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Retrouvailles entre le CDP et le MPP : « Je ne saurai faire de la divination politique, mais la politique est le champ de tous les possibles » dixit, Achille Tapsoba [In, Notre Temps]

mardi 19 avril 2016


Au Burkina Faso, quand on évoque le nom Achille Tapsoba, l’homme n’est pas un inconnu de la scène politique. Il a occupé des postes de responsabilité sous le régime de Blaise Compaoré avec qui il a eu à gouverner durant un quart de siècle. Politique chevronné, il est présentement le président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), un parti auquel il est resté fidèle malgré les turbulences connues. Aujourd’hui, à l’opposition, il nous a accordé une interview le jeudi 14 avril 2016 dans laquelle il s’est prononcé sur les questions d’actualité telles que le dégel des avoirs de certaines personnalités proches de son parti, et même de ceux de son parti, ses rapports non seulement avec le parti au pouvoir, mais aussi avec l’ex-président du Faso en exil Blaise Compaoré.

Interview réalisée par Dayang-ne-Wendé P. SILGA et Edoé MENSAH-DOMKPIN

Notre Temps : Achille Tapsoba, vous êtes actuellement le président par intérim du
CDP. Dites-nous comment se porte votre parti ?

Achille Tapsoba : Merci pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer dans vos colonnes. Je dirai que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se porte très bien. Je dis très bien, parce que je mesure mes mots. Il se serait mieux porté encore si on avait pu aplanir certaines difficultés. Mais d’ores et déjà, quelques difficultés ayant été levées récemment, nous pouvons dire que le parti se porte très bien.

Pour vous qui avez gouverné un quart de siècle, est-ce qu’il vous est difficile aujourd’hui d’évoluer dans l’opposition ?

Il faut dire qu’avant d’accéder au pouvoir, et ce depuis les années 83, nous étions dans l’opposition. C’était une période de notre vie politique durant laquelle nous avons acquis un certain nombre d’expériences et de reflexes même si cela date d’assez longtemps. Mais, c’est vous dire que, pour tout homme politique et pour tout parti politique du reste démocrate ou républicain, il est évident qu’être de l’opposition ou du pouvoir, la chose doit être considérée comme politiquement normale. C’est ainsi, car dans la mesure où un démocrate doit considérer que le choix du peuple porté sur un parti politique ou sur des hommes politiques, est un choix qui n’est pas établi « ad vitam eternam », et qu’il a la possibilité de changer d’hommes politiques ou de partis politiques pour conférer à d’autres le droit de diriger ses affaires. Donc, on doit être en mesure de se concevoir à la foi au pouvoir comme à l’opposition, dans la mesure où ce choix peut nous concerner directement. Et pour notre cas d’espèce, on était aux affaires depuis pratiquement le retour à la vie constitutionnelle en 91 et aujourd’hui nous voilà à l’opposition par la force des choses. Je crois que c’est tout à fait normal. Nous voyons les choses de cette façon et nous sommes en mesure d’assumer ce rôle que nous avons aujourd’hui. Bien sûr, il est évident que l’on peut avoir des perceptions différentes de la manière dont on accède au pouvoir ou on le perd. La question est de savoir que l’on doit être en mesure de s’assumer quand on est au pouvoir porté par le choix du peuple ou quand on est à l’opposition de par la volonté toujours du peuple.

Ça c’est les principes M. Tapsoba ! Mais dans la réalité vous qui avez perdu le pouvoir par la force des choses comme vous le dites, et du coup vous avez également perdu des privilèges, est-ce que la perte de ces avantages ne complique pas la réorganisation du parti ?

