un manque criard d’amphithéâtres, de salles de cours, de Travaux dirigés et de Travaux pratiques ;
un manque criard d’enseignants comme l’illustre ce ratio de 1 enseignant pour 87,76 étudiants contre une norme UNESCO de 1 enseignant pour 30 étudiants ;
le retard et le chevauchement des années académiques intervenus d’une part à la faveur de l’application mécanique du système Licence-Master-Doctorat ;
des taux d’échecs chaotiques (99,15 % en première année Mathématiques-Physique Informatique promotion 2016-2017, 91,79 % en Génie Mécanique et Productique 2018-2019) ;
les retards dans l’octroi et le renouvellement des allocations sociales, corollaires de l’application mécanique du LMD ;
l’absence de la connexion internet ;
une faible accesibilité du matériel informatique et de télécommunication (ordinateurs, tablettes, doublée de la non-maîtrise de l’outil informatique par la majorité des étudiants ;
la méconnaissance et la non maîtrise de l’outil informatique par la majorité des étudiants.
Camarades étudiant (e)s,
A peine un mois d’ application du e-learning que les indicateurs de son inadéquation se sont révélées. Ainsi, à l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (INSSA), la gratuité de la connexion internet tant clamée par les autorités universitaires et la capacité de gestion simultanée de 150 000 connexion par la plateforme de téléchargement des cours n’ont été que de purs mensonges. A titre illustratif, sur un effectif de 667 étudiants, les promotions de licence 1 et licence 2 de médecine et de pharmacie, de licence 3 de pharmacie, programmées au même moment pour un cours, seulement 100 ont eu accès à la plateforme et 50 ont eu accès à l’intégralité de l’unité d’enseignement. La grande majorité des étudiants de l’INSSA payaient les frais de la connexion internet pour se voir refuser l’accès à la plateforme électronique où se déroule le e-learning ! Pire, en cinquième année de médecine, le cours de néphrologie comportant 8 chapitres a été évacué en 2 heures de e-learning qui a porté sur le premier chapitre. Cette situation a amené les étudiants de l’INSSA à exiger de leurs autorités l’arrêt du e-learning et le retour aux cours en présentiel. Aussi, la reprise des activités académiques et pédagogiques à l’UNB a été synonyme de privation du droit à l’alimentation. Si pour les sites de l’INSSA, de Nasso, le nombre de plats par menu journalier au restaurant universitaire est passé de 4 à 2, certains sites comme Maranatha et le 22 ne servent plus à manger aux étudiants. L’on est alors tenté de se demander si le Centre Régional des Œuvres Universitaires de Bobo-Dioulasso a aussi initié un projet de e-restauration.
Que faut-il comprendre de cette volonté des autorités universitaires à vouloir coûte que coûte aller dans le e-learning ?
Les autorités universitaires, avec en premier chef le ministre en charge de l’enseignement supérieur, nourrissaient depuis plus d’une année, l’ambition de créer une université virtuelle dont le projet a vu le jour en 2020 avec un coût d’environ 50 milliards de FCFA. Pour ces autorités, l’Etat ne peut pas continuer à investir dans la construction d’infrastructures devant accueillir l’ensemble des étudiants. De ce fait, construire une infrastructure unique par région avec une connexion internet permettra aux étudiants de suivre les cours à distance (c’est-à-dire le e-learning) et de rattraper les retards académiques. Mais au fond, il s’agit d’une démission de nos autorités universitaires et politiques et cela aura pour effet le baclage renforcé de la formation. Plutôt que de s’adonner à une aventure périleuse pour notre université publique, ces autorités devraient tirer leçon des taux d’échecs et d’abandons académiques élevés consécutifs à la mise en œuvre des réformes libérales qui ont pour traits fondamentaux : gel de construction des infrastructures, faible recrutement d’enseignants, privatisation des filières professionalisantes, réforme LMD inadaptée aux réalités de nos universités, etc. Le contexte de Covid-19 va servir de balle d’essai pour expérimenter voir rendre effective le projet d’université virtuelle.
Le Comité Exécutif se démarque d’une telle initiative hasardeuse que constitue le e-learning dans le contexte actuel de notre université publique, qui loin d’être la panacée des problèmes, viendra en rajouter d’autres. Il invite l’ensemble des étudiants à resserer les rangs pour des luttes à venir.
Non à une application mécanique et hasardeuse du e-learning
Pain et Liberté pour le Peuple

Le Comité Exécutif

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