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Election:la plus jeune candidate aux législatives Sibila Samiratou parle !

mardi 3 novembre 2020


Sibila Samiratou Ouédraogo, il faudrait désormais retenir ce nom dans l’arène politique burkinabè. A seulement 23 ans, la jeune étudiante en master droit public fondamental à l’Université Saint Thomas d’Aquin USTA de Ouagadougou déborde de passion pour les questions politiques. Tête de liste au Mouvement SENS Servir Et Non se Servir pour les législatives, Sibila brûle d’impatience de changer radicalement les choses une fois à l’hémicycle. La rédaction de TOUTE INFO est allée en exclusivité à la rencontre de la jeune amazone du Yatenga le 02 novembre 2020.Elle raconte les raisons de son entrée en politique, sa vision sur la jeunesse et les femmes au Burkina Faso. Lisez plutôt !

TOUTE INFO  : Vous êtes candidate aux élections législatives du 22 novembre 2020, vous êtes tête de liste du mouvement SENS. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu votre entrée en politique, comment cela s’est passé ?


SIBILA SAMIRATOU OUEDRAOGO :
Mon entrée en politique ne s’est pas faite de manière spectaculaire comme pour la plupart des gens. J’avais cette aspiration de faire la politique, de servir ma patrie. Juste que je n’avais pas encore vu quel cadre, dans quel parti politique je pouvais militer parce que mes aspirations étaient toute autre. Vous savez que dans les partis politiques actuellement lorsqu’on entre et qu’on est jeune c’est difficile de se faire une place, frustrations par ci bataille par-là, moi je n’avais pas envie de faire ça. Donc il n’y avait pas un parti politique capable de voir l’importance de mes idées au point de me permettre de m’exprimer comme je veux pour me faire entendre raison pour laquelle je n’étais engagée ; sinon j’ai toujours eu cette envie de faire les choses comme ça. Et quand le mouvement SENS est arrivé j’ai vu comment ça se passait et j’ai dit voilà un cadre qui permet aux jeunes de s’exprimer. C’est ainsi que je suis allée au lancement du mouvement à Ouahigouya et j’ai pris la parole devant Maitre Guy Hervé Kam que je ne connaissais même pas. Quand j’ai exprimé mes aspirations, ma vision c’est ainsi qu’après on m’a appelé au mouvement SENS.

TOUTE INFO : Vous dites que c’est après cette grande assemblée à Ouahigouya qu’on vous a appelée. Alors est-ce à dire que c’est une personnalité qui vous a attirée dans ce mouvement ? Vous aurez pu refuser quand on vous a fait appel ?


SIBILA SAMIRATOU OUEDRAOGO
 : Ce n’est pas la personne mais plutôt le mouvement. Avant Maitre Guy Hervé Kam il y a des hommes politiques que j’admirais en l’occurrence son Excellence Alassane Bala Sakandé, l’actuel président de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas le parti MPP que j’épouse mais par contre la personne de son Excellence Alassane Bala Sakandé, ça me fascine vraiment. Donc je me dis que si c’est la personnalité qui devait m’attirer il y a longtemps que je serai dans le MPP. J’ai de l’estime pour Maitre Kam mais ce n’est pas sa personnalité qui m’a attiré dans la politique, c’est plutôt la vision de ce mouvement.

TOUTE INFO : Maintenant parlons de votre candidature. On sait que la campagne électorale est lancée, alors qu’est-ce que vous faites actuellement sur le terrain, quelle est la stratégie mise en place ?

SSO : Concrètement, ce que nous faisons sur le terrain, nous procédons par une campagne de proximité. L’idée c’est de rejoindre les gens là où ils sont pour leur expliquer notre vision qui est celle du sens. Nous avons senti que la vision du SENS c’est vraiment ce qu’il faut au Burkina Faso. Le défi ici c’est de faire comprendre cette vision aux gens et les amener à l’épouser et y adhérer. Si nous arrivons à faire cette vision je suis sûre qu’elle sera épousée parce que c’est ce qu’il faut à notre pays.