Je crois qu’il faut le dire de façon complète. S’il est vrai que l’exercice du pouvoir vous confère des avantages, il faut dire aussi qu’il vous confère des responsabilités qui ne sont pas des moindres dans la mesure où exercé le pouvoir commande de faire en sorte que ceux qui vous ont porté à ce niveau de responsabilité puissent avoir un minimum de satisfaction quant à la mise en œuvre d’un programme pour lequel vous avez sollicité leurs suffrages. Par ailleurs, l’exercice du pouvoir vous donne la capacité de changer les choses en utilisant le pouvoir qui vous a été conféré par le peuple, en utilisant les rouages de l’Etat pour transformer les choses et les réalités dans le sens de ce que vous avez pris comme engagement auprès du peuple. C’est d’abord à ce niveau que je conçois cette mission qui est de gérer le pouvoir avant qu’il ne soit un poste juteux ou pas juteux. C’est tout simplement une question de responsabilité. Et il faut reconnaître que cette responsabilité vous permet d’avoir des moyens par lesquels vous pouvez actionner certains mécanismes de fonctionnement de votre propre structure politique et par lesquels vous êtes en mesure de pouvoir mieux assumer votre rôle sur le terrain politique national et même international. C’est indéniable et ceux qui sont au pouvoir aussi le savent. C’est pourquoi d’ailleurs on lutte pour accéder au pouvoir et non pour le perdre. C’est parce qu’il y a quelque chose à gagner et quelque chose qui vous permet de vous affirmer et de montrer aux yeux de ceux à qui vous sollicitez cette acquisition que vous êtes capable de faire quelque chose ou même que vous êtes capable de transformer les choses. En résumé, il y a aussi bien des avantages que des responsabilités. Et quand on perd la responsabilité, de manière concomitante, on perd aussi les avantages. Mais, dans notre cas, ce qui est important aujourd’hui, c’est de savoir qu’on ne peut que compter sur ses propres forces et non sur des avantages pour se maintenir sur l’échiquier politique et faire en sorte que le travail politique vous permette de revenir aux affaires. A l’heure actuelle il est évident que diminué de ses capacités, le parti se doit de rester efficace et perspicace. Le parti se doit d’utiliser d’autres moyens que les moyens qui étaient à sa disposition quand il était aux affaires ; de développer plus de moyens intellectuels, de capacité d’innovation, de la capacité à surmonter les difficultés plutôt que des facilités. C’est cela la nouvelle donne pour nous. Et nous sommes en train de nous expérimenter, nous sommes en train de voir comment il est possible de faire beaucoup avec peu de moyens. Avant, on avait beaucoup de moyens et on faisait peut-être moins. Aujourd’hui ce à quoi il faut réfléchir c’est l’inverse. Et comment faire de sorte que nous puissions de par cette position non pas nous morfondre dans les complaintes, mais plutôt développer de nouveaux ressorts pour pouvoir, d’une manière ou d’une autre rebondir et reconquérir le pouvoir.

Est-ce que après ces événements vécus, le CDP a fait son autocritique ?

Autocritique je ne sais pas pourquoi ? De mon point de vue une autocritique se positionne comme étant un principe organisationnel qui vous permet, à partir d’une situation que vous avez vécue, de vous positionner comme étant dans une certaine faute, que vous arrivez à établir de manière critique ; et faute pour laquelle vous vous disposez dans une espèce de reconnaissance, à faire en sorte qu’elle soit surmontée, qu’elle puisse être réparée et que vous puissiez politiquement faire mieux à l’avenir et éviter le travers dans lequel vous êtes tombé.

Si vous avez perdu le pouvoir, c’est parce que, quelque part, vous avez fait des erreurs.

Ce n’est pas là une base suffisante d’autocritique. Notre autocritique, nous la faisons dans une analyse introspective au niveau du parti, de ce que nous avons vécu comme situation politique, des raisons pour lesquelles nous avons perdu le pouvoir. Nous analysons ces raisons, nous regardons le contexte dans lequel nous l’avons fait, et nous situons un peu la responsabilité qui est la nôtre dans cette situation, de façon bien comprise, et tout cela, dans le sens de pouvoir non seulement faire en sorte de tirer des leçons de ce qui s’est passé en vue de pouvoir améliorer notre perception politique mais aussi notre action politique pour l’avenir. De ce point de vue, la perte du pouvoir est perçue de façon différente au niveau du parti par les uns et les autres. Et nous sommes en train de faire cet exercice qui ne doit pas être bâclé, dans le cadre d’une commission adhoc qui a été mise en place par le parti. Elle est chargée d’établir le diagnostic et de poser le jalon d’une profonde réflexion pour nous resituer le contexte dans lequel nous étions avant de perdre le pouvoir, et dans le contexte où nous avons perdu le pouvoir ; cela en vue de permettre à nous militants de relever la responsabilité les responsabilités d’autres acteurs et d’autres phénomènes dans la mesure où nous n’avons pas agi tout seul sur le terrain politique à cette époque. Nous sommes en train de nous livrer à cet exercice et lorsque la commission adhoc aura déposé son rapport, le parti se l’appropriera certainement dans le cadre d’un congrès ; et nous allons nous prononcer clairement là-dessus.

