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Transition : David Moyenga appelle le MPSR à ne pas écarter les bons politiciens

lundi 7 mars 2022


Arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire et investi officiellement nouveau président du Faso, depuis le jeudi 03 mars 2022, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA aura la lourde responsabilité de sortir le Burkina de la crise terroriste qui a fait plus d’un million de déplacés internes et surtout des centaines de victimes civiles et militaires. Et cela passe surtout par la reconquête du territoire national ou les groupes armés sont passés pour maitre à certains endroits.
Le nouveau gouvernement dirigé par Albert Ouédraogo a une patate chaude en main à en croire David Moyenga, enseignant chercheur à l’université Joseph KI-ZERBO, homme politique et ancien député du Conseil National de Transition (CNT) en 2015.

Pour lui, cette transition rencontrera au début des difficultés que connaissent en général toutes les transitions à savoir une phase de turbulence, beaucoup de débats, des critiques. Mais, estime qu’il est bon de tenir le cap et surtout travailler à adopter une méthode qui soit propre, saine, visible et transparente. David Moyenga appelle surtout les nouvelles autorités à composer aussi avec les bons politiciens et non les rejeter.Nous l’avons rencontré le 03 mars 2022 et il s’étale sur les enjeux qu’encourent le Burkina pour trois prochaines années de transition. Lisez-plutôt.

TOUTE INFO : Comment avez-vous vécu le coup d’Etat qui a renversé le candidat démocratiquement élu Roch Marc Christian KABORE du pouvoir ?

David MOYENGA : Je peux dire que j’ai vécu cela sans surprise parce que le contexte social et politique était déjà tendu, à la limite explosif. Dans un tel contexte quand vous entendez des bruits de bottes, des coups de feu, même si le prétexte pouvait être une mutinerie, l’on savait très bien que c’était véritablement le règlement final de ce régime. Donc, j’ai vécu cela sans surprise encore qu’on a eu déjà à développer notre vision sur la question. Il n’y avait plus d’issue ni politique ni technique pour le régime de Roch KABORE qui était à un degré d’impopularité, de mégardes voire de grosses fautes politiques. En plus de la crise sécuritaire, il y a une crise politique qui s’est invitée. Dans la crise politique, il y avait une crise au sein de l’armée, donc c’était imparable. Je crois que la plupart des réactions des Burkinabè étaient aussi qu’une autre issue heureuse soit trouvée. Globalement presque tout le monde a pris acte même si certains ont condamné mais à travers des condamnations molles. Ce qui montre qu’en fait personne ne voyait encore une autre chance et donc souhaitait qu’on tourne la page et qu’on aille sur d’autres bases nouvelles où il y aurait éventuellement un espoir à reconquérir.

TOUTE INFO : Le coup d’Etat en lui-même étant un recul démocratique, pensez-vous que c’était la meilleure solution face à cette crise à la fois sécuritaire et politique ?

David MOYENGA : Un coup d’Etat dans les règles de l’art d’un Etat démocratique, c’est un recul. Un coup d’Etat du point de vue des combats menés par le peuple Burkinabè pour le refus des coups d’Etat et la mise en place des institutions républicaines et démocratiques, l’on peut dire aussi que c’est un recul. Mais, attention parce que la cause des crises liées à la crise même du modèle de la démocratie libérale qui est fait de la mal gouvernance, du pillage, de la prédation, qui est fait d’un électoralisme pratiquement ostentatoire et d’achat de conscience pour ne pas dire de fraudes ou de disfonctionnement total de tout un système électoral. Également dans un contexte où il y a des différentes crises de constitution parce qu’il y a plein de gens qui modifient la constitution à l’insu des règles démocratiques et des règles de l’alternance pour s’imposer. En ce moment, quand on fait l’analyse on peut bien comprendre que les coups d’Etats en réalité constituent une sorte d’espoir auquel les peuples et les classes politique même s’accrochent en désespoir de cause. Du coup, le coup d’Etat va être apprécier dans la juste valeur du contexte dans lequel il intervient. Maintenant, il est clair que malgré tout, des risques existent est-ce qu’il faut donner un blanc seing à des militaires parce qu’ils ont fait un putsch ? Je crois que si la veille populaire et les acteurs s’inscrivent dans les aspirations réelles de la masse populaire, cela peut être des gages qui pourraient constituer une chance. Et quelque part, disons le parce que le coup d’Etat n’intervient pas de façon insolite mais en réalité le coup d’Etat est lui-même une évolution des manifestations populaires, des contestations du régime de Roch KABORE depuis 2016. Que ce soit le tâtonnement, que ce soit le pillage, que ce soit la corruption ou même tous les scandales qu’on a vus dans son entourage, que ce soit ses ministres ou même jusqu’à la présidence. c’est, l’ensemble de tous ces facteurs qui, le peuple dépités l’obligent à sortir pour manifester, refuser et rejeter son pouvoir. Donc, il ne faut pas oublier l’action populaire civile qui a créé le contexte de survenu du coup d’Etat. En réalité, c’est la crise de gouvernance, de disfonctionnement des institutions électorales, le modèle par lequel les gens se font élire sans aucune légitimité qui constituent les facteurs des coups d’Etats et de retour de constitutions en Afrique.