TOUTE INFO : En quoi consiste exactement la vision du mouvement SENS alors ?

SSO : Le mouvement SENS se décline autour de trois concepts principaux : on a le Panafricanisme, le Burkindlim et le principe de Rupture et refondation. Quand on prend le principe de panafricanisme c’est quelque chose qu’on a toujours appris à l’école mais dans les faits de nos jours ce n’est plus d’actualité. Ça veut dire qu’on en parle mais on ne pose pas d’actions concrètes pour faire renaitre ce panafricanisme. Pourtant c’est un héritage que nous ont laissé des gens qui se sont battus au nom de la liberté africaine pour affirmer l’identité africaine. Et qu’est-ce que nous on a fait de cet héritage là ? On a laissé ça partir, on a laissé leur combat s’envoler. Moi je pense qu’il est temps qu’on se lève pour faire renaitre cette idée de panafricanisme et intégrer ça dans nos esprits. Par exemple, Kwamé Nkrumah, à l’indépendance du Ghana lorsqu’il affirmait : « La liberté du Ghana n’a pas de sens s’il n’est pas accompagnée par la liberté de l’Afrique tout entière », moi je me dis que ce monsieur il avait vraiment compris le panafricanisme. L’idée c’est de s’unir pour mieux résister. Donc ce qui fait que au SENS, quand j’ai entendu parler de panafricanisme, je me suis dit voilà un mouvement qui veut aller aux choses concrètes. Ce qui fait que le pouvoir d’Etat est un moyen pour SENS et non une finalité. La finalité de SENS c’est d’engager les Burkinabè dans la construction d’une nation forte.
Concernant le principe de Burkindlim, nous on intègre là-dedans la masse.la masse c’est principe sur lequel était fondé l’Egypte ancienne et qui se reposait sur la justice, l’égalité, l’équité et tout. Cela existait déjà dans d’autres partis politiques. Mais en plus de ce Burkindlim nous on voit autre chose notamment le principe de rupture et refondation qui se définit à travers la déprofessionnalisation de la politique que le mouvement colonial nous apporté. Aujourd’hui, les gens voient la politique comme une profession de sorte que certaines personnes se disent que moi je ne suis pas bonne en politique. On est arrivé à nous faire croire qu’il faut être un génie pour faire la politique, on nous a donné une autre connotation de la politique. Pourtant la politique c’est tout ce qui intéresse la gestion de la cité. Nous voulons donc déprofessionnaliser la politique. Nous voulons montrer à la jeunesse que la politique n’est pas ce qu’on leur montre. Tout le monde doit faire la politique et on a même le devoir de faire la politique. Nous avons le devoir de changer les choses. Si le système ne vous plait pas, au lieu de critiquer, changez-le ! Donc la jeunesse peut et doit changer cette vision de la politique.

TOUTE INFO : Vous êtes candidate tête de liste nationale, alors pourquoi vous n’avez pas candidaté pour une province au lieu d’être tête de liste, est-ce que ça ne signifie pas que vous n’avez pas une base, que vous êtes encore novice dans le domaine ?

SSO : Pour parler d’expérience, je ne sais pas, mais moi j’ai une conviction. Pour bien faire on n’a pas forcément besoin d’expérience. On a besoin d’une conviction et la conviction ça suffit. Et l’expérience c’est quelque chose qui s’acquiert. On ne s’assoit pas comme ça pour avoir de l’expérience. Et les mêmes personnes qui viennent nous dire qu’on n’a pas d’expérience, ils ont commencé la politique quand ? ils ont commencé la politique très jeune. Et ce sont les mêmes qui nous gouvernent depuis 30 ans donc moi je pense que l’expérience viendra avec le temps et en, plus de ça, moi je pense qu’on n’a pas besoin d’expérience pour bien faire.

TOUTE INFO : Et pourquoi alors vous êtes tête de liste ?