Dites-nous comment se passe la collaboration avec Zéphirin Diabré au CFOP ?

Le partenariat se passe très bien. Le début est très intéressant. C’est un homme politique qui évolue sur le terrain de l’opposition depuis un bout de temps. Nous devons néanmoins rappeler qu’avant d’être dans l’opposition, M. Zéphirin et nous, étions ensemble aux affaires. Je dirai qu’il est venu à l’opposition un peu plus tôt que nous. Mais la collaboration se passe bien sur la base de principes très clairs. Tout parti politique, dans le contexte actuel et selon les dispositions de la loi, peut se déterminer comme faisant partie de l’opposition ou de la majorité. Mais une fois qu’on se détermine comme étant de l’opposition on a une plate-forme commune avec les autres partis qui se réclament de l’opposition qui commence par la définition légale qui est donnée à la notion de l’opposition. Sur cette base donc on se retrouve avec M. Zéphirin et l’UPC son parti et ensemble nous avons un certain nombre d’actions à mener. Nous avons défini ensemble des principes de travail dans le cadre du CFOP où bien sûr nous bénéficions aussi de son expérience. Nous entendons travailler dans la loyauté, la sincérité aux côtés de l’UPC et d’autres partis politiques pour faire en sorte que les erreurs, les insuffisances et tous éléments critiques que nous pouvons fournir de l’action gouvernementale puissent être décelés, et mis en exergue pour que le peuple puisse apprécier à sa juste valeur la capacité des partis qui se sont retrouvés au pouvoir, à changer ou non la réalité des Burkinabè, et à comprendre aussi la pertinence des voix alternatives que nous leur proposons, à partir de l’analyse comparative et critique des actions que le parti au pouvoir, le MPP, et ses collaborateurs vont poser.

Suite à la libération provisoire de certains militants du CDP ces derniers jours, on a senti des points de vue divergents entre Zéphirin Diabré qui semble dire qu’elles sont suspectes, et vous qui appréciez. Quel est votre commentaire ?

Il est évident qu’être ensemble dans l’opposition dans le cadre du Chef de file de l’opposition ne veut pas dire que nous avons une certaine unanimité sur toutes les questions politiques. Chaque parti de l’opposition garde son autonomie organisationnelle et ses perceptions politiques. Aussi, par rapport aux libérations, chaque parti a sa perception de la question et nous respectons celle de M. Zéphirin. Nous avons également la nôtre. Pour nous, toute mesure d’emprisonnement qui est fondée sur l’arbitraire doit être réparée par la remise systématique en liberté de ceux qui ont subi cette mesure arbitraire. Il n’y a pas de place pour l’arbitraire dans la Justice républicaine. C’est ce que nous avons toujours clamé et nous estimons que la libération n’est même pas encore effective, du point de vue du principe. Il faut libérer tous ceux qui ont été emprisonnés de manière arbitraire et sur des bases politiques. Et nous espérons que ce point de vue sera respecté et bien perçu par ceux qui sont les décideurs dans ce domaine. Il s’agit d’une question de principe. Lorsqu’on emprisonne des citoyens sur la base de simples injonctions, sans aucune base légale claire, et sans avoir répondu clairement à la procédure par laquelle la Justice procède, il faut simplement les libérer quitte à ce que la Justice reprenne des procédures tout à fait légales. C’est ce que nous réclamons. Nous ne demandons pas que l’on laisse certains échapper ou non à la justice. Tout Burkinabè est redevable à la Justice du Burkina Faso, mais que cela se passe dan les règles de l’art, et selon les méthodes régaliennes qui sont reconnues par la Justice républicaine.

Les comptes de plusieurs de vos camarades et également de quatre partis politiques viennent d’être dégelés.Quel commentaire faites-vous de l’ordonnance ?