TOUTE INFO : Selon le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, lors de son premier discours à la nation ,les raisons avancées pour prendre le pouvoir par un coup d’Etat étaient notamment la crise sécuritaire qui menaçait l’intégrité du territoire national. Pour vous est-ce une raison valable étant donné que c’est l’armée qui est sur le front et non le politique ?

David MOYENGA : Effectivement on peut bien se poser cette question mais néanmoins dans la crise de gouvernance, il y a une crise au niveau de la sécurité et de la capacité réelle à coordonner les actions militaires sur le terrain. Vous savez l’armée est une force et une institution opérationnelle de défense et de sécurité dans un Etat. Mais, en même temps, il ne faut pas se leurrer car sa politique est mise en œuvre par le système politique en place. La politique sécuritaire est définie par les politiques au pouvoir. Je prends un exemple la politique sécuritaire du régime du Conseil National de la Révolution (CNR) n’est pas la même chose que la politique sécuritaire d’un régime comme celui de Blaise COMPAORE. Du coup, le politique a un rôle déterminant si l’on voit de près la manière dont l’armée est gérée. Est-ce qu’on a voulu refonder l’armée, est-ce qu’on a voulu rendre l’armée opérationnelle, est-ce qu’on a pensé aux équipements et à la modernisation de l’armée ? Est-ce qu’on a travaillé à motiver de quelque manière que ce soit cette armée-là ? Est-ce qu’après 60 ans d’indépendance et au sortie des récentes crises de mutineries, depuis 2011 jusqu’à l’insurrection et au coup d’Etat manqué de 2015. N’y avait-il pas lieu de rebâtir cette armée ? Je pense que la raison principale qui a détériorée l’image du régime était la défaite sur la question sécuritaire où ils n’ont pas pu vraiment faire face et n’ont pas donné des signes de confiance de leur approche et méthode pour faire face à la question du terrorisme. Je précise ce n’était pas forcement le fait d’enrayer la chose en un rien de temps mais quelle était leur approche véritablement ? Quand on en arrive à ce que des attaques se répètent quotidiennement avec les mêmes modes opératoires, que des soldats se retrouvent ventre vide sur le terrain, cela voudrait dire qu’il y a un disfonctionnement qui est là. On ne peut pas être au pouvoir et ne pas être à mesure de déceler tous les disfonctionnements et surtout prendre des mesures. Donc, vous voyez que la responsabilité est surtout politique. Les militaires ne sont qu’une unité opérationnelle et une institution opérationnelle au service de la sécurité et de défense. Mais, c’est le politique qui définit et ajuste tout.

TOUTE INFO : Déjà comment est-ce que vous trouvez le premier mois de gestion du pouvoir du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Peut-on voir des sillons favorables à un retour de la paix au Burkina Faso ?

