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Exhibition d’armes par le Président : pourvu ça ne soit pas comme des jouets chinois

lundi 24 juillet 2023

L’idée de faire trembler l’ennemi à travers des actions de zèle semble de bon aloi. Ainsi donc la visite du Président Ibrahim Traoré aux unités combattantes en formation le samedi 22 juillet 2023, dans un décor d’armes en exposition procède de cette logique. Sauf que dans cette guerre pour la reconquête du territoire, les hommes armés qui défient le Burkina Faso ne sont pas des enfants du genre à effrayer avec n’importe quel équipement.


Nous ignorons la capacité de destruction des armes qui ont été exposées le 22 juillet 2023 en présence du Président Ibrahim Traoré. Les présentateurs de cette armada militaire n’ont pas non plus donné de la matière dans ce sens. A l’opposé, on imagine bien et avec la plus grande certitude que le camp ennemi, de par son caractère effroyable et impitoyable s’est approprié d’un cran ce que nous valons, à la simple vue de la ferraille qui a été exposée. Mais au-delà de la polémique qui enfle entre les partisans ou non d’une communication de guerre qui expose ses moyens militaires, il y a bien de la matière à scruter. En effet, en Afrique où les pays dits puissants ont l’habitude de déverser la pacotille de premier choix, deuxième choix, etc., il ne faut pas perdre de vue que la guerre est un terreau fertile pour des affaires lugubres. Malgré la souffrance de nos peuples, il se trouvera toujours des esprits véreux pour nous faire acheter ce qui est loin de secouer les fondamentaux de l’ennemi. Autrement dit, il n’est pas exclu que certaines armes de nature légère chez certains donateurs soient présentées ici comme des armes lourdes.

Que faire ?

Au lieu de polémiquer sur la communication du MPSR II, il vaut mieux réclamer à ses chefs des comptes d’une autre manière. Cela implique un changement de discours citoyens. Déjà, il faut prendre le Chef de l’Etat au mot. On l’a vu tout heureux sur le terrain d’exposition des armes, n’hésitant pas à lâcher un sourire. Cela signifierait que les équipements acquis sont de qualité. Malheureusement, même si la certitude reste qu’il s’agit d’armes percutantes qui tuent, il n’en demeure pas moins qu’il faut les analyser sous l’angle du contexte de guerre que nous traversons : une guerre de haute technicité qui nécessite des armes quasi infaillibles. En effet, il faut se convaincre de la supériorité numérique des forces de défense et de sécurité du Burkina, y compris les volontaires pour la défense de la patrie qui sont engagés sur le théâtre des opérations. Ce qui, entre autres, est en cause c’est la qualité des équipements dont le défaut profite à l’ennemi qui utilise du matériel plus sophistiqué. Dès lors, si les Burkinabè comprennent que la multiplicité des taxes et le durcissement des conditions de vie lui sont imposées au nom de la guerre, il faudra se réveiller. Mais de quelle manière ? Pas pour remettre en cause la collecte d’argent, mais pour contraindre le gouvernement à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire exiger des armes qui puissent faire le travail sur le terrain. Oui, nous ne voulons pas des armes de façade dont se moquerait l’ennemi. Pour ce faire, il est temps de changer de fusil d’épaule. En plus de continuer d’exiger la transparence sur la gestion des fonds publics collectés, il sied surtout de réclamer leur efficacité. C’est en cela que nous devons poser la problématique de la qualité des armes qui sont payées. Haut et fort. Ces armes doivent aider les hommes à gagner les combats. Le message doit être sans ambiguïté : les Burkinabè ne veulent pas de jouets chinois pour une guerre qui nécessite du matériel militaire de dernière génération. La Chine, la Turquie, toutes les puissances militaires citées comme les nouveaux partenaires de notre pays par le Chef de l’Etat et les autorités militaires au pouvoir le savent très bien. Ce qu’il faut c’est un rehaussement de la conscience populaire sur la question.

La Rédaction
Editorial du 24 juillet 2024

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