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Forêt du vieux Yacouba Sawadogo :On croise les bras et on attend toujours

lundi 28 décembre 2020


Le sort que connait actuellement la forêt du « vieil homme » qui a arrêté le désert au Sahel n’est pas reluisant et digne de la fierté et de la reconnaissance que son œuvre a apporté au Burkina Faso. Il y a de quoi susciter une déception au vu des effets anthropiques subi par cette forêt.

Près d’un hectare de la forêt du vieux Yacouba Sawadogo a été emporté par un incendie dans la nuit du 13 au 14 décembre 2020 et même là il faut remercier les cordons pierreux, selon des informations recueillies par le média Burkina24.com auprès du fils de ce dernier. « Le 14 (décembre) matin, on est arrivé voir qu’il y a eu un incendie. On a regardé, mais on n’a pas pu identifier la personne. Comme il y a beaucoup de cordons pierreux dans la forêt, l’incendie n’est pas allé très loin. C’est moins d’un hectare qui a pris feu », a relaté Lookman Sawadogo dans les colonnes du même journal. A cela s’ajoute l’image de Yacouba Sawadogo assis tout abattu et affligé sur un tas de pierres avec autour un environnement qui laisse apparaitre clairement un espace décimé par les flames. Cette image du Champion de la terre 2020 a fait et continue de faire le tour des réseaux sociaux.

Un patrimoine, une fierté qui peine à être entretenue et mise en valeur.

« Cette distinction supplémentaire est le fruit d’un combat qu’il a mené avec abnégation et courage, dans la préservation de l’environnement. A ce titre, il mérite toute notre admiration et notre soutien », a écrit Christophe Dabiré sur sa page Facebook officielle. Le chef du gouvernement a même ajouté : « Je souhaite que son exemple fasse école dans la préservation de l’environnement, pour les générations actuelles et futures ». Et le 7 décembre 2020, le ministre de l’environnement Nestor Batio Bassière a avait promis que le gouvernement accompagnera « le vieux » dans la protection de cet espace devenu un bien public international. Le ministre déclarait en ces termes : « Le gouvernement, à travers l’engagement du président du Faso, a décidé d’accompagner le vieux Sawadogo dans la protection de l’espace qui a été reboisé grâce à son action ».

Comment l’œuvre de l’homme qui a sacrifié une partie de sa vie a redonné espoir à la nature peut faire exemple d’école pour la génération présente et future si elle n’est pas sauvegardée ?

Une semaine après la distinction et la sortie du ministre en charge de l’environnement, la forêt du héros burkinabè au plan international n’est plus complète. La forêt de Yacouba Sawadogo a en effet subi la visite « des terroristes » de l’économie verte dans la nuit du 13 au 14 décembre. Cette nouvelle a suscité une indignation chez l’ensemble des citoyens burkinabè. Le journaliste et coordinateur éditorial à FasoCheck a réagi par un poste sur sa page Facebook en lançant directement un appel au président du Faso. « Monsieur le Président, une seule chose : déclarez avec tous les actes juridiques qui vont avec, la forêt de Yacouba, forêt classée », a-t-il interpelé. Toujours sur la même lancée Ismaël Ouedraogo, directeur de la télévision Burkina Info n’a pas tardé à réagir. « Yacouba Sawadogo mérite le soutien de tous à commencer par les plus hautes autorités à qui il a toujours demandé la protection de cette forêt qui est l’essence de sa vie », a publié le journaliste sur sa page Facebook.

La protection de ce patrimoine devrait être une œuvre à tous !

A quoi servent toutes ces distinctions et félicitations si après on doit croiser les bras et laisser disparaitre son œuvre. Le travail du vieux Yacouba a été reconnu en septembre 2018 en Suède où il a reçu le prix Right Livelihood encore appelé Prix Nobel Alternatif et désigné Champion de la terre en 2020 par les Nations unies. Ce véritable patrimoine écologique créé après une quarantaine d’années de durs labeurs peine à être valorisé. Pire encore, la richesse générée par les efforts du père de l’écologie burkinabè est en train d’être détruite. Aujourd’hui il est plus que nécessaire de prendre des mesures en vue de protéger cette forêt.
Au-delà de toutes les distinctions reçues, donner à cette forêt un statut de forêt classée serait la plus haute de reconnaissance à l’endroit de l’homme. Le vieux ne souhaite pas voir sa forêt s’en aller sous yeux pendant qu’il rentrera encore à la maison et verra accrochées des médailles et attestations reçues pour la même œuvre. Mais la protection de cette forêt d’un tel patrimoine ne doit en aucun cas être que l’affaire du gouvernement. C’est un défi pour tous. Même si l’on pointe la responsabilité des gouvernants du doigt, il y a de quoi s’inquiéter quand un citoyen met le feu à son propre patrimoine peu importe que les raisons soient intentionnelles ou non. On espère que le cri de cœur du vieux et l’indignation suscitée par cet incendie ferons réagir au plus vite les autorités afin de protéger et sauvegarder cette richesse qui, au-delà de la fierté et du service rendu à la nation, résume la vie de son auteur.

Jean Babehinibè KAMBOU(Stagiaire).

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