David MOYENGA : J’ai vécu cela parfois lisible et parfois illisible, parce que quand vous regardez le contexte d’intervention de ce coup d’Etat, ce n’est pas quelque chose d’ordonnée. Quand on s’installe dans une situation de transition militaire comme cela en allant vers une transition avec une charte, forcement c’est des secousses. Donc, on voit bien qu’il y a une recherche d’une réorganisation et une recherche de retrouver ses marques. Ce qui fait qu’à un moment donné, les actes sont ajustés au fur et à mesure. Si je prends par exemple de la mise au point l’acte fondamental qui fonde le MPSR, et remet les institutions en place est un modèle. Mais ce modèle est-ce qu’il est opérant à long terme ? Je pense que non. Donc, voilà qu’on revient à proposer un document technique qui puisse servir de charte et un canevas pour une transition et qui une fois adopté viendra abroger l’acte fondamental et permettre la mise en place de la charte qui organise les organes et le fonctionnement de la transition. Donc, vous voyez qu’on est parti d’une approche ensuite revenir prendre une autre. C’est la recherche de ses marques en tant que telle. En même temps, il faut rechercher les marques entre le volet militaire et aussi les aspects au plan civil pour la gestion normale d’une institution. Nous sommes dans une expérience dans notre pays et même dans le monde de gestion démocratique d’institution. Les coup d’Etas ne peuvent plus se passer en fanfare comme dans les années 1980 et 60 par conséquent, il faut rechercher encore les marques d’équilibre pour redonner une certaine légitimité et crédibilité républicaine pour pouvoir agir. Du coup, les défis deviennent assez nombreux. Je crois qu’une telle phase est une phase de turbulence, de beaucoup de débats, des critiques, parce que tout le monde a envi de dire ce qu’il pense. En ce début, on pourra constater les difficultés que connaissent en général toutes les transitions. Mais, il est bon de tenir le cap et surtout savoir travailler à adopter une méthode qui soit propre, saine, visible et transparent. Faire le moins d’erreurs possibles et évoluer maintenant vers l’action et aller vers les priorités. Si les choses sont faites ainsi, je crois que les résultats vont commencer à se lire sir le terrain.

TOUTE INFO : Parlons justement de la charte qui a été adoptée le 1er mars dernier et qui est sujet à beaucoup de bruit, notamment sur le choix du conseil législatif où les hommes politiques ont été mis à l’écart. Est-ce que le MPSR est en train de sanctionner d’une manière ou d’une autre les hommes politiques aujourd’hui ?

David MOYENGA : Le MPSR estime et a dit que la faute revient aux acteurs politiques. Mais déjà, je trouve qu’il ne faut pas jeter un discrédit total sur tous les acteurs politiques, parce de quelle classe politique s’agit-il ? Il y a une classe politique ancienne qui est là et qui monopolise les institutions et qui sont à 100% même responsable de ce qui est arrivé sur la scène politique. Mais, il y a des acteurs de combat dans notre pays, qui étaient opposés à cette même classe politique et qui se battaient pour des alternatives positives meilleures depuis des décennies. Ceux-là ne sont pas responsables. Au contraire, ils ont plutôt subi les affres et les actions de cette ancienne classe politique. Je peux aussi dire que cette classe politique montante a contribué au bouillonnement des idées pour aller vers la mise à l’écart de la classe politique ancienne. Donc, il faut faire la part des choses. C’est pourquoi, j’estime qu’au niveau des instances de la transition, on peut bien faire participer les partis politique mais cela dépendra de quelles forces politiques on choisit. De ce point de vue, il convenait alors de faire ce que l’on appelle une revue des tendances et des prises de position des acteurs politique de 2016 jusqu’à aujourd’hui par exemple. Cela permet de voir qui sont ceux-là qui adhéraient aux idéaux de rupture, de refondation et d’alternative. Cela est bien perceptible parce que personne n’est mieux placé qu’eux pour défendre des idéaux d’une transition de rupture parce que c’est carrément la même chose que certaines forces comme la nôtre. C’est même notre programme politique qui s’inscrit dans la rupture, la refondation et le renouvellement de notre classe politique de façon qualitative. Mais, nous nous y croyons. Maintenant, les forces comme le Chef de File de l’Opposition (CFOP) ou les anciennes majorités quand vous regardez bien pendant les 30 dernière années ce sont eux qui s’échangeaient les rôles dans le CFOP et dans la majorité. Donc, c’est justement ceux-là qui n’ont pas beaucoup de places justifiables dans un tel processus politique.

TOUTE INFO : Voudriez-vous par là dire que l’ex majorité et l’ex CFOP ne doivent pas siéger à l’assemblée nationale ?

