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Réconciliation et unité des Burkinabè : un Haut conseil installé pour traiter de 5650 crimes économiques et de sang commis entre 1960 à 2015

mardi 22 mars 2016


La cérémonie d’installation des membres du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) s’est tenue ce mardi 22 mars 2016. C’était dans la salle polyvalente de la présidence en présence du président du Faso, président du Conseil des ministres Roch Marc Christian Kaboré.

Moins de deux mois après leur prestation de serment à savoir le 10 février dernier, devant les membres du Conseil constitutionnel, les 21 membres du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) ont été installés dans leur mission par le président du Faso, président du Conseil des ministres Roch Marc Christian Kaboré ce mardi 22 mars 2016. Le chef de l’Etat estime à cet effet que cette cérémonie est un acte majeur qui montre l’attachement majeur des Burkinabè à la paix, à la cohésion nationale, à la bonne gouvernance et à la lutte contre l’impunité. Il décline ici la mission du Haut conseil qui consistera à créer les conditions les plus favorables à la réconciliation et à l’unité nationale selon lui.

Le président du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale Bénoit Kambou résume la mission consignée à l’équipe qu’il dirige en ces termes : « Traiter un passé douloureux pour en faire un présent fraternel ». C’est donc avec reconnaissance qu’il a rassuré le président du Conseil des ministres sur la bonne foi de son équipe à mener à bien cette mission, « chaque dossier sera traité avec détermination et avec la vigoureuse envie de le solder définitivement » a-t-il confié ; avant de rappeler à son équipe qu’elle na pas droit à l’échec : « mais lui en être reconnaissant sans actions concrètes serait un bien maigre effort » a-t-il martelé. Il peut être tranquille, car le premier responsable des Burkinabè est conscient du poids combien lourd de la mission qui a été assignée à son équipe et lui même, « c’est une gageure pour chacune et chacun de vous, mais un pari de haute portée pour la Nation entière que nous devons forcément gagner » a-t-il confié. Bénoit Kambou estime que la réussite de ladite mission permettra au Burkina de ne plus trainer comme un boulet au pied, ni les rancœurs trop longtemps enfouies, ni les crimes économiques et de sang trop longtemps relégués aux oubliettes.

Pour y parvenir, le Haut conseil compte faire appel comme l’autorise la loi instituant le HCRUN à toutes les personnes ressources susceptibles de contribuer à la manifestation de la vérité, préalable à une justice équitable et condition nécessaire d’une vraie réconciliation d’après Bénoit Kambou. Cependant en ce qui concerne la justice, le premier responsable du HCRUN rassure que la structure dont il a la charge ne remplace pas le système judiciaire formel. Il compte l’inviter d’ailleurs à l’appuyer fortement de ses compétences et de ses expertises. Pour terminer, il a souhaité que toutes les composantes de la société, ainsi que toutes les instances publiques et privées, traditionnelles et religieuses les accompagnent afin que personne ne puisse dire avec raison que le Haut conseil a vendu du rêve au peuple burkinabè.
Le chef de l’Etat va plus loin en invitant la structure à aller au-delà du traitement des cas spécifiques de crimes de sang, de crimes politiques, de crimes économiques et de traumatismes divers dont il faut éviter la récidive. Il est convaincu qu’il est utile et indispensable d’appréhender les causes de ces transgressions et d’en éradiquer les germes et les causes depuis leurs racines. Le président explique que c’est à ce prix que la gestion des milliers de dossiers qui sont déjà entre leurs mains pourrait contribuer à l’apaisement des cœurs meurtris en vue d’aboutir à un retour à la sérénité et à une paix durable et bienfaisante pour tous. C’est en connaissance de cause que le chef de l’Etat a invité la structure de réconciliation à s’approprier les précieuses conclusions du Collège des sages ainsi que celles de la Commission de réconciliation nationale et des réformes. Roch Marc Christian Kabore estime que ces deux instances ont fait un diagnostic sans ambiguïté des sujets, des sources de fractures et des crises qui minent les secteurs socio-économiques et politiques du Burkina Faso.

Il faut rappeler que le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) aura pour tâche d’éplucher tous les dossiers concernant les crimes de sang et économiques, 5650 au total, identifiés par la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) sous la Transition et de proposer des solutions. Mandaté pour cinq ans, le Haut conseil aura pour tâche d’étudier tous les crimes commis de 1960 à 2015.

Thierry KABORE
TOUTEINFO.COM