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Procès putsch manqué : L’ex-belle fille de Diendéré refuse de répondre aux questions sur les écoutes téléphoniques

mardi 30 octobre 2018


Les relations qu’entretient Fatimata Thérèse Diawara avec le général Djibril Bassolé, l’aide qu’elle a voulu apporter à des militaires du RSP, son refus de répondre aux questions sur les écoutes téléphoniques qui l’accablent, sont les points abordés par les différentes parties présentes au procès du putsch manqué du 16 septembre 2015. C’était ce lundi 29 octobre 2018 lors du second passage à la barre de l’accusée Fatimata Thérèse Diawara, elle qui était à la barre le vendredi 26 octobre dernier.

C’est le deuxième passage de Fatimata Thérèse Diawara à la barre dans le cadre du putsch manqué du 16 septembre 2015. Cette fois, les débats ont tourné autour de l’aide que la prévenue a voulu apporter à des militaires du RSP. Face au parquet qui a voulu en savoir un peu plus, elle va faire comprendre qu’elle n’a pas toutes les informations car c’est son ex-compagne qui lui a fait part de l’information qu’elle a relayée au général Djibril Bassolé. Son explication ne va pas convaincre le parquet qui va lui demander à savoir si l’argent qu’elle devait donner aux militaires en question n’avait pas pour but de motiver les soldats du RSP à se battre ? La réponse de l’accusée sera : « le RSP était dissout et désarmé et les éléments étaient sur le point d’être attaqués ». Afin de prouver que l’ex-compagne du fils du général Gilbert Diendéré n’est pas blanche comme neige comme elle cherche à le faire croire, le procureur militaire va faire référence à une écoute téléphonique dans laquelle, elle est mise en cause d’avoir fait appelle au Colonel Zakaria pour l’envoi d’hommes au Burkina Faso afin de soutenir les éléments du RSP. Pour répondre au procureur, elle va déclarer : « je suis Burkinabè pourquoi je vais appeler des étrangers à attaquer mon pays ? ». Estimant que la référence faite par le parquet n’a rien à voir avec les éléments du dossier, elle va l’inviter à poser des questions sur les faits. Dans le cas contraire, « je ne veux plus me prononcer sur la retranscription des écoutes », a-t-elle souligné. Dans sa logique de prouver la culpabilité de Fatimata Thérèse Diawara, le parquet va revenir sur des messages que l’accusée a échangés avec une Sénégalaise qui lui demandait de la rappeler pour qu’elle coordonne son exfiltration par l’intermédiaire du président sénégalais, Macky Sall présent dans la capitale burkinabè au moment des faits en sa qualité de médiateur de la CEDEAO. Pour se défendre, celle qui estime que la sénégalaise en question est une amie et que ce message n’est qu’une plaisanterie entre amies, va demander au parquet de la faire venir pour qu’elle témoigne au cas où il ne la croirait pas.

La partie civile dans la logique du parquet

L’avocat de la partie civile, Me Guy Hervé Kam ne la croit pas du tout. Et pour prouver que la prévenue est complice des faits qui lui sont reprochés, il va revenir sur un autre fait. Il s’agit du portable de l’accusée dont s’est servi un militaire assurant la sécurité au domicile du général Diendéré pour envoyer un message au général Djibril Bassolé. Si on se réfère aux explications fournies au Tribunal par Fatimata Thérèse Diawara qui était enceinte du fils du général Gilbert Diendéré au moment des faits, elle confie qu’elle était assise sur la terrasse quand le militaire en question qu’elle dit ne pas connaitre est venu vers elle pour lui poser sa doléance. Il faut dire qu’elle a accepté ce qui a permis à l’élément en question d’envoyer le message à son général. Me Hervé Kam n’étant pas convaincu va faire observer que l’on est dans un coup d’Etat, des militaires voient une dame qu’ils ne connaissent pas, ils lui demandent son portable pour envoyer un message et elle accepte. Pour répondre à cette observation, la prévenue qui a avait déclaré qu’elle ne fréquente pas les militaires va confier que même si elle ne les fréquente pas, eux savent qu’elle connait le général. Poursuivant, l’avocat va lui demander à savoir pourquoi pour l’aide, c’est au général Bassolé qu’elle s’est adressée ? En guise de réponse, elle indique que c’est lui qu’elle connait et que cela date depuis sa tendre enfance. A l’en croire, quand elle a des problèmes surtout d’ordre financier, c’est vers lui qu’elle se tourne.

Fatimata Diawara décharge le général Bassolé

Plusieurs fois aidée par le général, l’accusée va lui retourner l’ascenseur. A la question de Me Guy Hervé de Kam de savoir si elle était au courant au moment où elle était en communication avec le général Bassolé, qu’il soutenait le coup d’Etat. Elle va répondre par ses mots : « c’est quelqu’un d’équilibré. Tout ce qu’il voulait, c’est que les gens s’asseyent pour discuter. C’est quelqu’un de neutre ».
Comme le parquet, l’avocat de la partie civile, va revenir sur les écoutes téléphoniques. Une fois de plus, l’ex-belle fille de Diendéré va refuser de répondre aux questions concernant les écoutes téléphoniques. Pour justifier cette attitude qu’elle a décidé d’adopter, elle confie que lesdites écoutes sont des montages. D’après elle, on prend des parties qui sont vraies et celles qui sont fausses, pour former un cocktail de Molotov qu’on lui sert. « Je ne veux plus en parler » a-t-elle soutenu. Face donc à ce refus de répondre aux questions sur les écoutes téléphoniques, Me Hervé Kam va déclarer : « quand les preuves concordent et on décide de ne pas répondre, c’est un aveu de preuve contraire ».
Allant dans le même sens que son confrère Me Kam, Me Somé Séraphin va rappeler que l’accusée est poursuivie pour des faits qu’il qualifie d’extrêmement graves ; avant de se poser la question de savoir pourquoi faire des montages contre elle ? Si ses conseils avaient demandé au parquet d’envoyer des preuves de ce qu’il avance, l’avocat de la partie civile va indiquer que quand on apporte, les preuves, elle refuse de répondre. En réponse Fatimata Thérèse Diawara qui pense que les écoutes téléphoniques sont des montages, il va la rassurer que personne ne l’en veut et qu’il n’y a pas d’ennemi tapi dans l’ombre qui la guette. Il lui rappelle que les éléments avec lesquels elle est confrontée sont inscrits dans le dossier. Il conclut en affirmant : « aujourd’hui, on se présente comme une victime. Non, les victimes sont ceux que nous représentons ».

Le vrai Touareg à la barre

A la suite de Fatoumata Thérèse Diawara, c’est Sidi Lamine Omar de nationalité malienne et d’ailleurs le seul étranger inculpé dans le dossier du coup d’Etat du 16 septembre 2015, qui s’est présenté devant le tribunal pour répondre du fait d’incitation à la commission d’attentat. Après que l’accusé ait plaidé non coupable, ses conseils ( Me Zaliatou Aouba et Me Michel Traoré) ont sollicité la parole pour dénoncer l’acte de poursuite engagé contre leur client. Selon Me Aouba, Sidi Lamine Omar ne peut être poursuivi d’incitation à la commission d’attentat car étant un civil. A l’en croire, cette charge ne concernerait que les militaires. Par conséquent, l’auxiliaire de justice a invité le tribunal à se déclarer incompétent pour le juger. Ainsi donc, c’est sur cette requête formulée par la défense du prévenu Lamine Omar que l’audience a été suspendue pour reprendre ce matin.

Thierry LOMPO

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