Les burkinabè ont célébré la 159è journée de la femme le mardi 8 mars 2016 sous le thème : « entreprenariat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives ». Cette année, un accent particulier a été mis sur le port du pagne traditionnel Faso-Dan-Fani. Mais ce souhait ne semble pas avoir été entendu par la plupart des participants.

« Planète 50-50 d’ici 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes », c’est plutôt sous ce thème que la communauté internationale a commémoré la 159è journée dédiée à la femme. Si l’Organisation des Nations Unies (ONU) entend mettre l’accent sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) avec pour pierre angulaire l’égalité des sexes à travers ce thème ; il n’en demeure pas de même au Burkina Faso. Au plan national le gouvernement, à travers le ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, a célébré cette journée sous le thème : « entreprenariat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives ».

Pour la ministre de tutelle Laure Zongo/HIEN, le choix d’un tel thème repose sur le fait que l’entreprenariat féminin « constitue un moteur de la croissance économique et la création d’emplois au Burkina Faso ». Pour elle, la femme burkinabè reste confrontée à des problèmes d’accès aux ressources financières, à la terre, aux semences, aux technologies, à l’éducation et à la formation professionnelle, etc. Laure Zongo/HIEN a par ailleurs rassuré que des dispositions seront prises par son département ministériel pour la promotion des activités génératrices de revenu en faveur des femmes. « Une volonté politique affichée permettra entre autres aux femmes de profiter davantage de la création des pôles de croissance pour monter leurs propres entreprises agroalimentaires », a martelé la ministre de tutelle sous un tonnerre d’applaudissement.

« L’impérialisme ne serait-il pas déjà dans nos assiettes ? » !

La commémoration de cette journée a également vu la décoration d’une vingtaine de récipiendaires au rang de Chevallier d’ordre national et d’ordre de mérite burkinabè. Un autre moment fort de cette cérémonie commémorative a été le défilé civil, militaire et paramilitaire.
Cependant, le thème national de cette journée dédiée à la femme, dont les autorités vantent la portée, est en inadéquation avec l’innovation majeure de la présente édition qui recommande le port du pagne traditionnel Faso-Dan-Fani. Quel est lien ? Serait-on tenté de se poser ! Mais là où réside encore le problème c’est que cet appel semble tomber dans une oreille de sourd. En effet, en dehors de quelques autorités politiques, les récipiendaires et certaines personnes préparées pour le défilé, chacun portait fièrement son habit ‘’à la manière occidentale’’ : veste-cravates pour les uns et chemises-tissus pour les autres. Toute chose qui remet en cause ‘’l’idée révolutionnaire’’ de lutte contre l’impérialisme de l’ex-président Thomas Sankara. « L’impérialisme ne serait-il pas déjà dans nos assiettes ? » !

Sidnooma Delaforce Ouédraogo