Il y a 24 ans aujourd’hui, le journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons étaient tués et brûlés sur la route de Sapouy. Depuis l’assassinat du Directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, les ayants-droits, les organisations professionnelles des médias, les syndicats et défenseurs des droits humains n’ont cessé de réclamer justice. Ce 24 octobre 2022, ces organisations ont encore appelé à un traitement diligent du dossier qui n’a fait que trop duré. Au cimetière municipal de Gounhin à Ouagadougou, un dépôt de gerbes de fleurs a eu lieu pour marquer le 24e anniversaire du drame de Sapouy.

Sept ans après la réouverture du dossier Norbert Zongo, les Burkinabè désespèrent toujours de connaitre la vérité un jour sur le quadruple assassinat de Sapouy. François Compaoré commanditaire présumé de ce quadruple assassinat de Sapouy s’accroche a la Cour européenne des droits de l’homme, pour échapper à la justice.

Combien de temps les Burkinabè devront-ils encore patienter pour que justice leur soit rendue ? Se questionne l’Association des Journalistes du Burkina(AJB). Depuis 24 ans, cette question, nous l’avons toujours posée à notre justice. Eh bien, depuis 24 ans, le peuple burkinabè, les ayant-droits de Norbert Zongo, Blaise llboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikiéma attendent la réponse, ajoute Guezouma Sanogo, président de l’organisation des journalistes.

La date commémorative de l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons intervient au moment où le Burkina vit une situation particulière dû aux attaques terroristes. De plus, en ce 24e anniversaire, les Burkinabè ont fait l’expérience de deux coups d’État. Un Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et un Capitaine ibrahim Traoré ont tour à tour déserté le front pour venir prendre la « chose » à Kossyam.

Pour Guezouma Sanogo, président de l’AJB, si le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a plus brillé par ses talents de restaurateur du pouvoir vomi de Blaise Compaorė, qu’il a même ramené à Kossyam pour un simulacre réconciliation, que dans la lutte contre le terrorisme, le capitaine Ibrahim Traoré doit respecter sa promesse de reconquête du territoire.

"Il a promis d’aller vite. Et c’est tout à son honneur et celui de ses compagnons d’armes. Mais force est de constater que le drame est loin d’être jugulé. Les attaques meurtrières se poursuivent avec leur lot de victimes civiles et militaires. Trop de pertes en vies humaines et de déplacés internes . Le peuple saura dresser son bilan en temps opportun, selon sa propre appréciation et saura lui témoigner
reconnaissance ou le mettre devant ses responsabilités."

Depuis l’arrivée du MPSR au pouvoir, ses différents chefs semblent se dédouaner en jettant à tort la responsabilité dramatique que que vit notre pays sur l’ensemble du peuple burkinabè. Cependant, les patriotes et les démocrates , les défenseurs des droits humains ont toujours dénoncé et combattu les maux à l’origine du terrorisme à savoir la corruption érigée en système de gouvernance, la gabegie et les crimes économiques et de sang, rappelle Guezouma Sanogo.

L’AJB dans sa déclaration dénonce aussi les vieux démons qui ont refait surface menaçant toute critique contre le prince du moment.

"Des loubards prennent a partie des manifestants jusqu’en face de postes de sécurité et devant des agents de sécurité sans que cela ne les émeuve."

La liberté de presse est également dans le viseur des putschistes.

"Une chape de plomb pour ainsi dire s’abat sur les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression de la presse. Au nom de la lutte contre le terrorisme, les espaces de liberté se ferment les uns après les autres. Pour avoir
pignon sur rue, il faut être d’un bord donné", dénonce le porte- parole des journalistes.

Cette journée commémorative du 24e anniversaire de Norbert Zongo et es compagnons d’infortune sera également marquée par un panel au Centre Burkinabè des Chargeurs CBC sous le thème :« 𝐋𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞́𝐦𝐨𝐜𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐛𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚𝐛𝐞̀ 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥’𝐢𝐦𝐩𝐮𝐧𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥’𝐞́𝐥𝐚𝐫𝐠𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐞́𝐦𝐨𝐜𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐮𝐞𝐥 𝐝𝐞 𝐠𝐮𝐞𝐫𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞 𝐫𝐞́𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞 ».

Alain YAMEOGO