Nous avons toujours dit que le gel de nos comptes, c’est purement et simplement une espèce de contrainte qu’on subissait à notre corps défendant. Nous n’avons pas du tout apprécié cette mesure. Mais, étant donné que c’est par voie judiciaire, nous respectons la justice de notre pays. Et c’est pourquoi nous disons que le dégel de nos comptes, ce n’est que justice qui se rétablit. Ce n’était pas juste de geler nos comptes dans la mesure où on ne nous a pas fourni une preuve de la participation effective responsable et décidée de notre parti au coup d’Etat du 16 septembre. De ce point de vue, nous estimons que c’est une mesure qui était injuste. Mais, comme la mesure a été prise dans le cadre de poser les jalons d’une enquête judiciaire, nous l’avons considérée comme tel. Mais, nous estimons que la réparation a été faite aujourd’hui et nous saluons cette mesure de dégel des comptes des individus aussi bien que de notre parti, dans la mesure où nous estimons que nous n’avons rien à voir avec ce coup d’Etat en tant que parti.

Peut-on dire que cette décision vous permettra d’aller aux municipales avec beaucoup plus de sérénité ?

Comme vous l’avez dit, les comptes étaient gelés, mais à l’intérieur, les moyens n’étaient pas aussi énormes que cela. Nous reconnaissons que c’est un plus et cela nous permet d’avoir un peu plus de moyens pour agir sur le terrain électoral. Aujourd’hui, il est reconnu que sans un minimum de moyens, il est difficile pour un parti quelconque de pouvoir bien évoluer sur le terrain électoral avec des résultats probants. Nous estimons donc que c’est un facteur favorable, pour que nous puissions faire une meilleure prestation électorale. Le gel était un facteur diminuant, défavorable car on nous prive de moyens pour aller à une compétition. Nous pouvons dire maintenant que nous sommes alignés sur les mêmes starting-blocs que les autres, que c’est bon. Aux précédentes élections, nous étions 100 mètres derrière les autres concurrents et on devait arriver sur la même ligne de façon compétitive. C’était donc difficile !

Achille Tapsoba, vous qui semblez être proche de certains responsables du MPP, quels sont vos rapports actuels ?

Non, je ne semble pas proche des responsables du MPP. Nous étions ensemble avec la plupart des membres du MPP, et même les plus hauts responsables, dans le même parti à l’époque.

Vous particulièrement vous étiez proche de l’actuel président du Faso ?

J’étais également proche d’autres personnes, d’autres camarades, parce que la proximité dont vous parlez est une proximité politique. Sinon socialement, j’ai des amis aussi bien dans l’opposition que dans la majorité avec lesquels je suis très proche. Mais je veux dire qu’il ne faut pas confondre la proximité qu’on a avec des hommes politiques. A l’époque, nous avons partagé les mêmes idéaux, les mêmes cadres organisationnels, les mêmes actions, les mêmes perceptions et les mêmes situations. Aujourd’hui, nous sommes dans des cadres complètement différents, nous avons des perceptions différentes, et nous avons également des objectifs différents. C’est ce qu’il faut noter par rapport à une quelconque proximité. Politiquement, le plus important pour moi, c’est cette considération. Socialement, des êtres d’une même société, traversée par des courants familiaux, peuvent nous amener socialement bien sûr à avoir une proximité les uns avec les autres. Mais politiquement, ce n’est pas ça qui est la base essentielle. On peut avoir des contradictions politiques sérieuses avec son propre frère ou sa propre sœur. Mais le fait d’être dans une même famille biologique ou sociale n’en est pas une raison suffisante, bien que cela puisse favoriser un certain dialogue. Mais actuellement, je le dis et je le répète, cette proximité dont vous parlez n’est pas aussi importante que les divergences que j’ai avec ces mêmes personnes.

Et quels sont vos rapports aujourd’hui ?

Il n’y a pas de rapports particuliers. Ce sont juste des rapports entre dirigeants du CDP et dirigeants du MPP ; des rapports entre le CDP et le MPP. Ils sont au pouvoir et nous, nous sommes à l’opposition. C’est le nouveau type de rapports que nous avons. Quand ils avaient quitté le CDP, avec les raisons qui sont les leurs, nous nous, sommes restés au CDP avec les raisons qui sont les nôtres ; ce sont des raisons qui sont fondées sur des considérations différentes, voire diamétralement opposées.

Certaines personnes pensent que les retrouvailles entre le CDP et le MPP vont être scellées tôt ou tard. Qu’en pensez-vous ?

