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Commémoration du 1er mai 2016 : Les syndicats chargent le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré

dimanche 1er mai 2016


L’Union d’action syndicale (UAS)/Burkina Faso regroupant les Centrales syndicales et les Syndicats autonomes ont commémoré la journée internationale du travail ce dimanche 1er mai 2016 à la Bourse du travail. La lutte des travailleurs du Burkina Faso, la situation nationale étaient à l’ordre du jour.

Ils étaient des centaines à avoir pris d’assaut la Bourse du travail de Ouagadougou ce dimanche 1er mai 2016. Dans les couleurs de leur appartenance syndicale, les travailleurs du Burkina Faso n’ont pas marchandé leur participation à la commémoration de la journée qui leur est dédiée. De la Bourse du travail, les membres des syndicats ont rejoint le ministre en charge de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale Pengwindé Clément Sawadogo à qui ils ont remis un cahier de doléances avant de poursuivre une marche qui les a conduit au Rond point des Nations Unies jusqu’au point de départ qui est la Bourse du travail.

Tout au long de la marche des slogans tels que : « En prison, en prison » ; « Les dealers de parcelles en prison » ; « Les accusés de blanchiments d’argent en prison », « On est fatigué camarade, on est fatigué », « non aux promesses non tenue camarade, non aux promesses non tenue » ; « Non à l’injustice camarade » etc. ont été scandés. De retour à leur base, place à la lecture de la déclaration liminaire. Le président de mois des organisations syndicales, par ailleurs secrétaire général du CSB Olivier Guy Ouédraogo a justifié l’enjeu actuel de la lutte syndicale par la mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement de la Transition à l’occasion de la rencontre annuelle Gouvernement/Syndicats de septembre 2015. Et pour la satisfaction de leur engagement, il accuse le gouvernement Paul Kaba Thiéba de mauvaise foi : « si les nouvelles autorités ont proclamé qu’elles ne reniaient pas lesdits engagements, force est de constater qu’elles traînent les pieds dans leur application » a-t-il souligné. En plus de cette situation, le président du mois relève des atteintes à la liberté syndicale notamment dans le privé.

Situation nationale inquiétante

La situation nationale est marquée ces derniers temps par la crise scolaire à Nagaré. L’Unité d’action syndicale est revenue sur les faits avant de déclarer qu’ils sont graves et inquiétants. Elle les a alors situés dans le cadre de la crise multidimensionnelle que vit la société burkinabè. Tout en condamnant ces actes que l’on pourrait qualifier d’anti citoyen, l’UAS par la voix de son président du mois, a interpellé l’Etat et ses démembrements à assumer pleinement leur rôle régalien de formation des jeunes et de sécurisation du pays et des citoyens. Elle a également interpellé les parents d’élèves à s’impliquer davantage dans la vie des établissements et dans le suivi de leurs enfants. Enfin, elle a invité les enseignants et les élèves à prendre toujours en compte la nécessaire solidarité et la relation de partenariat qui doit exister entre eux.

Outre la crise de Nagaré, la gestion du dossier de l’ancien régime est revenue à l’ordre du jour. En effet, le pouvoir actuel est accusé par les syndicats, de protéger les dignitaires du régime Compaoré accusés de crimes de sang et de crimes économiques. « Il est scandaleux de constater que près de deux ans après l’insurrection, malgré les pillages subis par les ressources publiques, malgré les nombreux dossiers de crimes de sang et de crimes économiques qui ont jalonné le règne du régime Compaoré, aucune action sérieuse n’a été engagée pour recouvrer les biens pillés et punir les coupables et autres commanditaires » a rappelé Olivier Guy Ouédraogo. Selon lui, Blaise Compaoré n’est poursuivi que dans le cadre de l’instruction du dossier Thomas Sankara ; aucune poursuite n’a été engagée contre François Compaoré et les autres membres de son clan ; aucune suite n’a été jusque-là donnée aux nombreux rapports et audits ayant révélé de mauvaises gestions au niveau des ministères, des institutions, des sociétés.

Les syndicats jugent également les quatre mois du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré par l’aggravation de l’insécurité marquée par les attaques terroristes du 15 janvier 2016, la multiplication des braquages sur les routes et autres attaques armées contre les populations. Ils évoquent également un tâtonnement dans la gestion du pouvoir marquée par une mise en place laborieuse des nouvelles structures et des nouvelles autorités.

Remise d’un cahier de doléances en 57 points

Partis de la bourse du travail, les travailleurs ont convergé vers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) où ils ont remis au ministre en charge de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale Pengwindé Clément Sawadogo, un cahier de doléances signé par plus d’une vingtaine de syndicats et dans lequel sont inscrits 57 points. Le ministre de la Fonction publique qui a accusé réception du cahier a rassuré les syndicats que le gouvernement prend à cœur les questions qui y sont contenues. Il a promis que le gouvernement considérera avec la plus grande attention, les préoccupations et les revendications des travailleurs organisés dans leurs cadres syndicaux. Le ministre a annoncé aux syndicalistes que dans les semaines à venir, ils seront invités à discuter sur leurs revendications. « C’est la volonté du président du Faso », a souligné Pengwindé Clément Sawadogo, qui estime que rien dans ce monde ne peut remplacer le dialogue, s’il est sérieux et fécond. D’ores et déjà, il a promis rendre compte à qui de droit.

Thierry KABORE