APPEL À LA RETENUE DANS LE DISCOURS POLITIQUE

Nous, signataires du présent appel :

Convaincus que l’intolérance religieuse ou ethnique est l’une des causes principales des crimes les plus graves qu’a connu l’humanité et qui menacent encore notre monde d’aujourd’hui ;

Ayant à l’esprit, les différents génocides et nettoyages ethniques qui ont endeuillé le monde, notamment le génocide des Arméniens, des Juifs ou des Rwandais ;
Instruits par les conséquences dévastatrices des conflits identitaires dans le monde, notamment en Bosnie, au Burundi et plus près de nous, en Côte d’Ivoire ;
Constatant que, de plus en plus, des hommes politiques burkinabè font usage des manipulations identitaires et de l’appartenance ethnique ou religieuse comme moyen de conquête du pouvoir ;

Remarquant le silence des autorités judiciaires et administratives face à de telles dérives ;

Inquiets des conséquences que peut avoir sur la cohésion sociale chère au Burkinabè, l’utilisation du fait ethnique et religieux à des fins de conquête du pouvoir ;

Nourris de la sagesse de nos devanciers qui nous ont légué un pays où la fraternité liée à notre commune condition humaine transcende les différences ethniques ou religieuses ;

Convaincus que la tolérance, le dialogue interreligieux et l’unité nationale sont des valeurs cardinales sur lesquelles repose notre pays et qu’il offre en exemple au monde entier ;

1. condamnons fermement l’utilisation de l’appartenance religieuse et ethnique comme moyen de conquête du pouvoir ;

2. invitons les filles et les fils du Burkina Faso à rejeter tout discours politique fondé sur le fait ethnique ou religieux et à la considérer comme intolérable et injustifiable en toute circonstance ;

3. appelons tous les partis politiques et tous les candidats à s’engager officiellement à bannir de leurs discours la référence aux identités, à l’origine ethnique ou religieuse avant, pendant et après les élections ;

4. Appelons les autorités religieuses et coutumières ainsi que les leaders d’opinion à rappeler à la raison républicaine les hommes politiques tentés par le discours identitaire et à dénoncer de telles dérives comme de graves menaces à la cohésion nationale ;

5. Appelons les autorités judiciaires et administratives compétentes à sanctionner avec la plus grande fermeté tout propos politique déviant qui prendrait appui sur le fait ethnique ou religieux.

Fait à Ouagadougou le 4 novembre 2015

Ont signé :
Numéro Nom et prénoms Qualité

01 OUEDRAOGO Halidou Président de la CODEL
02 SY Cheriff Président du CNT
03 IBRIGA Luc Marius ASCE
04 DIALLO A. Ismaël Président du FRC
05 Pr YONABA Salif Enseignant-chercheur
06 Pr SAVADOGO Mahamadé Enseignant-chercheur
07 Pr LOADA Augustin Enseignant-chercheur
08 Pr HEBIE Mamadou Enseignant-chercheur
09 OUEDRAOGO Edouard DP de L’Observateur paalga
10 SIGUE Boureima Jérémie Fondateur des éditions Le Pays
11 NAMA B. Germain DP de L’Evénement
12 Me SAVADOGO Mamadou Bâtonnier de l’Ordre des Avocats
13 Me KAM Guy Hervé Avocat
14 Me BANAO Batibié Secrétaire général du Syndicat des Avocats du Faso
15 SANGO Abdoul Karim Juriste
16 DANDJINOU Remis Directeur de Burkina Info
17 PARE Cyriaque Directeur de publication de Faso.net
18 OUEDRAOGO Boureima Directeur de publication de Reporter
19 ABISSI Charlemagne Savane FM
20 Sigué Cheick Beldh’or Directeur de publication Le Pays
21 ZONGO Touwendenda Directeur de publication Mutations
22 Barry Idrissa Rédacteur en chef Mutations
23 SAWADOGO Lookman Directeur de publication Le Soir
24 BAMOGO Azize Président des Publicitaires Associés
25 BATIONO Arsène Flavien Président du GERSTIC
26 YAMONGBE Morin Fasozine
27 SAMS’K Le JAH Artiste musicien
28 SMOCKEY Artiste-musicien
29 BASIC Soul Artiste musicien
30 DIALLO Abdoulaye Réalisateur, gérant du CNP/NZ
31 DA HIEN Daniel Ligue des consommateurs
32 YABRE Martine Coordination des organisations féminines
33 KABORE Harouna FAR
34 SOME B. Leopold GERDDES
35 HIEN Jonas Fondation Thomas Sankara
36 SAWADOGO Harouna TOCSIN