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Rentrée syndicale UGEB :’’Camarades, refusons de voter…’’

vendredi 6 novembre 2020


L’Union Générale des Étudiants Burkinabè UGEB a effectué sa rentrée syndicale le 06 novembre 2020 à Ouagadougou .Dans la déclaration liminaire du président de l’UGEB Abass Wanga, on note que les conditions d’étude de l’étudiante burkinabè sont toujours préoccupantes .Entre l’inadaptation des curricula de formation au retard académique criard rien ne semble bouger en dépit de luttes du mouvement des étudiants.
Actualité oblige, et face aux conditions dégradantes de l’étudiant burkinabè, Abass Wanga appelle ses camarades à s’abstenir des élections du 22 novembre prochain. « Camarades, refusons de voter pour des partis politiques qui une fois au pouvoir ne se soucient guère des problèmes de la jeunesse en générale et des étudiants en particulier. » va-t-il notamment déclaré.

Camarades étudiantes et étudiants,
En cette reprise académique 2020-2021 pour les uns et rentrée académique pour les autres 2020-2021, l’UGEB souhaite à tous les étudiants Burkinabè une très bonne année académique. Aux nouveaux bacheliers, l’UGEB leur adresse ses félicitations pour leur succès et leurs souhaite la bienvenue dans les universités et instituts d’enseignement supérieur.

Camarades étudiantes et étudiants,
Cette rentrée où reprise s’effectue dans un contexte de crise de l’enseignement supérieur. Les différentes politiques et réformes néolibérales appliquées dans ce secteur depuis 1990 ont été poursuivies par le MPP et alliés, déstructurant ainsi l’université publique. On assiste à une aggravation continue des conditions de vie et d’études des étudiants avec l’application mécanique du système LMD. Le chevauchement des années universitaires est devenu la règle. Dans certaines filières, trois à quatre années universitaires (2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021) se chevauchent. Pendant que les bacheliers de 2020 frappent à la porte, ceux de 2019 pour les plus chanceux peinent à terminer le semestre 1 de l’année. Les moins chanceux quant à eux n’ont effectué à ce jour leur rentrée universitaire que de nom. C’est le cas dans les UFR SVT, SH et LAC de l’Université Joseph Ki-ZERBO. Mais il ne pouvait pas en être autrement quand on sait que nos universités publiques souffrent d’un manque criard d’infrastructures (amphithéâtres, laboratoires, salles de cours…) et d’enseignants. A titre d’exemple :

Selon les statistiques du ministère des enseignements supérieurs, en 2018, on notait 100 219 places assises pour les cours (salles de cours et amphithéâtres) dont 64 917 dans le privé, soit 64,77% des places disponibles. A cette même date, seulement 22% des étudiants étaient inscrits dans les universités et grandes écoles privées. Ainsi, les universités et grandes écoles publiques avec 80% des effectifs ne comptaient que moins de 36% des places disponibles pour les cours.

Selon ces mêmes statistiques, au niveau des laboratoires, on comptait 3 401 places dont 2 381 dans le privé, soit 70% des places disponibles.
Toujours selon les statistiques du ministère, les capacités d’accueil dans les salles informatiques et bibliothèques étaient respectivement de 5 302 dont 3 664 dans le privé, soit 69,1% et 5 695 dont 4 791 dans le privé, soit 84,12%.
Ainsi, pendant que les universités et grandes écoles publiques regroupent la grande majorité des étudiants, le désengagement des autorités sur le plan des infrastructures est des plus marqué. Et, ce n’est pas l’inauguration en grande pompe de publicité de l’université Thomas SANKARA (UTS) qui viendra résoudre le problème. Faut-il le rappeler, l’UTS ex-université Ouaga 2 est ouverte depuis fin 2007 en réponse à une des revendications des étudiants d’alors sous la conduite de l’ANEB Ouaga concernant l’augmentation de la capacité d’accueil dans les universités. C’est donc des infrastructures attendues il y a plus de 10 ans qui viennent d’être inauguré. Il va s’en dire que les capacités soient déjà dépassées.
Camarades étudiantes et étudiants,

