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Dossier Norbert Zongo :"la procédure judiciaire n’est pas un long fleuve tranquille"Harouna Yoda

dimanche 6 décembre 2020


A moins d’une semaine de la commémoration du 22e anniversaire de l’assassinat du célèbre journaliste d’investigation Norbert Zongo, le Centre national de presse Norbert Zongo a organisé le 05 décembre son troisième numéro de « Club de presse ». Le thème retenu « Etat des lieux du dossier Norbert Zongo en justice 22 ans après ! »Et il n’y avait pas que le Procureur du Faso près le tribunal de Ouaga I Harouna Yoda comme invité pour ce face à face avec les journalistes une première du genre.
Le Procureur du Faso, Harouna Yoda a tenu à préciser que sa communication est une lecture d’évolution chronologique et procédurale du dossier de l’affaire Norbert Zongo.

En ce qui concerne l’avancée du dossier, le Procureur a signalé d’entrée que certaines personnes seront déçus mais c’est aussi ça la justice car « on ne peut pas aller au-delà de certaines limites », a-t-il dit. L’histoire date de 22 ans. Et c’est un certain 13 décembre 1998, Norbert Zongo et ses trois autres compagnons sont retrouvés morts dans un véhicule Land cruiser et ledit véhicule était en feu. Le 31 décembre 1998, le juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Ouagadougou a été saisi pour « recherche des causes de la mort ». Le juge d’instruction procédant à des auditions avec l’accompagnement d’un certain nombre d’experts en incendie a abouti à des indices graves qui pouvaient laisser penser que la mort des occupants de ce véhicule n’est pas une mort accidentelle. Une conclusion du juge contraire au procès-verbal de la police.

Une plainte pour « assassinat »
Dès le 06 janvier 1999, les avocats des ayant droits des victimes déposent une plainte avec constitution de partie civile au cabinet du juge d’instruction pour « assassinat » et qui par la même occasion remettait en cause le rapport d’enquête de la commission indépendante censée à l’époque faire la lumière sur l’affaire qui suscitait tant une grogne sociale énorme. Et dès lors, le 21 mai de la même année, le Procureur du Faso près du TGI de Ouagadougou ouvre une information judiciaire contre X pour assassinat et c’est ainsi que le 02 février 2001 Marcel Kafando est arrêté par le juge d’instruction pour assassinat et destruction de bien mobilier. L’instruction va donc poursuivre son cours jusqu’au 18 juillet 2001 date à laquelle le juge d’instruction remplit une ordonnance de non-lieu qui sera confirmée plus tard par la Chambre d’accusation. Ainsi donc « le juge a dit le Droit » et en 2006 l’affaire est définitivement classée pour raison de non-lieu.
L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a donné un autre déclic au dossier Norbert Zongo

« Dès ce moment les données ont changé. Il faut dire que le 16 décembre 2014, les avocats des ayant droits des victimes adressaient au Procureur du Faso une requête aux fins de réouverture d’information ». Harouna Yoda explique que le dossier étant classé et déposé au greffe il n’y a que de nouvelles charges qui pouvaient occasionner sa réouverture. En effet cette requête des avocats était fondée sur des documents retrouvés au domicile du principal mis en cause François Compaoré. Une réouverture qui est obtenue le 07 avril 2015. Selon le Procureur, « plus d’une dizaine de personnes ont été auditionnées et cela a conduit à la mise en examen de quatre personnes en l’occurrence Edmond Koama, Wempasba Nacoulma, Christophe Kombassere, Banagoulo Yaro et François Compaoré par un mandat international émis en mai 2017. Une demande d’extradition a été rédigée par le juge d’instruction visant François Compaoré. Après s’en est suivie toute une série de procédure et en mars 2020 le premier ministre français signe le décret autorisant l’extradition de François Compaoré.
« On attend que la décision du Conseil d’Etat »
Le procureur a laissé entendre que les avocats du frère cadet de l’ex président Blaise Compaoré ont décidé d’attaquer cette décision devant le Conseil d’Etat Français. Et à la question de savoir si ce dossier aboutirait un jour, le Procureur du Faso près le TGI de Ouaga I a confié : « au regard des avancées je pense que ce dossier peut connaitre un dénouement » tout en précisant que la procédure judiciaire n’est pas un long fleuve tranquille.
Il est donc clair qu’à présent tous les regards des défenseurs des Droits de l’Homme, de la liberté d’expression et de presse sont tournés impatiemment vers le Conseil d’Etat français en espérant obtenir définitivement l’extradition du mis en cause François Compaoré.
Jean Babehinibè Kambou (Stagiaire)

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