SSO : En étant tête de liste nationale, l’idée pour SENS était de faire en sorte que la jeunesse ait une représentation au niveau de l’Assemblée nationale et vous n’êtes pas sans savoir la technique de détermination des sièges au niveau de l’Assemblée nationale. Les gens ont demandé à Maitre pourquoi il n’est pas tête de liste. Et maitre leur a demandé pourquoi vous voulez que je sois tête de liste nationale et ils ont répondu là-bas c’est sûr que vous allez rentrer. Il leur a répondu c’est où on est sûr qu’on va rentrer c’est là qu’il faut mettre les jeunes. Donc si je suis tête de liste nationale c’est un mérite. C’est parce que le mouvement SENS a compris que la jeunesse mérite d’être à l’Assemblée nationale.

TOUTE INFO  : Est-ce que vous êtes convaincue qu’au soir du 22 novembre vous serez élue député ?

SSO : J’ai confiance en la jeunesse. Je suis convaincue que la jeunesse est capable. Et mon objectif visé c’est de leur faire prendre conscience de toute la puissance qu’ils ont pour pouvoir faire changer les choses pour le développement de la nation.

TOUTE INFO : Alors vous êtes étudiante et on sait qu’aujourd’hui la jeunesse a vraiment besoin de repère, si vous êtes élue député, une fois à l’Assemblée nationale qu’est-ce que vous allez changer du point de vue des conditions de la jeunesse particulièrement ?

SSO : Il faut d’abord spécifier que la vision du SENS est basée sur ce que la jeunesse peut apporter pour construire le Burkina Faso et non ce que le Burkina Faso doit apporter aux jeunes parce que ce sont les jeunes qui font le Burkina Faso et non le contraire. Maintenant quand on parle des problèmes de la jeunesse le plus souvent ça se résume autour du chômage. Et là même on voit que créer des emplois ne règle pas le problème du chômage. Pour moi la question du chômage est un problème qui se décline en deux points essentiels.
Le premier point, nous avons au Burkina Faso, un problème de valorisation de nos emplois. En plus de cela, on n’est pas assez formé, on n’est pas bien outillé. Au Burkina Faso ici, quand vous prenez un médecin qui a un bac+8, il a un salaire de base de 172 000 FCFA si je ne me trompe pas. Ça veut dire qu’un garagiste ou un agriculteur qui fait bien son travail n’a rien à envier à un médecin mais nous ne le savons malheureusement pas. Donc si nous on arrive à l’Assemblée on va travailler éliminer cette mentalité selon laquelle il faut aller à l’école pour devenir fonctionnaire. La jeunesse doit entreprendre certes mais encore faut-il qu’elle soit bien formée, bien outillée. Pour nous la formation est très essentielle parce qu’il faut investir en l’homme donc il faut promouvoir la formation professionnelle. L’entreprenariat c’est tout un processus donc il faut que la jeunesse soit outillée.
Nous on pense que c’est en réglant ces deux problèmes, en combattant la chose par la base que nous allons pouvoir éradiquer ce problème de chômage. Ce n’est pas en créant des emplois par ci et là. Nous allons outiller les jeunes par un programme de formation qui a déjà été engagé. La formation pour nous est essentielle parce que pour nous il faut investir en amont, il ne faut pas venir donner des moyens comme cela à l’homme.
Il faut d’abord investir en lui. Quand on investit en lui-même s’il a un minimum cela peut lui permettre de faire quelque chose. On va mettre le paquet sur les formations professionnelles. Aussi dans le programme que nous proposons il y’a un volet qui concerne les entreprises jeunes. On constate au Burkina Faso que lorsqu’un jeune crée son entreprise ça se ferme car les grandes s’accaparent des marchés et, les entreprises des jeunes ne font que se fermer. Nous on voudrait en fait qu’on adopte un quota, qu’on dise par exemple sur tel nombre de marchés publics, nous allons donner tel pourcentage à des entreprises jeunes, pour qu’elles puissent petit à petit se développer.
Aujourd’hui c’est quelque chose de concret qu’il faut proposer pour permettre aux entreprises jeunes de se former, d’aller de l’avant.

TOUTE INFO : Y a-t-il eu des oppositions à votre entrée en politique ? Vos parents, vos amis quelle a été leur réaction quand on sait que c’est un milieu jugé sale ?

