Accueil > Actualité > Dieudonné : Etudiant le jour ; vigile la nuit

Dieudonné : Etudiant le jour ; vigile la nuit

mardi 22 décembre 2020


L’histoire de cet étudiant est remplie d’émotions, de courage mais surtout d’enseignements.
Confrontés à la situation socioéconomique difficile mêlée au retard dans les universités publiques du Burkina Faso, il n’est pas rare de voir des étudiants se trouver de petits boulots pour joindre les deux bouts. Mais la situation de Dieudonné, étudiant en année de licence de sociologie à l’université Joseph Ki-Zerbo est encore plus complexe que ce qu’on voit d’ordinaire. La rédaction TOUTE INFO www.touteinfo.com est allée à la rencontre de Dieudonné, cet étudiant qui allie étude et métier de vigile.

Il est 18H, nous voici au lieu de travail de Dieudonné. C’est dans une structure de la place au quartier Somgandé de Ouagadougou que Dieudonné est embauché comme vigile.18H, c’est l’heure exacte à la montée de la garde et ce jusqu’à 6H du matin.
Etudiant en troisième année de licence en sociologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo, Dieudonné exerce le métier de vigile la nuit. C’est une activité parallèle qu’il mène pour subvenir à ses besoins et financer ses études. « Je fais ce travail pour pouvoir payer mes frais de scolarité et pourvoir subvenir à certains de mes besoins » nous lance-t-il d’un air abattu. Le Fond national d’étude et de recherche (FONER) accordé par l’Etat aux étudiants est non seulement, irrégulier et insuffisant au vue des besoins des étudiants. Et pour ne pas abandonner les études, pour « s’accrocher » les étudiants se voient obligés à chercher d’autres sources de revenus. « Je jongle les deux côtés pour pouvoir améliorer un peu ma vie » lance-t-il.

« A mon âge si je dois appeler mes parents dire que je demande l’argent… »

A un certain âge, le garçon doit pouvoir se prendre en charge lui-même. C’est un peu cela la mentalité des parents. Cela semble aussi s’appliquer aux étudiants. A un certain moment ils ne peuvent plus appeler les parents et demander qu’on leur envoie de l’argent. Pour son cas Dieudonné pense que ce n’est pas dû à un manque de moyens de ses parents mais plutôt à une insouciance ou une incompréhension. « Je peux dire que ce n’est pas un manque de moyens de mes parents. Mes parents ne sont pas si pauvres que ça. Mais vous savez il y a certains parents qui n’arrivent pas comprendre certaines choses de la vie. Pour lui quand il te met au monde, à un certain âge il se dit que tu dois te débrouiller seul », explique l’étudiant. Il renchérit : « Mes parents ont les moyens mais c’est le manque de compréhension qui m’a mis dans ce boulot ». Il faut le dire, la conscience de l’âge s’impose souvent aux étudiants dans certains cas. « A mon âge si je dois appeler mon père dire que je demande l’argent, ou bien j’ai besoin de telle chose (sourire) c’est un peu compliqué ».

Des efforts souvent payés à 25 000 francs, scandaleux !

Partir au campus le jour pour les cours et aller au boulot le soir, pas de temps pour le sommeil, pas donc de repos. Visiblement c’est très compliqué ! Dieudonné est à sa deuxième société de gardiennage. Il a quitté la première parce qu’il n’était pas satisfait du traitement qui lui était réservé. « Le jour tu vas aux cours mais la nuit si on vient te surprendre en train de dormir on te coupe 2 500 ou 5 000 francs sur ton salaire. Donc je pouvais travailler tous les jours et me retrouver avec 25 000 francs comme salaire à la fin du mois ». C’est maigre ! Et pourtant cette activité parallèle n’est pas sans conséquence sur les rendements académiques des étudiants qui manquent souvent de temps pour bosser et composer normalement les devoirs. Cet étudiant en sociologie ne dit pas le contraire. Il reconnait que le fait de devenir vigile impacte négativement ses études même s’il n’a pas le choix. « Heureusement qu’il y a la session de rattrapage » auquel il a plusieurs fois fait recours pour sauver ces années indique-t-il.

En dehors du retard académique, la situation dans nos universités a bien d’autres conséquences négatives dans la vie des étudiants. Comme Dieudonné, ils sont nombreux ces étudiants qui se donnent corps et âme dans des activités connexes pour financer leurs études et survivre à Ouagadougou. Et ils sont donc à féliciter.

Alain YAMEOGO , Jean Babehinibè KAMBOU (Stagiaire)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document