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Dérives des Koglwéogo : Simon Compaoré passe à la phase de sensibilisation

mardi 26 avril 2016


Le ministre de l’Administration Territoriale de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure (MATDSI) Simon Compaoré a rencontré les groupes d’auto défense communément appelés les Koglwéogo le lundi 25 avril 2016 à Bouslsa, chef lieu de la province du Namentenga. L’objectif est de sensibiliser ces initiatives locales de sécurité sur les dérives que l’on a constatées depuis leur apparition.

C’est sous un soleil de plomb que le ministre de l’Administration Territoriale de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure (MATDSI) Simon Compaoré a échangé avec les groupes d’auto défense communément appelés les Koglwéogo. Pour l’occasion, ils ne se sont pas fait prier. Ils étaient nombreux à avoir pris d’assaut le centre communautaire de Boulsa où ont eu lieu les échanges. Le ministre de la Sécurité Intérieure a déclaré à sa prise de parole être venu s’entretenir avec les Koglwéogo qui, selon lui, abattent un travail énorme pour assurer la sécurité des biens et des personnes à Boulsa. Il trouve positive leur initiative mais regrette les dérives que l’on constate par la suite. Le ministre relèves ici les sévices corporels dont sont victimes les présumés délinquants qu’ils interpellent ; et même les amendes qu’ils les obligent à payer.

Simon Compaoré a fait comprendre qu’à chaque fois que les Koglwéogo torturent un individu, la bonne action qu’ils ont posée en interpellant ce dernier n’est plus vue, mais c’est la mauvaise qu’ils posent en le torturant qui est plutôt vu et critiquée par la population. Celui que l’on surnomme aujourd’hui le chef suprême des Koglwéogo a aussi rappelé aux groupes d’auto défense, qu’ils ne sont ni juges, ni policiers, ni gendarmes ; et ne sont pas d’ailleurs habiletés à décider de la sanction à infliger à un quelconque individu interpellé. D’après lui, cela est du ressort d’institutions bien précises et reconnues par la loi. Toute fois, il les a félicité pour leurs efforts et leur a demandé de travailler en collaboration avec les forces de sécurité ; en conduisant les présumés voleurs ou délinquants qu’ils mettront aux arrêts à la police ou à la gendarmerie.

Afin de rassurer les Koglwéogo que les autorités ne trahiront pas leur confiance, Simon Compaoré à ouvert une parenthèse. Il a rappelé aux forces de sécurité qu’elles ont obligation de suivre la procédure en conformité avec la loi si un voleur venait à être placé sous leur responsabilité. Si le contraire venait à être observé, les éléments de sécurité mis en cause, seront sous le coup de la sanction.

Un comité pour rassembler les responsables Koglwéogo

« Si vous respecter la loi, la loi va vous respecter aussi ; si vous respectez vos autorités, elles vous respecteront aussi » a déclaré le patron du MATDSI. Afin d’éviter toute dérive de la part de ces derniers, « Le chef suprême » des Koglwéogo a plaidé pour une coordination au niveau de chaque collectivité, chaque mairie. Il a suggéré la mise en place d’un comité qui va rassembler les différents responsables des initiatives locales de sécurité pour leur encadrement. Il pense que ce comité aura pour mission de faire le bilan de ces groupes d’auto défense, afin de leur prodiguer des conseils et même de leur donner des orientations. Afin de leur montrer la bonne foi des autorités à toujours les accompagner dans leur lutte contre l’insécurité et le grand banditisme, Simon Compaoré a rassuré les forces d’auto défense que les éléments qui se conduiront de manière exemplaire au cours de leur mission se verront décorer par la Nation.

Que pensent les Koglwéogo ?

Il faut dire que le feuilleton Simon-Koglwéogo ne risque pas de finir de si tôt. Pour cause, les éléments de Koglwéogo disent ne pas être totalement d’accord avec le grand « speach » prononcé par l’homme. Certains ont pris la parole pour s’expliquer. Ils ont rappelé au ministre qu’avant tout, ils œuvrent à la sécurité du Burkina. Ils lui ont promis ne plus torturer les présumés délinquants. Cependant, ils ne peuvent pas renoncer aux amendes car c’est grâce à cela qu’ils arrivent à assurer leur mission, ont-ils souligné. Ils l’ont également rappelé que s’ils frappent les présumés délinquants, c’est tout simplement pour les amener à avouer leur crime. Les Koglwéogo ont demandé au ministre de leur faire confiance en leur permettant de traquer les voleurs et d’ici trois ans on ne parlera même plus de délinquants au Burkina si on s’en tient à leurs propos.

Les forces de sécurité au secours de Simon

Les forces de sécurité qui ont accompagné le ministre en charge de l’Administration Territoriale de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure (MATDSI) Simon

Compaoré, ont prêté main forte à leur ministre de tutelle. Le chef d’Etat major de la gendarmerie le colonel Tuandaba Coulibaly a, à son tour, rassuré les groupes d’auto défense qu’il est conscient du bon travail qu’ils effectuent dans la sécurisation des populations et des biens de Boulsa. Selon lui, ils méritent toutes les félicitations de l’administration. Cependant le problème selon lui est la manière dont-ils procèdent. Le chef d’Etat major, leur a fait comprendre, que s’ils frappent un voleur par exemple avant de le conduire aux forces de l’ordre, et que par la suite, ce dernier décède, la responsabilité incombe aux forces de sécurité. Il a pris l’exemple d’un gendarme qui aujourd’hui est emprisonné parce qu’un voleur frappé est décédé suite à ses blessures alors qu’il était sous sa responsabilité. Il explique que c’est pour éviter ces genres de mésaventures que les forces de sécurité refusent de réceptionner un délinquant qui est au préalable battu avant d’être conduit chez elles. Il a également pris l’exemple d’un grand bandit arrêté par les Koglwéogo et qui s’est évadé après que ces derniers ont refusé de le livrer aux gendarmes. Pour que ces cas ne se reproduisent plus, il a plaidé pour une collaboration entre les forces de sécurité et les groupes d’auto défense. « Nous sommes conscients que seul nous ne pourrons pas y arriver, nous avons besoin de votre appui mais en respect de la loi » a souligné le colonel. Tout comme son ministre, il leur a demandé de leur faire confiance.

Il faut souligner qu’avant de s’entretenir avec les initiatives locales de sécurité de Boulsa, le chef du MATDSI a rendu visite aux autorités religieuses et coutumières de la ville à qui il a expliqué l’objet de sa venue. Pour rappel, cette visite n’est que l’acte 1 de « l’opération sensibilisation des Koglwéogo » lancée par Simon Compaoré. Ce mardi 26 avril 2016, il sera à Zorgho pour le même objectif.

Thierry KABORE