David MOYENGA : Non, je dirais qu’ils devraient être des assistants c’est-à-dire que dans les doses de contribution des autres forces dans les organes de premières lignes, ils peuvent avoir un représentant juste pour assister, parce qu’ils ont déjà agi et l’effet de leur politique nous a amené dans un ravin. Donc, ils ne peuvent plus revenir prendre des décisions. Par contre, dans un souci de les laisser contribuer ou de donner leurs regards, ou de partager leurs mauvaises expériences, il peut y avoir des assistants. N’oubliez pas que dans l’ancienne transition passée toutes les forces politique ont eu qu’un seul représentant. Les expériences bonnes ou mauvaises des uns et des autres peuvent être récoltées et contribuer dans d’autres organes qui ne sont pas forcement le CNT ou le gouvernement. J’aurai aimé que le conseil d’orientation soit une commission de reformes et de prospectives dans laquelle on met des gens qui ont de l’expérience, des experts, des enseignants d’université, des chercheurs, des personnes ressources dans la société, des gens de culture pour secréter et donner de temps en temps une lecture et une orientation à un certain nombre de réformes. A ce niveau, les anciens politiques dont les retraités politiques peuvent s’y retrouver pour apporter leurs contributions. Mais, ils ne doivent pas avoir une dose importante dans les organes de première ligne. Ils doivent comprendre qu’ils n’ont pas à se précipiter dans ces organes ne serait-ce que par honnêteté politique et par véritable conviction politique.

TOUTE INFO : Doit-on craindre que le parlement soit militarisé par ce que le conseil prévoit 16 militaires sur 71 députés ?

David MOYENGA : Cela pourrait être une inquiétude juste aussi parce que je pense que le parlement est un lieu par excellence d’un débat ouvert démocratique. Il faut même laisser les contradictions se faire mais une contradiction basée quand même sur un canevas qui est disponible. L’équipe technique qui a élaboré la charte a quand même mis un agenda dans lequel l’ensemble des axes de reformes, d’attentes et de la transformation de la société s’y trouve. Pour moi, il y a véritablement un déséquilibre par rapport à la présence de l’armée. Pour la transition passée, il y avait 25 militaires et on estimait que c’était beaucoup sur 90. Quand vous prenez 25 militaires sur 90 je dirai que c’est un quart (¼) en gros des membres du parlement. Pour cette transition, il est prévu 16 militaires sur 71 plus même ceux encore que le président peut en fait, lui-même designer. Que la personne désignée soit civile ou militaire on va considérer qu’il est venu par les militaires. Ce que tout ceci peut créer comme problèmes cela peut influencer l’apport de soutien populaire à toutes ces institutions. Que ce soit ce déséquilibre au plan militaire même si par ailleurs c’est un coup d’Etat.

TOUTE INFO : Cela n’est -il pas aussi justifiable au vue de la situation sécuritaire ?

David MOYENGA : La question sécuritaire est une question qui va être opérationnelle parce qu’il y a un président et un gouvernement donc la politique et les lignes seront définies par eux. Ceux qui sont au niveau du Parlement font des analyses mais ils suivent quand-même la ligne de défense sécuritaire. En plus, il y a il y aura une commission de défense et de sécurité dans les commissions . Donc, quelque part voilà des postes qui peuvent permettre de gérer des situations qui touchent directement les questions militaires. Mais, sans mettre autant d’hommes. Sinon je trouve que c’est un peu déséquilibré et ce n’est pas trop en faveur de cette transition. Rappelez-vous en 2015 lorsque survient le coup d’Etat du 15 au 16 septembre, ce n’était pas des militaires uniquement qui étaient dans les rues, il y avait plusieurs autres forces comme les OSC qui étaient très organisées à l’intérieur du pays qui ont organisé une résistance populaire historique et qui a fait plier les tenants de ce coup d’Etat. Donc, il faut prévoir les difficultés et les obstacles et voir quelles sont les forces en même de contrer qualitativement par la mobilisation populaire.

TOUTE INFO : M. MOYENGA, seriez-vous prêt si l’on vous consultait dans un organe de cette transition ?

