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Ouagadougou : Les témoignages des survivants de l’attaque terroriste du bar Capuccino et de Splendid hôtel

dimanche 17 janvier 2016


Le bilan provisoire de l’attaque terroriste perpétré vendredi soir est de 26 morts et 57 blessés. Plus de 150 personnes de différentes nationalités étaient prises en otage durant toute la nuit du vendredi 15 à samedi 16 janvier 2016. Ces dernières ont été libérées dans la matinée du samedi, suite à l’assaut final lancé par les forces de sécurité, puis conduits au stade du 4 août pour être auditionnées. Juste avant leurs auditions, nous avons promené notre micro pour recueillir les témoignages de certains d’entre eux.

Bruno Fondjo, citoyen Camerounais, délégué médical, ex-otage

Je suis à Ouagadougou depuis 4 jours et je devrais repartir ce samedi par le vol de 9h30, mais les événements ont tout chamboulé. J’étais au 4e niveau de l’hôtel Splendid vers 19h30, précisément au balcon, quand deux hommes encagoulés sont venus allumer le feu sur le bar Capuccino. Ils ont par la suite incendié deux véhicules avant de se diriger vers notre hôtel. C’est la première fois pour moi de vivre ce genre d’événement, donc c’est vraiment très choquant et traumatisant. Le comble c’est que nous étions très proche des rafales, et ce n’était pas du tout facile à supporter ! On ne se sentait pas du tout en sécurité à l’intérieur.

Dao Salimata, employée de commerce à capuccino

Je travaille dans une boutique au Capuccino. Aux environs de 19h30, nous avons entendu des tirs venant de l’extérieur. Mais nous avions pensé que c’était des bruits de pétards, après renseignement on a compris que c’était sérieux. Tout le monde courait de toute part et nous sommes rentrés nous enfermer dans la boutique avec deux autres personnes qui étaient sur les lieux. De l’intérieur, nous les entendions parler en anglais et français en chargeant leurs fusils, juste devant la porte de la boutique. On sentait l’accent touareg à travers leur langage. Des amis ayant perdu leurs proches criaient au secours dehors. Quand ils se sont un peu éloignés nous avons appelé la police, et c’est le lendemain vers 13 heures que la police est venue nous ouvrir.

Déclaration sous anonymat d’une travailleuse riveraine
Lorsque l’attaque se produisait, j’étais en train de travailler à quelque 50 mètres de l’hôtel Splendid. Mes camarades et moi sommes passés par la fenêtre de notre bar pour se réfugier derrière le bâtiment. Ils étaient trois assaillants au départ dont deux enturbannés et un autre grand de taille, teint clair, à visage découvert qui donnait des directives aux autres. Il ressemblait plutôt à un mauritanien et parle une langue semblable à de l’arabe. Un résident du quartier nous a hébergé chez lui, à quelque pas de l’hôtel, jusqu’au petit matin. Pendant la nuit, il y a même une balle qui a traversé notre fenêtre. Fort heureusement, nous sommes sortis indemnes. La matinée, la police est venue nous chercher pour des auditions.

Yameogo Julien, riverain de l’hôtel Splendid

Je réside avec ma famille dans les logements de la caisse de Splendid hôtel. Quand les premiers assaillants sont arrivés, ils étaient postés derrière l’hôtel et arrosaient avec une certaine aisance ceux qui étaient assis au bar Capuccino. Nous avons tous à l’esprit que l’attaque est une chose qui peut arriver ; mais l’ampleur, la rapidité et la puissance de l’exécution donnaient à croire que ce sont des gens spécialistes, bien instruits et bien renseignés. Sans précipiter l’enquête, je me dis que si on creuse bien, il y aurait des riverains qui sont impliqués. Tout était bien précis et organisé au point qu’il était difficile de se protéger.

Propos recueillis par Sidnooma Delaforce
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