SSO : Les oppositions du côté de SENS non, car c’était comme une vision, ils ont acclamé cela, mais du côté des amis, la famille notamment ceux qui sont inquiets pour moi la plupart m’ont dit on te connait, tu es franche, et la franchise ne se fait pas en politique. En politique il faut savoir être faux. La plupart de mes amis, c’est ce qu’ils m’ont dit. Mais le problème ici, c’est que ces personnes n’ont pas compris que s’engager dans la politique est un devoir. C’est ce qu’ils ont raté. La politique normalement pour nous ne devrait pas être un choix, mais plutôt un devoir. Elle doit nous permettre de construire notre nation. Les vieilles personnes leur avenir c’est la mort, c’est le tombeau. Je suis désolée mais c’est une réalité et nous, le présent et l’avenir nous appartient. Moi en m’engageant dans la politique j’ai accomplis mon devoir.
Mes parents m’ont dit qu’un politicien c’est quelqu’un qui ne dort pas. Mes parents m’ont félicitée, ils ont confiance en moi et ils savent que je vais aller de l’avant et que si je m’engage, c’est vraiment pour la bonne cause. Ils n’en ont pas fait un problème.

TOUTE INFO : Quel regard portez-vous sur l’engagement politique des femmes au Burkina Faso ?

SSO : Une jeune fille de 23 ans, c’est aussi pour interpeller mon papa qui est au village, qui donne sa fille de 13 ans en mariage, si moi j’arrivais à avoir une place à l’Assemblée nationale, ce papa dira qu’une fille de 13 ans peut servir à autres choses qu’à la reproduction. Cela est aussi un penchant du pourquoi je me suis engagée.
L’émancipation de la femme aura un sens que si la femme elle-même aura pris conscience de son importance, de ce qu’elle peut apporter dans le développement du Burkina Faso. Donc pour nous, avant de parler de quota genre, de 8 mars, il faut d’abord faire comprendre à la femme qu’elle est pleine, qu’elle jouit des mêmes facultés que l’homme. Nous, c’est foncièrement un travail de sensibilisation aux femmes. Ce que nous allons faire c’est beaucoup plus un travail de formation et de sensibilisation pour que la femme prenne conscience de son importance, parce que selon nous, ces journées de 8 mars, le quota genre c’est bien mais il faut un préalable et il faut qu’on arrive à ce préalable.


TOUTE INFO :
On sait que le Mouvement SENS n’a pas de candidat à l’élection présidentielle, mais y a-t-il particulièrement un candidat que vous soutenez ?

SSO : SENS ne recommande aucun candidat aux élections présidentielles. SENS fait confiance à tout un chacun de ses militants et leur demande de voter en toute âme et conscience. L’idée c’est de laisser libre champ à tout un chacun de choisir la personne qu’on juge être mieux placée pour gouverner le Burkina Faso. Je me dis que tous les problèmes du Burkina Faso tournent essentiellement autour des personnes qu’on choisit comme gouvernants. On ne peut pas accompagner quelqu’un qui est médiocre dans la gouvernance.

TOUTE INFO : Quel est votre dernier message à l’endroit des électeurs à ces élections présidentielle et législative ?

SSO : Je vais m’adresser aux électeurs sur un fléau qui touche certains, c’est cette histoire de j’ai reçu une moto, on m’a promis une chaise, franchement cet intérêt personnel immédiat n’est rien, comparé à l’intérêt de la nation. Ne regardez pas ce que vous pouvez avoir avec quelqu’un, en tout cas c’est un cadeau, c’est un symbole d’achat de confiance. C’est notre argent car cet argent provient de la caisse de l’Etat donc si vous voulez, prenez c’est votre problème mais ce qui est sûr au jour du 22 novembre, sachez voter. Ne votez pas un termite qui va venir faire du Burkina Faso une termitière, de grâce votez en toute âme et conscience, c’est tout ce qui peut aider le Burkina Faso à se développer.

Propos recueillis par Alain YAMEOGO/Jean KAMBOU-Cherifatou DRAME (stagiaires)

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