David MOYENGA : Ben ! cette question m’est revenu plusieurs fois mais ce que je peux dire c’est que j’ai pris acte avec mes camarades de ce coup d’Etat parce que c’était vraiment la fin d’un errement politique que nous avons alerté. Les transitions sont des chances d’amélioration des situations dans un pays et si on estime que nous pouvons avoir une place sur la base de ce que nous expliquons comme point de vue, nous ne sommes pas contre sur le fait d’apporter des idées de consolidation. Le rôle du politique par excellence est de contribuer de façon qualitative mais en même temps nous avons des conditions. C’est pourquoi, à notre dernière conférence de presse, nous avons mis des balises. Nous contribuons sur la base d’un certain nombre de balises que sont d’abord la reconquête du territoire et la stabilité. Ensuite, nous disons qu’il y a un certain nombre de réformes fondamentales que l’on ne saurait louper. Pour nous, le système électoral doit être revu totalement afin de permettre d’élire des gens crédibles et légitimes. On peut refonder le système électoral dans lequel n’importe qui ne peut prétendre être éligible et aussi comme ce qui est déjà écrit sur la charte des valeurs et la déontologie et le code d’éthique.

TOUTE INFO : Mais, comment pourrait-on mesures ces valeurs ?

David MOYENGA : Bien sûr qu’il est possible d’évaluer cela. Tous ceux qui ont été dans des malversations, quelqu’un qui a un casier judiciaire pas vierge et qui est impliqué dans des cas de vol non élucider ne peut être éligible. Que ce soit à la présidence du Faso, tout comme à la mairie on voit toujours des gens qui sont sujets à tellement de choses qu’il ne faut se permettre de ramener sur la scène politique. C’est cela la moralisation de la vie politique et publique. On ne peut pas refonder une nation qui doit être neuve, moderne et exemplaire avec des hommes politiques qui sont complètement des voraces, des affairistes et qui ont conduit le pays dans le ravin. L’intérêt générale doit primer sur tout, et c’est un élément principal. Aussi, le dispositif de traitement de la question de la corruption et du pillage des ressources doit être revu. Nous avons proposé et cela pourrait revenir dans cette transition même une commission de réception des dénonciations composée des journalistes d’investigation, d’anciens magistrats, des chercheurs ou des gens connus dans le secteur. Il s’agit des gens qui ont de la compétence et des qualités d’étudier un dossier, déposer et suivre celui-ci. Nous avons aussi comme balise, la question géopolitique. Cette transition doit permettre aussi de revoir nos rapports au niveau régional et international parce que le battement actuel de notre peuple est le besoin de l’affirmation d’une certaine indépendance et d’une certaine souveraineté. Nous sommes à une certaine période d’émancipation et de libération des peuples. Du coup les gens s’attendent à ce que certains rapports puissent être revus dans l’intérêt supérieur de notre pays. Sur certaines questions, il va falloir que la transition puisse jeter les bases même si elle ne peut pas faire cela du tic au tac. Il faut faire de sorte que l’on arrive à être autonome sur un certain nombre de questions comme dans le domaine sécuritaire par exemple. On peut avoir une coopération saine et transparente avec n’importe quel pays au monde même avec la France. Mais les relations avec certaines institutions comme la CEDEAO doivent être revues parce qu’elle n’a pas toujours de bonnes décisions. Ces décisions sont parfois déphasées et cela est perceptible quand il y a transition, elle est souvent décriée de partout. Des gens modifient la constitution pour se maintenir au pouvoir, la CEDEAO ne dit rien et quand il y a coup d’Etat elle pense que c’est une l’occasion qui va les permettre de résorber leurs problèmes. Donc, il faut revoir dans l’ensemble comment interdire les mandats de trop ou de mettre fin au mandat de quelqu’un qui est élu démocratiquement mais qui ne fait plus rien pour la démocratie. La CEDEAO ne condamne pas cela et lorsque le peuple lutte avec sa dernière énergie et arrive à trouver une piste, une lueur d’espoir elle vient condamner. Je pense que si les choses continuent comme cela, la CEDEAO n’aura pas longue vie.

TOUTE INFO : Quel est votre message à l’endroit du MPSR et le nouveau gouvernement de la transition ?

David MOYENGA  : J’invite les acteurs qui vont animer ces organes y compris les plus hauts responsables du MPSR d’avoir une lucidité politique et de rester dans leurs idéaux réellement d’une rupture et d’une refondation politique de notre pays. Aussi, en plus du canevas, il faudrait qu’il y ait un canevas et une ingéniosité politique parce qu’une chose est d’avoir le canevas mais l’autre chose est la mise en œuvre qui est un vrai enjeu. Ainsi, ils vont épater le peuple et sortir grandi de cette transition.

Propos recueillis par Alain YAMEOGO et Issa ZONE

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