A cette situation il faut ajouter la privatisation des offres de formation. A l’université Joseph Ki-ZERBO par exemple, certains instituts comme l’IGEDD (Institut de Génie de l’Environnement et du Développement Durable) fonctionnent comme des privés. Pour y avoir accès au parcours de Licence il faut débourser au minimum 500 000 frs CFA. A l’université Nazi Boni, la formule trouvée par les autorités universitaires en Génie Biologique est de recruter plus d’étudiants sur titre que sur test. Au cours de l’année académique 2019-2020, Soixante-dix-huit (78) étudiants ont été recrutés sur titre contre 45 étudiants sur test. Cette funeste formule vise à privatiser progressivement la filière en exigeant 250 000 frs CFA comme frais de scolarité. Cette pratique est de plus en plus courante dans les filières professionnalisantes.
Comme si cela ne suffisait pas les autorités universitaires affichent davantage leur insouciance et leur mépris vis-à-vis des étudiants en reportant la rentrée universitaire en novembre montrant ainsi que le rattrapage de l’année universitaire qu’elles aiment tant chanter est le cadet de leur souci. Si non comment comprendre que l’on poursuive les cours jusqu’en fin août sous le prétexte du retard et qu’au même moment l’on repousse la reprise universitaire en septembre ? Elles chanteront après que ce sont les luttes des étudiants qui occasionnent les retards.
Camarades étudiantes et étudiants,

Au plan social, jamais la clochardisation des étudiants n’a atteint ce niveau. En effet, le taux de 175 000 frs CFA l’an de l’aide FONER stagne depuis 2013 malgré le renchérissement continu du coût de la vie. Le contingent de 2 300 bourses/an est resté statique depuis cette période en dépit de l’accroissement du nombre d’étudiants (130 000 environ). Sur une population de 117 725 étudiants au niveau national en 2018 dont 90 958 de nationalité Burkinabé, on notait 6 604 boursiers, 56 676 bénéficiaires de l’aide et 9 006 étudiants contraints de s’endetter (bénéficiaires du prêt) ; soit respectivement 7,26%, 62,31% et 9,9%. Ainsi, 20,53% des étudiants burkinabè inscrits au pays ne bénéficient d’aucune allocation sociale.
Au niveau des restaurants universitaires, le constat est également triste. Les étudiants sont régulièrement obligés de sécher les cours avant 10 h pour espérer avoir à manger du fait du contingentement des plats servis. Dans le mois d’octobre, le CENOU a refusé d’assurer la restauration sous le prétexte fallacieux que ses services couvrent une période de 10 mois sur 12 dans l’année.

Concernant le logement, seulement 4 600 étudiants soit 3,9% des étudiants ont été logés en cités universitaires en 2018. La grande majorité est abandonnée aux mains des bailleurs véreux qui spéculent sur le coût du loyer. La santé des étudiants est quant à elle confier à la MUNASEB qui limite la prise en charge par le coût de son adhésion hors de portée de l’écrasante majorité. En 2018, seulement 3 622 étudiants avaient adhéré à la MUNASEB.

Le transport étudiant devient un service rare d’année en année. Le nombre d’étudiants transporté par jour est passé de 1 600 en 2014 à 380 en 2018. En effet, les nouveaux bus arrivés en 2018 plutôt que de contribuer au bien-être des étudiants sont utilisés à des fins mercantilistes par les autorités universitaires et politiques.
Sur le plan des libertés, l’existence de textes liberticides régissant les franchises et libertés universitaires permet aux autorités de faire intervenir les forces de répression sur le campus à tout moment et d’abattre la répression sur les étudiants et de façon générale le monde universitaire. C’est le cas du décret liberticide et répressif n°2012-646/PRES/PM/MESS portant régime disciplinaire applicable aux étudiants et aux candidats aux examens et concours organisés par les universités publiques du Burkina.

Camarades étudiantes et étudiants,
Au niveau des universités et instituts privés la situation des étudiants n’est pas non plus attrayante. Si les étudiants souffrent moins de manque de places assises, ils sont contraints de faire face à des difficultés telles que le tripatouillage des curricula de formation, la non-exécution des travaux pratiques et dirigés, l’exécution partielle des modules d’enseignement, les frais supplémentaires pour les soutenances, etc.
L’irresponsabilité des autorités n’épargne pas non plus les étudiants burkinabè à l’étranger. Ces derniers sont abandonnés à eux même du fait de l’insuffisance et du retard de paiement des bourses et de l’absence des cités universitaires. La cité FESSART en France par exemple qui jadis servait de logement aux étudiants burkinabè leurs est désormais fermée.
Camarades étudiantes et étudiants,
Cette situation catastrophique des étudiants occupe peu les autorités politiques et toute la classe politique bourgeoise qui se focalisent sur la campagne pour les élections législative et présidentielle du 22 novembre 2020. Camarades, refusons de voter pour des partis politiques qui une fois au pouvoir ne se soucient guère des problèmes de la jeunesse en générale et des étudiants en particulier.
Face à cette situation, en cette reprise/rentrée, l’UGEB appelle l’ensemble des étudiants Burkinabè à s’organiser au sein de ses sections et comités d’initiatives afin d’engager des luttes dans les universités et centres universitaires pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études.
En avant pour la défense ferme de nos intérêts matériels et moraux !

Vive l’UGEB !
Pain et liberté pour le Peuple

Le Comité Exécutif
IMAGE ILLUSTRATIVE www.touteinfo.com

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