Accueil > Actualité > Budget 2022 : Les secteurs sociaux de base faiblement dotés

Budget 2022 : Les secteurs sociaux de base faiblement dotés

lundi 8 novembre 2021


Un document produit par une dizaine d’organisation de la société civile fait une analyse citoyenne du budget 2022 du Burkina. De façon globale, ces organisations constatent et déplorent une faible dotation en ressource des secteurs de l’eau, de l’éducation, de la santé. Une faiblesse obstruant la réalisation des droits sociaux, économiques et culturels des populations.

A travers cette étude, les organisations auteurs affirment leur rôle de veille et de contrôle citoyen. En filigrane, il s’agit également de faire des « propositions alternatives sur les priorités, les recettes et les dépenses du budget en lien avec la réalisation des droits sociaux, économiques et culturels des populations ». Le document a d’ailleurs fait l’objet d’un débat le 15 octobre à Ouagadougou. C’est l’économiste et secrétaire général du Centre d’études et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP), Herman Doanio qui a présenté et défendu l’étude devant des participants issus de plusieurs milieux socio-professionnels du privé comme du public.

Le secteur de l’éducation miné par des disparités criardes !

Les auteurs de l’analyse budgétaire se félicitent du fait que le secteur de l’éducation (éducation de base, enseignement supérieur et formation professionnelle) soit le mieux pourvu avec une allocation de 685,663 milliards FCFA, soit 23,72% du budget de l’Etat. Mais très vite, ils désenchantent en constatant des disparités abyssales. « 

De façon désagrégée on constate que l’accent est mis sur le volet éducation de base (MENAPLN + transferts) avec 82,93% du budget du secteur contre 15,61% pour l’enseignement supérieur et 1,46% pour la formation professionnelle », constate Herman Doanio.

L’autre aspect que déplore la coalition, c’est le fait que 601,310 milliards FCFA soient consacrés aux dépenses de fonctionnement et seulement 84,353 milliards FCFA couvrent les besoins en investissement. Alors que le besoin d’investissement pour l’érection d’infrastructure scolaires se fait pressant sur le terrain. La coalition note aussi que la mauvaise répartition spatiale du personnel cause un gaspillage des ressources de fonctionnement. L’étude révèle également que le volet recherche scientifique est faiblement pris en charge dans le budget avec une dotation de 1 021,791 milliards FCFA et uniquement pour le fonctionnement du FONRID.
Par ailleurs, le niveau des transferts aux collectivités en matière d’éducation est de 32,232 milliards FCFA. La coalition trouve ce montant « faible » au regard des compétences transférées aux collectivités dans le cadre de la décentralisation. En plus, Herman Doanio, indique qu’une « analyse approfondie révèle que les établissements d’enseignement privé bénéficient d’une part non négligeable du budget au titre des subventions de l’État ». Et pour lui, ces ressources pourraient permettre « d’accroitre l’offre éducative dans les établissements publics si elles étaient affectées à la construction d’écoles et au recrutement des enseignants ».

Santé : les dépenses de fonctionnement se taillent la part du lion

Le budget du secteur de la santé -en considérant le ministère de la santé, le Centre Médical de la Présidence du Faso, le programme de lutte contre le VIH/SIDA et les IST, le CMLS-IST et les transferts pour la santé-, est estimé à 338,035 milliards FCFA soit 11,69% du budget de l’Etat. Ce budget prévoit un montant de 323,889 milliards FCFA uniquement pour le ministère de la santé soit 11,69% du budget de l’Etat burkinabè. On note que 232,065 milliards FCFA sont affectés aux dépenses courantes soit 71,65% du budget du ministère de la santé et 91,824 milliards FCFA aux dépenses d’investissement soit 28,35% dudit budget. Par ailleurs l’étude montre que le volume des transferts aux collectivités pour la santé est de 6,284 milliards FCFA soit 0,22% du budget de l’Etat. « Cela se révèle faible, comparativement aux besoins en matière de soins de santé de proximité et à la vétusté des équipements et infrastructures sanitaires dans bon nombre de collectivités territoriales », conclu le rapport. Le secrétaire général du CERA-FP estime que cette situation révèle « la réticence dans le transfert réel des compétences dans le domaine de la santé ». Dans la foulée, la coalition martèle que les autorités devraient prendre les dispositions idoines pour accompagner le transfert des compétences par un transfert effectif des ressources à la hauteur des besoins des populations.

L’accès à l’eau et à l’assainissement, toujours le parent pauvre !
Le secteur de l’eau et de l’assainissement bénéficiera d’une dotation de 73,340 milliards FCFA en 2022 soit 2,54% du budget de l’Etat. Pour les auteurs de l’étude, « cette part du budget est considérablement faible par rapport aux besoins exprimés par la population ». Rappelant l’engagement du président du Faso à atteindre un taux d’accès à l’eau potable de 100% dénommé « zéro corvée d’eau » avec le PNDES I, ils estiment qu’il est impératif que « l’État travaille à renforcer ce secteur ».
4, 21 % seulement pour le secteur de l’agriculture

Pour ce qui est du secteur de l’agriculture, le budget alloué pour l’année 2022 est de 121,605 milliards FCFA, soit 4,21% du budget de l’Etat. « Pour un pays à 80% agricole, le budget alloué à l’agriculture est très faible », juge l’étude. Aussi, les auteurs pensent que l’accompagnement des producteurs s’avère « insuffisant entrainant une faible production ». Ce qui ne semble présager un espoir pour combler les besoins alimentaires du pays. La coalition propose que le budget prenne en compte le renforcement des capacités des producteurs à travers la réhabilitation des centres de formation et des points d’eau déjà existants avant de procéder à la mise en place de nouvelles infrastructures.

Des recommandations pour améliorer la donne
Pour voir les droit économiques, sociaux et culturels réalisé dans une proportion acceptable au Burkina Faso, les auteurs de l’étude proposent entre autres de prioriser les dépenses d’investissement par rapports aux dépenses courantes pour créer un cadre économique favorable aux activités des populations ; travailler à la réforme de l’administration publique pour plus d’efficacité et d’efficience ; contenir le train de vie de l’État à travers l’instauration d’une rigueur dans la gestion des ressources mises à la disposition des EPE, les EPA et d’autres entités publiques autonomes (sociétés d’État…) ; travailler à maitriser les effectifs des services publics à travers des expressions de besoins de personnel adaptés aux services ; etc.

Hamidou TRAORE

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document