Je ne saurai faire de la divination politique. Je n’ai pas cette compétence. Dire que ce sera scellé tôt ou tard, c’est de la divination politique. Mais sur le plan de mes convictions politiques, j’estime que rien n’est impossible. Et comme j’aime le dire souvent, la politique est le terrain du possible, c’est le champ de tous les possibles. Ceux qui étaient opposés hier se retrouvent aujourd’hui ou demain ; ceux qui se retrouvaient hier ou aujourd’hui se séparent demain ou après-demain. Et c’est cela le champ du possible de la politique. A l’heure actuelle, je ne saurai faire des estimations ou de prévisions dans ce domaine. Je dis simplement que dans la mesure où les oppositions ne sont pas fondées sur des positions radicalement contradictoires, idéologiquement antagoniques, et d’un antagonisme assez raide ; dans cette optique, il y a toujours des possibilités que des changements quelconques -que ce soit de la situation politique nationale ou des perceptions politiques de part et d’autre- et que des phénomènes politico sociaux puissent permettre à des partis qui étaient diamétralement opposés ou différents de pouvoir se rapprocher et de pouvoir fonder un terrain commun d’entente qui puisse devenir un nouveau socle relationnel pour ces partis. En bref, la politique, c’est vraiment le champ du possible. Ça peut se réaliser ou pas.

Avez-vous des nouvelles de Blaise Compaoré ?

Blaise Compaoré, c’est le fondateur de mon parti. Et il est toujours pour nous le référentiel du parti. Je dirige le CDP par la force des choses. Je le rappelle, je suis président par intérim. Le président du parti, c’est bel et bien Eddie Komboïgo. Il est toujours là, il est vivant, il est au Burkina. Il n’est pas privé de ses droits politiques et civiques. Il est simplement privé de sa liberté. Donc, il reste le président du parti. Mais, comme il est empêché, je dois de façon pratique, mener des activités qui conviennent à un président de parti, j’assure l’intérim jusqu’au prochain congrès. De ce point de vue, en tant que président par intérim du parti, je reste donc en contact avec le fondateur du parti. Et c’est un devoir pour moi que de garder ce contact. D’une manière ou d’une autre, mon parti le CDP garde toujours ce lien ombilical avec Blaise Compaoré. Et cela est tout à fait normal et logique. En ma connaissance, aucun congrès du CDP n’a encore décidé de couper ce lien ombilical et je ne pense pas que ce soit possible pour le moment, dans l’immédiat et même actuellement de façon aussi politique qu’idéologique. Ce n’est pas encore dans notre prévision ou dans nos pensées de couper ce lien ombilical.

Est-ce que Blaise Compaoré continue de donner son point de vue sur les événements qui se passent au Burkina Faso ? Est-ce qu’il continue de donner des orientations sur la marche de votre parti ?

Blaise Compaoré est un homme d’Etat. C’est quelqu’un qui a dirigé le pays, et dans ce sens, il était donc lié à ce pays, à ce peuple, et il jouit de ses droits politiques et civiques. Il a le droit, la possibilité de juger des événements et des faits qui se passent au Burkina Faso. Mais notre parti garde sa perception de la situation nationale. Par la même occasion, il reçoit, non pas des injonctions, mais des consignes de façon brute ou directe du président Blaise Compaoré. Nous continuons de recevoir des orientations venant de lui, dans la mesure où c’est son parti, c’est lui qui l’a créé comme je vous l’ai dit tantôt. Nous sommes en relation avec le fondateur de notre parti qui donne des orientations, tout en reconnaissant cette relative autonomie de fonctionner et d’apprécier des situations politiques nationales et internationales. Il est toujours pour nous une référence qui nous donne des orientations ; et compris dans ce sens et non pas comme étant une manière pour le président Blaise Compaoré d’imprimer des décisions à ce parti, lui imposer des points de vue. D’ailleurs, même quand il était aux affaires, il ne l’a jamais fait. Il donne toujours des orientations et reçoit en retour des observations que nous faisons. Il analyse les positions que nous soutenons et donne sa lecture de la situation. Il partage sa lecture de la situation politique nationale et internationale avec les camarades de son parti et je pense que c’est un démocrate que nous reconnaissons comme tel et avec qui nous avons gardé des rapports privilégiés en tant que fondateur de notre parti.
Merci.